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peut-on trouver quelque somptueux étranger ? » Son seul véritable travail en ce moment est musical : il étudie des sonates et des concertos
de Beethoven, Mozart, Tchaïkovski, Schumann, etc. Il partage les idées de Darquet sur le nombre d’Or : « Les plus grandes choses de
l’Antiquité et les pires navets de la renaissance italienne ont été faits avec le nombre d’or »... Il vit à Sète des moments sans tristesse mais
« baignés dans l’atmosphère de la mort » ; il évoque sa peur de la mort, à laquelle se mêle le souvenir des derniers moments de son frère,
horribles... Il espère vivre encore longtemps sur cette Terre, « histoire de pouvoir y laisser quelque chose que j’aurai mûrement construit,
histoire enfin de ne pas avoir manqué ce qu’on appelle la vie, de ne pas être passé sur cette Terre [...] pour rien »...
Sète 19 septembre
.
I
l est tombé amoureux d’une jolie petite Sétoise, et aime « comme jamais depuis 20 ans ». Cette affection partagée,
qui semble sincère et véritable, l’a fait hésiter, mais il a décidé de rentrer à Paris par « le dernier train des réfugiés ». Il a bien travaillé
cet été : il a écrit 4
Suites
en vers et quelques poèmes dont il est content, qu’il voudrait faire éditer. Il a terminé
Hilda la morte ou
l’Adolescence
, « long travail qui a duré un mois à raison de 5 bonnes heures par jour [...] de recopiage, de corrections, de doutes,
d’interrogations, etc .», dont il lui avait lu les premières pages en 1936 à Vence... Jean
G
iono
a répondu à l’envoi qu’il lui avait fait de
sa pièce
Antigone
: « Très bonne lettre. Il garde le manuscrit pour y intéresser les gens compétents de passage à Manosque ». Il a écrit
une pièce intitulée
La réponse est pour demain
, dont il n’est pas très fier, mais qui parle de jeunes acteurs et qui serait facile à monter
avec peu de moyens... Il part à Paris sans trop savoir ce qui l’y attend, dans le but de récupérer ses affaires : « Le sort de ma bibliothèque
m’afflige beaucoup ». Il n’a pas de nouvelles de
L
eccia
depuis juillet... S’il n’est pas possible de vivre à Paris, il pense regagner la Zone
Libre « avec quelques camarades acteurs et monter des pièces. Mais où ? »...
109.
Jean VILAR
. L.A.S., Sète 3 septembre 1940, à Mme Edmée
C
azalis
-D
arquet
; 1 page in-4.
250/300
Il s’inquiète de ne pas avoir de nouvelles de Jean [
D
arquet
, fils de sa correspondante], se demandant s’il n’a pas été envoyé en camp
de jeunesse, et interroge la « Chère Comtesse »... Il est sans nouvelles de Paris, ni de Paulette
L
eccia
qu’il voulait épouser. Il envisage
de passer l’hiver dans le sud malgré l’ennui et l’éloignement de tout milieu théâtral. Il a reçu « une lettre de Jean
G
iono
concernant le
manuscrit d’
Antigone
que je lui avais envoyé. Très bonne lettre. Il me propose de garder le manuscrit afin de le présenter à des gens de
passage à Manosque, susceptibles de s’y intéresser. Mais il ne m’en cache pas, bien sûr, les difficultés »...
O
n
joint
une L.A.S. amicale d’Andrée
V
ilar
à la même (3 février 1958), évoquant
Ubu
; 2 cartes de vœux du TNP (illustrées par
Pignon et Lagrange) avec annotations d’Andrée Vilar, 1958-1959 ; et 3 programmes du TNP pour
Henri IV
de Pirandello,
Ce fou de
Platonov
de Tchékov, et
Phèdre
de Racine.
110.
Jean VILAR
. 3 L.A.S. (« Jean », la dernière « Vilar »), 1941-1942, à son ami Jean
D
arquet
; 4 pages in-4 et 1 page in-8 avec
adresse au verso, une enveloppe.
