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95

MUSIQUE

1165

INDY VINCENT D’ (1851-1931).

MANUSCRIT MUSICAL autographe signé,

La Forêt

Enchantée

,

Légende-Symphonie d’après une Ballade de

Uhland

(1878) ; 68 pages in-fol.

8 000 / 10 000 €

Partition d’orchestre de ce beau poème symphonique de jeunesse.

La Forêt enchantée

, au départ intitulée

Harald

, recevra le numéro

d’opus 8. Cette œuvre d’un jeune compositeur de vingt-sept ans est

marquée par l’influence wagnérienne ; elle a été composée à la suite

du voyage de 1876 à Bayreuth pour assister à la création du

Ring des

Nibelungen

. Elle s’inspire d’une ballade du poète romantique Ludwig

Uhland. Elle fut créée aux Concerts Pasdeloup le 24 mars 1878, avec

succès ; publiée chez Heugel, elle fut dédiée à Pierre de Bréville.

Le manuscrit est à l’encre brune sur papier à 28 lignes, et présente

quelques corrections, grattages, et des collettes pour les parties de

cors chromatiques. Il est signé en fin du monogramme VI et daté

«

FEBR

.

MDCCCLXXVII

».

L’orchestre comprend : petite flûte, 2 grandes flûtes, hautbois, clarinettes

en la, 3 bassons, 2 cors chromatiques en fa, 2 cors chromatiques

en mi, 2 trompettes chromatiques en mi, 1 cornet à pistons en la, 3

trombones et bass-tuba, 3 timbales, cymbales et triangle, 2 harpes,

violons, altos, violoncelles et contrebasses.

Les divers mouvements s’enchaînent :

Adagio – Allegro – Un peu plus

lent – Même mouvement – Plus lent – Andante maestoso – Allegro

con fuoco – Plus lent – Très lent – Allegretto non troppo – Un peu

plus lent – Andante maestoso – Plus lent

.

« Après une introduction pleine de mystère en la mineur renfermant

un motif menaçant aux timbales et des fanfares aux cors, un

Allegro

énergique dépeint le chevalier Harald chevauchant à travers une

forêt enchantée, baignée de lune, à la tête de ses braves guerriers,

chantant en chœur des airs de guerre. Avec pour toile de fond un

galop rythmé aux cordes, un cor solo énonce un thème ascendant

important de style wagnérien, introduit dans les tonalités majeures

de fa et la bémol. Suit un second thème énergique en la mineur, tiré

du rythme de galop. Après un apogée bouleversant, la musique se

transforme subitement pour évoquer un monde magique à grand

renfort de

tremolandi

aux cordes et d’harmoniques à la harpe dans

la tonalité éloignée de ré bémol majeur tandis qu’une troupe d’elfes

émerge des buissons – l’influence de la musique du Venusberg dans

Tannhäuser

de Wagner est indéniable. Tous les chevaliers, à l’exception

de Harald, succombent aux elfes séducteurs et s’en vont avec eux. Un

thème d’une douceur féminine, caractérisé par des tierces descen-

dantes et confié au cor solo puis à la flûte, est repris par le piccolo

sur fond d’ornements éthérés à la harpe dans la tonalité lumineuse de

mi majeur. Ce thème nous entraîne vers une soudaine perturbation

en ut mineur de l’orchestre tout entier tandis qu’Harald, resté seul,

mais toujours armé de sa bravoure guerrière, s’éloigne à regret. Sa

musique martiale est reprise dans un long crescendo monumental

interrompu par un soudain coup de cymbales. S’étant arrêté pour

boire l’eau d’une source enchantée, un sommeil étrange s’empare

de lui pour des siècles tandis que les elfes reviennent l’entourer

dans une ronde magique. Leur thème est alors confié à la trompette

solo, puis au hautbois, à la clarinette et au cor, accompagné par de

calmes arpèges ascendants des flûtes dans un mélange de fragments

mélodiques. Ce thème revient une dernière fois, développé en la

majeur par les altos et les violoncelles, avant de nous entraîner vers

une coda dans la tonalité de départ de la mineur, évocation du temps

qui s’étend à l’infini » (Andrew Thomson).

Discographie

: Rumon Gamba, Iceland Symphony Orchestra, dans

le vol. 1 de l’intégrale des œuvres orchestrales de Vincent d’Indy

(Chandos 2008).