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« C’est avec une sympathie ardente mêlée d’inquiétude et parfois d’angoisse que le peuple français suit l’admirable effort de libération
du peuple russe. À la Douma, premier organe de la volonté populaire vont tous les vœux des bons citoyens de France »... Jaurès regrette
la décision des socialistes russes de boycotter la Douma (« une fausse manœuvre »), alors que les rumeurs courent du projet d’un coup de
violence du Tsar et de ses conseillers contre les délégués de la nation, mais il craint moins un attentat susceptible d’inciter le peuple à
« la lutte suprême », que la tactique d’indifférence et de mépris affectée par l’absolutisme et la bureaucratie... Lorsque le Tsar a refusé de
recevoir directement l’Adresse votée par la Douma, on a applaudi celle-ci d’avoir évité le conflit en abordant aussitôt le problème agraire
qui « émeut l’immense peuple opprimé ». Mais il faut que tout cela aboutisse, « que la Douma trouve moyen d’entrer dans l’action et
qu’elle oblige le gouvernement à compter avec elle » ; sinon « l’espérance du peuple russe serait frappée en elle de paralysie »... Or pour
échapper à ce piège, la question agraire semble bien être « le seul levier qui puisse ébranler et soulever toute la nation. Si elle se laisse
mettre en vacances avant d’avoir fait appel aux paysans elle est perdue. [...] Elle sera peut-être obligée par la mauvaise foi du pouvoir à
entrer dans les voies révolutionnaires. Si elle vote au profit des paysans une bonne et grande loi sur les terres et si elle invite les paysans
à appliquer eux-mêmes cette loi, sous le contrôle de délégués de la Douma représentant la volonté nationale, que pourra le Tsar ? Ce
n’est plus avec la Douma seule, c’est avec tout le peuple paysan qu’il entrera en conflit : et l’action révolutionnaire ainsi déterminée sera
incoercible. Elle le sera d’autant plus qu’elle se confondra aux yeux du peuple avec l’action légale de la nation exprimant par la Douma
sa volonté souveraine »... Et Jaurès de railler
Le Temps
, qui cherche à émousser la revendication agraire afin de désarmer la liberté russe ;
seuls les paysans russes peuvent déterminer « la part de collectivisme, la part d’individualisme qui doit entrer dans le régime nouveau
de la terre arrachée à la Couronne, à l’Église et aux grands propriétaires »... C’est une folie, que « nos modérés » condamnent la Russie à
se débattre « dans un chaos où son crédit peut sombrer comme ses espérances de liberté » : malgré cela, le peuple russe « saura trouver
son chemin hors du marais d’impuissance où les sages veulent le retenir et le plonger »...
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5 bis rue du Cirque 75008 Paris ( Tél. 01.45.63.02.60 –
www.daguerre.fr)
304.
François-Christophe KELLERMANN
(1735-1820) maréchal, le vainqueur de Valmy. L.S. « Kellermann Duc de Valmy »,
Paris 13 juin 1815, au Maréchal Prince d’Eckmühl [
D
avout
]
, ministre de la Guerre ; 1 page in-fol.
150/200
Requête en faveur de son fils, le général comte de
V
almy
, commandant en chef du 3
e
corps de cavalerie, qui lui a écrit « pour que je
fisse faire chez lui la recherche de la
carte d’assemblage de Cassini
, qui lui manque et qui lui est très nécessaire »...
305.
Jacques LACAN
(1901-1981) psychiatre et
psychanalyste. L.A.S. avec
dessins
, 27 mars 1977 ;
1 page in-fol.
1 000/1 200
C
urieuse
lettre
illustrée
de
trois
croquis
en marge, à
l’encre bleue.
Il part d’une disposition qu’il nomme « tétraédrique.
Si nous partons d’une couche de boules telle qu’elle soit
disposée ainsi, les boules de la seconde couche sont celles
qui répondent à la boule marquée là – les 3 en pointillé les
exemplifiant ci-contre
ne
se
touchent
pas
». Sachant que « des
boules ne s’empilent pas aisément », il voudrait savoir à partir
de combien de couches il y aura « ce que j’appelle désordre,
à savoir l’insertion entre ces 3 boules distantes (que je repère
comme telles du fait du tétraèdre), l’insertion, dis-je, d’une
boule différente »…