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44

peut-on trouver quelque somptueux étranger ? » Son seul véritable travail en ce moment est musical : il étudie des sonates et des concertos

de Beethoven, Mozart, Tchaïkovski, Schumann, etc. Il partage les idées de Darquet sur le nombre d’Or : « Les plus grandes choses de

l’Antiquité et les pires navets de la renaissance italienne ont été faits avec le nombre d’or »... Il vit à Sète des moments sans tristesse mais

« baignés dans l’atmosphère de la mort » ; il évoque sa peur de la mort, à laquelle se mêle le souvenir des derniers moments de son frère,

horribles... Il espère vivre encore longtemps sur cette Terre, « histoire de pouvoir y laisser quelque chose que j’aurai mûrement construit,

histoire enfin de ne pas avoir manqué ce qu’on appelle la vie, de ne pas être passé sur cette Terre [...] pour rien »...

Sète 19 septembre

.

I

l est tombé amoureux d’une jolie petite Sétoise, et aime « comme jamais depuis 20 ans ». Cette affection partagée,

qui semble sincère et véritable, l’a fait hésiter, mais il a décidé de rentrer à Paris par « le dernier train des réfugiés ». Il a bien travaillé

cet été : il a écrit 4

Suites

en vers et quelques poèmes dont il est content, qu’il voudrait faire éditer. Il a terminé

Hilda la morte ou

l’Adolescence

, « long travail qui a duré un mois à raison de 5 bonnes heures par jour [...] de recopiage, de corrections, de doutes,

d’interrogations, etc .», dont il lui avait lu les premières pages en 1936 à Vence... Jean

G

iono

a répondu à l’envoi qu’il lui avait fait de

sa pièce

Antigone 

: « Très bonne lettre. Il garde le manuscrit pour y intéresser les gens compétents de passage à Manosque ». Il a écrit

une pièce intitulée

La réponse est pour demain

, dont il n’est pas très fier, mais qui parle de jeunes acteurs et qui serait facile à monter

avec peu de moyens... Il part à Paris sans trop savoir ce qui l’y attend, dans le but de récupérer ses affaires : « Le sort de ma bibliothèque

m’afflige beaucoup ». Il n’a pas de nouvelles de

L

eccia

depuis juillet... S’il n’est pas possible de vivre à Paris, il pense regagner la Zone

Libre « avec quelques camarades acteurs et monter des pièces. Mais où ? »...

109.

Jean VILAR

. L.A.S., Sète 3 septembre 1940, à Mme Edmée

C

azalis

-D

arquet

 ; 1 page in-4.

250/300

Il s’inquiète de ne pas avoir de nouvelles de Jean [

D

arquet

, fils de sa correspondante], se demandant s’il n’a pas été envoyé en camp

de jeunesse, et interroge la « Chère Comtesse »... Il est sans nouvelles de Paris, ni de Paulette

L

eccia

qu’il voulait épouser. Il envisage

de passer l’hiver dans le sud malgré l’ennui et l’éloignement de tout milieu théâtral. Il a reçu « une lettre de Jean

G

iono

concernant le

manuscrit d’

Antigone

que je lui avais envoyé. Très bonne lettre. Il me propose de garder le manuscrit afin de le présenter à des gens de

passage à Manosque, susceptibles de s’y intéresser. Mais il ne m’en cache pas, bien sûr, les difficultés »...

O

n

joint

une L.A.S. amicale d’Andrée

V

ilar

à la même (3 février 1958), évoquant

Ubu

 ; 2 cartes de vœux du TNP (illustrées par

Pignon et Lagrange) avec annotations d’Andrée Vilar, 1958-1959 ; et 3 programmes du TNP pour

Henri IV

de Pirandello,

Ce fou de

Platonov

de Tchékov, et

Phèdre

de Racine.

110.

Jean VILAR

. 3 L.A.S. (« Jean », la dernière « Vilar »), 1941-1942, à son ami Jean

D

arquet

 ; 4 pages in-4 et 1 page in-8 avec

adresse au verso, une enveloppe.

