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Et puis elle lui gagne des droits d’auteur : « Donc je vais momentanément laisser faire. Et il me faudra beaucoup de courage pour ne
pas aller au Casino l’engueuler ou la remercier »... Il pense que Marie Dubas est convaincue d’avoir créé ce poème, et qu’elle lui rend
un immense service : « Tout comme mon éditeur qui avait fini par s’imaginer qu’il avait écrit
Les Soliloques du pauvre
et que sans lui
ils n’eussent jamais vu le jour ». D’ailleurs Marie Dubas, devant ses observations de patron offensé, lui a rétorqué : « “Mais je suis le
metteur en scène !”. Elle a donc : mis en scène mon œuvre et c’est moi l’idiot et je n’ai qu’à la boucler, puisqu’elle obtient chaque soir,
parait-il, un triomphe !!! Zut ! et merde ! – Attendons »... À la suite de ce succès, l’actrice Renée
C
orciade
lui a demandé rendez-vous :
« Je vis si éloigné de ces milieux aussi artificiels que frelatés que j’ignore à peu près tout de cette dame », à laquelle il a pourtant répondu :
« ce doit être une “dingo” »... Il demande à son ami ce qu’il pense de la publication de ses lettres à Léon
B
loy
... Il parle de ses difficiles
conditions de travail : il faudrait un atelier, mais ils sont maintenant inabordables...
193. [
Arthur RIMBAUD
(1854-1891)].
P
hotographie
, contretype ancien
; 17,8 x 12,9 cm.
300/400
Portrait en pied de Rimbaud en Abyssinie, annotée au dos par Léon
D
effoux
: « Photographie de
Rimbaud en Abyssinie. Publiée, d’après une photographie appartenant à M. François Ruchon, par
L’Intransigeant
du 9 mars 1931 ».
194.
Vitalie RIMBAUD, née
C
uif
(1825-1907) mère du poète. L.A.S. « Rimbaud », Attigny 28 août 1900, à l’administrateur
du
Sagittaire
[F.-A.
C
azals
] ; 1 page in-12, adresse (carte-lettre).
250/300
Elle demande que lui soit envoyé « le
N°3 du Sagittaire
, contenant un article signé E.
D
elahaye
» et joint 40 centimes en timbres-poste.
195.
Romain ROLLAND
(1866-1944). 10 L.A.S., la plupart de Villeneuve (Vaud) 1925-1937, à son ami Jean
P
éron
, consul de
France à Genève ; 30 pages la plupart in-8, une enveloppe.
1 500/2 000
I
ntéressante
correspondance
concernant
son
séjour
en
S
uisse
,
les
tracasseries
administratives
dont
il
est
victime
,
sa
décision
de
quitter
la
S
uisse
,
et
sur
son
amie
et
future
femme
M
aria
K
oudacheva
(qu’il épouse en 1934).
Villeneuve 18 mars 1925
. Il est tout prêt à signer ses volumes. « Pour le
Colas Breugnon
, je n’ai malheureusement pas de feuille qui
puisse convenablement s’encarter dans le volume. [...]. Nous espérons que vous pourrez un jour nous faire le plaisir de déjeuner à la
villa Olga. [...]
G
émier
me télégraphie qu’il reçoit “avec joie” mon
Jeu de l’amour et de la mort
»...
2 mai 1926
. Le département de Justice
et Police du canton de Vaud lui intime l’ordre, ainsi qu’à sa sœur et à leur père de 90 ans, de lui soumettre : « 1°
notre casier judiciaire !
2°
nos actes de bonne vie et mœurs !
3°
nos références en Suisse
; 4°
nos références à l’étranger
», exigence blessante et saugrenue puisque
depuis 44 ans il passe quelques mois tous les ans en Suisse, et qu’il y a passé dix ans entiers, par deux reprises. « Ma présence rapporte
à la commune et au canton des avantages non douteux. J’attendais, en retour, un peu de déférence, – ou, à tout le moins, qu’on me
laisse œuvrer et mourir en paix. Je croyais l’avoir mérité par tout ce que j’ai fait pour la Suisse (et je ne rappellerai ici que le don d’une
partie de mon prix Nobel). Je n’admets pas qu’on m’inflige de telles humiliations »... Il prie Péron (alors chef-adjoint du cabinet du
ministre de l’Instruction publique) d’appuyer auprès du ministre de Suisse à Paris, la protestation qu’il écrit à Berne...
Vitznau 27 juillet
1930
. « Une amie russe,
Madame Maria Koudacheff
, qui est venue de Moscou pour me voir et pour aller voir ensuite en France nos
amis communs Duhamel et Vildrac, a un passeport régulier » ; mais Rolland craint qu’elle n’ait des difficultés en entrant en France par
d’autres voies que celles indiquées sur le passeport et prie Péron de le régulariser. Il précise que Mme Koudacheff « est Française par
sa mère, et qu’à Moscou, elle est actuellement la secrétaire du prof. Kogan, président de l’Académie des Sciences d’Art »...
Villeneuve
24 octobre 1933
. Exposé confidentiel de la situation de Mme
K
oudacheff
, citoyenne soviétique bénéficiant d’un permis de séjour en
Suisse, renouvelé annuellement. « Elle habite à Villeneuve, dans ma maison ; elle est associée à ma vie et à mon travail ; nous sommes
liés par une déjà ancienne affection ; je la considère comme ma femme. L’incertitude des temps et l’état de crise permanent font qu’un
citoyen français et une citoyenne soviétique qui vivent en Suisse risquent, à tout moment, d’être séparés. Pour éviter ce risque et pour
assurer la situation de Madame Koudachef, j’ai résolu de l’épouser ». Il aimerait savoir quelles sont les formalités...
9 mai 1934
. « J’ai à
vous consulter sur un cas juridique qui me concerne et qui est très urgent. Je voudrais vous voir personnellement »...
20 septembre 1934
.
Recommandation de René
P
laud
, 27 ans, secrétaire du Comité mondial de la jeunesse au Comité mondial contre la guerre et le fascisme,
à Paris, actuellement en traitement médical à Genève et convoqué devant le conseil médical du consulat en vue de son service militaire.
Des certificats attestent l’état précaire de sa santé, « encore ébranlée par un récent emprisonnement dans les geôles infectes de Pologne »
où il s’était rendu pour organiser un Congrès national de la jeunesse. Il serait souhaitable que Plaud fût réformé, pour sa santé, et pour
les grands services « à la cause (qui est la nôtre à tous) de l’organisation mondiale de la jeunesse contre la guerre et le fascisme. [...] Je
n’ai pas besoin de vous dire avec quel intérêt j’ai suivi les récents débats de la S.D.N et combien je me réjouis d’y voir entrer l’U.R.S.S.
J’en suis heureux, comme Français et comme défenseur de la paix mondiale, dont l’U.R.S.S. est, par essence ou par nécessité même
d’existence, un des piliers les plus puissants et les plus certains »...