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La scène de Charpentier remporta le premier grand prix de Rome, proclamé le 25 juin 1887, et elle fut chantée, lors de la séance de

distribution des prix de l’Académie des Beaux-Arts, le 28 octobre 1887, par Mme Yveling Rambaud (Didon), Edmond Vergnet (Énée) et

le baryton Lauwers (Anchise), avec un grand succès ; Charles Darcours notait avec clairvoyance dans

Le Figaro

(2 novembre 1887) qu’elle

« s’élève au-dessus de la moyenne des travaux des aspirants au prix de Rome » et « révèle un artiste de tempérament, un musicien doué

d’un réel sentiment dramatique, et […] d’un précieux instinct de la scène ».

La partition chant et piano fut aussitôt publiée chez G. Hartmann, avec une dédicace à Jules Massenet. Le manuscrit d’orchestre de

1887 est conservé à la BnF ; c’est ici une version revue pour le concert, datée 1888 ; elle fut donnée aux concerts Colonne le 22 janvier

1888 par Mme Yveling Rambaud, Lauwers et Julien Jourdain.

L’orchestre comprend : 3 flûtes, 3 hautbois, 3 clarinettes, 4 bassons, 4 cors, 2 trompettes, 2 pistons, 3 trombones, tuba, timbales, grosse

caisse, cymbales, tam-tam, 2 harpes et les cordes. Trois personnages : Didon, soprano, Anchise, baryton, et Énée, ténor.

Le manuscrit, signé et daté en fin « G. Charpentier 1888 », est à l’encre brune sur papier Lard-Esnault à 24 lignes ; il présente de

nombreuses ratures, corrections et grattages, certaines lignes d’instrumentation ou mesures biffées, refaites ou complétées (parfois au

crayon).

En tête, Charpentier a noté : « Une caverne de rochers, un ruisseau s’en échappe et va se perdre sous les ombrages d’une forêt profonde.

Au loin la mer ».

Prélude

(p. 1-12) ;

1

ère

Scène

, Didon : « Seule ! Me voilà seule ici »… (p. 13-31) ;

Scène 2

, Didon-Énée : « Pourquoi cette

tristesse et ce front soucieux »… (p. 32-83) ;

Scène 3

ème

, Didon-Énée-Anchise : « Énée ! Écoute ! »… (p. 84-132). On relève un grand

nombre d’indications d’interprétation ; ainsi, dans la seule 1

ère

scène, pour l’air de Didon : « tristement », « souriante », « Elle se lève

en proie à une grande agitation », « avec passion », « en sanglotant », « Énée paraît au loin. Didon l’aperçoit, joyeuse et troublée », « à

volonté, parlé », « fièrement »…

Discographie : Manon Feubel, Julien Dran, Marc Barrard, Brussels Philharmonic, Hervé Niquet (Glossa) ; cet album sur

Gustave

Charpentier et le prix de Rome

contient une très intéressante étude d’Alexandre Dratwicki, «

Didon

, un exemple de relecture des mythes

antiques ».