800/1 000
Sète 21 septembre 1941
. Il est de retour à Sète après un an à Paris, où il a adhéré à l’
A
ssociation
J
eune
F
rance
: ils ont organisé une
exposition de jeunes peintres, des concerts musicaux d’André
J
olivet
, C
hailley
, Tony
A
ubin
, etc. Toutes les disciplines artistiques sont
représentées à Jeune France : Architecture, Belles Lettres, Peinture, Radio, Théâtre, etc. « En théâtre, J. F. [Jean
F
rançaix
] a patronné
et aidé financièrement
Le Bout de la route
de
G
iono
(150 repr.) qui n’est d’ailleurs pour moi qu’une pièce conservatoire ». Il a dirigé la
section théâtre, tâche administrative qui l’a ennuyée, et est chargé de la collection de
Textes dramatiques
. Il est parti en tournée en Anjou
avec
George Dandin
(rôle de M. de Sotenville) et une farce dont il est l’auteur [
La Farce des filles à marier
]. L’expérience a été si heureuse
et le succès si gros qu’il espère repartir au plus vite, et pour longtemps...
Château-La-Vallière 10 septembre [1942]
. Il est en tournée en province depuis le 2 juillet avec la troupe qu’il dirige, « Les Comédiens
de la Roulotte » : ils jouent
La Fontaine aux Saints
de
S
ynge
,
Il ne faut jurer de rien
de
M
usset
et
George Dandin
, « exploitation faite par
nos seuls moyens et qui jusqu’ici a été excellente. Nous en sommes à la 75
e
de Synge ! Je joue le rôle de Martin Doul, l’aveugle. Nous
espérons le jouer cet hiver à Paris. – Je me suis marié le 30 juin dernier avec Andrée
S
chlegel
»...
Collias, s.d.
Amusante lettre avec
dessins
, toute en rimes farfelues en
as
. En haut de page, il trace une grande clé de sol et des notes
de musique, comme pour accompagner la chanson : « Je suis toujours à Collias dans le gardas et je pense mon temps (n’as) à écouter des
musicas Les gens sont gentillas et on s’amuse bienas, que c’en as rigolas. Et même que je couillonne pass »… Etc. Au bas de la feuille,
il dessine une verge en érection, avec la légende, sous les testicules : « M
elle
Rouzigas ! ». Au dos de la lettre, dessin sur toute la page,
divisée en quatre : au centre, dessin d’un fessier féminin, d’où partent des rayons dans les quatre directions : Paris, Vence, Collias, Sète.
Reproduction page précédente
111. [
Richard WAGNER
(1813-1883)]. Ensemble de lettres et documents, la plupart L.A.S. adressées au germaniste Henri
L
ichtenberger
(1864-1941)
, auteur de
Richard Wagner, poète et penseur
(1898).
500/700
Cosima
W
agner
(carte signée remerciant Lichtenberger de son adhésion, Bayreuth 1902). Carl Friedrich
G
lasenapp
(1847-1915,
musicologue russe, premier biographe de Wagner : 2 L.A.S. en allemand, Riga 1897, exprimant à Lichtenberger son intérêt et son admiration
pour son étude sur Wagner, qu’il lit en feuilles, louant le chapitre sur l’
Anneau
et critiquant des pages sur
Tristan
…). Wolfgang
G
olthier
(1863-1945, historien de la littérature et critique : longue L.A.S. en allemand, Rostock 1898, exprimant à Lichtenberger son appréciation de
son livre et parlant de ses propres travaux sur Wagner ; vive défense de
Rienzi
). Henri
L
ichtenberger
(fragments autogr. sur la symphonie
dans les œuvres de Beethoven et de Wagner, 9 p.). Jules
M
éline
(1838-1925 : carte de visite autogr.). Catulle
M
endès
(1841-1909 : L.A.S. à
un éditeur, à propos de son projet de traduction de l’
Étude sur la direction des œuvres musicales
, autorisée par Wagner). Gustave
S
amazeuilh
(notes autogr. de lecture et de travail d’après l’étude de Beethoven par Wagner, la correspondance de Wagner avec Liszt, la biographie de
Wagner par Ad. Jullien, diverses études publiées ou citées dans la
Revue wagnérienne
; plus une analyse de
Parsifal
, environ 40 p.).
O
n
joint
une photographie de Cosima Wagner et son fils Siegfried (retirage ancien), le facsimilé d’une lettre de Wagner, son portrait
et un tiré à part en allemand de Willi Schuh.