que de théologie, prêchant le mépris du
monde, la vie intérieure et la prière per-
sonnelle. Sa fortune fut immense durant
des siècles et des auteurs aussi importants
que Lemaistre de Sacy, Pierre Corneille ou
encore Lamenais en ont donné des traduc-
tions célèbres. Après maintes controverses,
il semble aujourd’hui établi que L’Imitation
est l’œuvre du mystique allemand Thomas
a Kempis (1380-1471), influence du courant
de spiritualité dit
Devotio moderna
apparu
aux Pays-Bas au XIVe siècle. Dès le Moyen
Age, les manuscrits du texte circulaient par
centaines (près de 250 manuscrits en 1450).
Sa première édition, en latin, parut à Augs-
bourg, vers 1470 (Goff I-4 ; Polain (B) 2050).
Sa première traduction française fut publiée
à Toulouse en 1488. Cette seconde édition,
qui reprend la même traduction avec de
petites modifications est due à Jean Lambert,
imprimeur à Paris actif à la fin du XVe et au
début du XVIe siècle. Elle est ornée de 18
bois gravés dont un grand frontispice (92 x
145 mm) représentant le Christ portant sa
croix et de seize bois gravés dans le texte
illustrant des scènes bibliques : Jonas et la
baleine, Moïse devant le buisson ardent, Le
Christ et Marie Madeleine, Les Vierges sages
et les vierges folles, qui font d’elle l’édition la
plus richement illustrée du temps.
Sordet et Delaveau, 2012, n°37 ; Bechtel I-10 ;
Goff I-38.
On consultera avec profit l’ouvrage de Yann
Sordet et Martine Delaveau (dir.),
Edition et
diffusion de l’Imitation de Jésus-Christ. 1470-
1800. Etude et catalogue collectif des fonds
conservés
, Paris, Editions des cendres, 2012 :
« l’un des plus grands succès de librairie que
l’Europe ait connu de la fin du Moyen Âge
au début de l’ère contemporaine ».
provenance :
1. Dans la marge du feuillet k (v), on peut
lire : « Le présent livre appartient à Pierre
Trocher, 1638 ».
2. Signature d’Etienne Baluze (Tulle, 1630-
Paris, 1718), historien et bibliothécaire de
Colbert. L’activité savante de Baluze concerne
essentiellement l’édition des pères latins de
l’Église et des auteurs chrétiens du Moyen
Âge ainsi que l’histoire des institutions médié-
vales, tant civiles (il publie une édition qui fit
longtemps autorité des capitulaires des rois
francs des années 742 à 922) que religieuses.
Il laissait une riche bibliothèque, comprenant
quelque 12 000 titres, ses propres archives,
des manuscrits anciens et des documents
divers, ainsi qu’un cabinet de curiosité, qui
furent inventories par deux libraires parisiens
afin de la vendre aux enchères (
Bibliotheca
Baluziana, seu Catalogus librorum biblio-
thecae V[iri] Clar[issimi] D[omini] Steph[ani]
Baluzii Tutelensis, quorum fiet Auctio die
Luna 8. mensis anni 1719. & seqq. a secunda
pomeridiana ad vesperam, in aedibus
defuncti via vulgò dicta de Tournon. Postat
catalogus
, Paris, 1719). Ses archives (398
volumes) et sa collection de manuscrits
furent achetés par le roi en septembre 1719
et font actuellement partie des fonds de la
Bibliothèque nationale de France.
3. Otto Schäfer, bibliophile allemand, pos-
sesseur de l’une des plus belles collections
de livres illustrés anciens. Sa vente Sotheby’s,
New York, 8 décembre 1994, lot 186.
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