les collections aristophil
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COCTEAU JEAN (1889-1963)
Lettre autographe de Jean
COCTEAU signée d’une étoile
adressée à Jean MARAIS
S.l.n.d., 1 page in-4 à l’encre
1 000 / 1 200 €
Cocteau rencontra Jean Marais en 1937 et
l’engagea pour tenir le rôle du Chœur dans
Œdipe Roi. Quelques mois plus tard, il lui
annonce : « Il y a une catastrophe… je suis
amoureux de vous. » Cette rencontre fut pour
Cocteau une véritable résurrection, après
des années d’emprise de la drogue et de
souffrances affectives. Mobilisé en août 1939,
Jean Marais fut envoyé dans la Somme, à
Montdidier puis à Roye, dans la 107e com-
pagnie de l’armée de l’air. L’acteur fait fonc-
tion de « guetteur d’avions » et est installé
au sommet du clocher de la ville. Cocteau
parvient à lui rendre quelques visites, mais
il souffre terriblement de la séparation et lui
écrit presque quotidiennement.
« Mon bon ange, je t’écris après la soirée des
Bouffes [Le Bel indifférent] c’était étrange.
Comble. Succès énorme. Piaf arrivait tard
et je te le jure c’était sublime. Elle. Bébé
[Bérard], Meurisse. Tout. Le public a écouté
avec respect et a même applaudi plusieurs
fois mais il y avait le malaise que suscitent
les choses belles et enviables. Trop belles. »
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COCTEAU JEAN (1889-1963)
Six lettres autographes signées,
une carte postale, et une pièce
signée avec dessin, adressées
à Maurice NOËL
1941-1957, 10 pages, formats divers,
une enveloppe conservée.
1 200 / 1 500 €
1/
Nice, 15 mai 1941
: « Vous imaginez avec
quelle joie j’aurais fait n’importe quel travail
pour Pierre BRISSON ».
2/
16 mars 1955
, après un article de Mau-
riac illustré d’une fausse photographie où
Cocteau serait en compagnie de Karsavina :
« contrairement à ce que pense Mauriac,
c’est à force de lutter et de se vaincre que
l’homme véritable sort des erreurs qui le
déguisent ».
3/
Milly 10 janvier 1956
: « je suis un maniaque
de l’écriture et il est très rare que je doive
écrire et publier si vite. Le n’importe com-
ment fort à la mode n’est pas de mon registre
et je souffre physiquement des rimes et des
répétitions ».
4/
9 juin
, envoyant son discours [à Oxford] :
« Il doit y avoir des fautes d’orthographe
dans les noms anglais [...] Vous me savez
fort maniaque d’exactitude ».
5/
St-Jean-Cap-Ferrat, 17 juillet
: « J’ai quitté
la bouteille d’encre jusqu’à nouvel ordre. Il
est indispensable que cette bouteille repose
un peu. Je voyagerai [...] J’irai même au
Liban voir jouer La Machine infernale dans
les ruines de Balbek (nom qui m’évoque
ensemble Marcel Proust et Raymond
Roussel) ». Il parle aussi des travaux qu’il
va entreprendre pour décorer la salle des
mariages de la mairie de Menton, et la cha-
pelle Saint-Pierre de Villefranche, où il a
tant vécu jadis : « C’est un acte de gratitude.
Chaque année désormais aura de nouveau
lieu la fête de Saint-Pierre analogue à celle
des Saintes-Maries de la Mer. Le prêtre lance
à la mer une gerbe de fleurs et on brûle une
barque sur les eaux ».
6/
15 avril 1957
, sur son élection à l’American
Academy of Arts and Letters, et l’hommage
composé par Glenway Wescott « un des
meilleurs écrivains d’Amérique [...] Si j’insiste
ce n’est pas que je m’enorgueillisse outre
mesure de cet honneur Mais il est très rare
que les États-Unis l’accordent à la France
et, en ce moment, je le trouve significatif ».
7/
Une carte adressée à André Billy
, contes-
tant l’authenticité de la photographie dite de
Cocteau et Karsavina.
8/
Dessin
à la plume sur un faux-titre des
Chevaliers de la Table ronde
, avec envoi
à Maurice Noël.
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