800/1 000

Sète 21 septembre 1941

. Il est de retour à Sète après un an à Paris, où il a adhéré à l’

A

ssociation

J

eune

F

rance

 : ils ont organisé une

exposition de jeunes peintres, des concerts musicaux d’André

J

olivet

, C

hailley

, Tony

A

ubin

, etc. Toutes les disciplines artistiques sont

représentées à Jeune France : Architecture, Belles Lettres, Peinture, Radio, Théâtre, etc. « En théâtre, J. F. [Jean

F

rançaix

] a patronné

et aidé financièrement

Le Bout de la route

de

G

iono

(150 repr.) qui n’est d’ailleurs pour moi qu’une pièce conservatoire ». Il a dirigé la

section théâtre, tâche administrative qui l’a ennuyée, et est chargé de la collection de

Textes dramatiques

. Il est parti en tournée en Anjou

avec

George Dandin

(rôle de M. de Sotenville) et une farce dont il est l’auteur [

La Farce des filles à marier

]. L’expérience a été si heureuse

et le succès si gros qu’il espère repartir au plus vite, et pour longtemps...

Château-La-Vallière 10 septembre [1942]

. Il est en tournée en province depuis le 2 juillet avec la troupe qu’il dirige, « Les Comédiens

de la Roulotte » : ils jouent

La Fontaine aux Saints

de

S

ynge

,

Il ne faut jurer de rien

de

M

usset

et

George Dandin

, « exploitation faite par

nos seuls moyens et qui jusqu’ici a été excellente. Nous en sommes à la 75

e

de Synge ! Je joue le rôle de Martin Doul, l’aveugle. Nous

espérons le jouer cet hiver à Paris. – Je me suis marié le 30 juin dernier avec Andrée

S

chlegel

 »...

Collias, s.d.

Amusante lettre avec

dessins

, toute en rimes farfelues en

as

. En haut de page, il trace une grande clé de sol et des notes

de musique, comme pour accompagner la chanson : « Je suis toujours à Collias dans le gardas et je pense mon temps (n’as) à écouter des

musicas Les gens sont gentillas et on s’amuse bienas, que c’en as rigolas. Et même que je couillonne pass »… Etc. Au bas de la feuille,

il dessine une verge en érection, avec la légende, sous les testicules : « M

elle

Rouzigas ! ». Au dos de la lettre, dessin sur toute la page,

divisée en quatre : au centre, dessin d’un fessier féminin, d’où partent des rayons dans les quatre directions : Paris, Vence, Collias, Sète.

Reproduction page précédente

111. [

Richard WAGNER

(1813-1883)]. Ensemble de lettres et documents, la plupart L.A.S. adressées au germaniste Henri

L

ichtenberger

(1864-1941)

, auteur de

Richard Wagner, poète et penseur

(1898).

500/700

Cosima

W

agner

(carte signée remerciant Lichtenberger de son adhésion, Bayreuth 1902). Carl Friedrich

G

lasenapp

(1847-1915,

musicologue russe, premier biographe de Wagner : 2 L.A.S. en allemand, Riga 1897, exprimant à Lichtenberger son intérêt et son admiration

pour son étude sur Wagner, qu’il lit en feuilles, louant le chapitre sur l’

Anneau

et critiquant des pages sur

Tristan

…). Wolfgang

G

olthier

(1863-1945, historien de la littérature et critique : longue L.A.S. en allemand, Rostock 1898, exprimant à Lichtenberger son appréciation de

son livre et parlant de ses propres travaux sur Wagner ; vive défense de

Rienzi

). Henri

L

ichtenberger

(fragments autogr. sur la symphonie

dans les œuvres de Beethoven et de Wagner, 9 p.). Jules

M

éline

(1838-1925 : carte de visite autogr.). Catulle

M

endès

(1841-1909 : L.A.S. à

un éditeur, à propos de son projet de traduction de l’

Étude sur la direction des œuvres musicales

, autorisée par Wagner). Gustave

S

amazeuilh

(notes autogr. de lecture et de travail d’après l’étude de Beethoven par Wagner, la correspondance de Wagner avec Liszt, la biographie de

Wagner par Ad. Jullien, diverses études publiées ou citées dans la

Revue wagnérienne 

; plus une analyse de

Parsifal

, environ 40 p.).

O

n

joint

une photographie de Cosima Wagner et son fils Siegfried (retirage ancien), le facsimilé d’une lettre de Wagner, son portrait

et un tiré à part en allemand de Willi Schuh.