Previous Page  101 / 224 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 101 / 224 Next Page
Page Background

1170

1169

99

MUSIQUE

1169

LISZT FRANZ (1811-1886).

L.A.S., Weimar 18 juin 1848, à l’éditeur

musical Heinrich SCHLESINGER ;

6 pages petit in-4.

5 000 / 6 000 €

Belle et longue lettre sur l’édition de ses

transcriptions et paraphrases musicales, et

sur la fin de sa carrière de virtuose

.

Il renvoie les épreuves corrigées de

Leyer und

Schwert

et de la

Marche turque

, dont vous

ferez ce que bon vous semblera [transcription

pour piano du chœur

Leyer und Schwert

de

Carl Maria von WEBER, et

Capriccio alla

turca sur des motifs de Beethoven

d’après

Die Ruinen von Athen

de BEETHOVEN].

Quant au chœur

Was ist des Deutschen

Vaterland

[

Das deutsche Vaterland

sur

l’hymne nationaliste d’Ernst Moritz Arndt,

dédié au roi de Prusse Frédéric-Guillaume

IV, 1842, refait en 1848] je crois qu’il vaut

mieux ne pas le publier, et le mettre tout

bonnement dans votre grenier d’autographes

pour être renvoyé occasionnellement à leurs

auteurs respectifs ! Cette opinion, je le sais,

est diamétralement opposée à celle que

je vous écrivais de Krzižanowitz [château

du prince Lichnowsky], où j’avais composé

cette nouvelle version dans un moment

d’enthousiasme... mais sur des questions

personnelles aussi insignifiantes on peut

sans doute se contredire à 8 jours de date –

principe que je n’admets ni ne pratique dans

d’autres occasions. En tout cas si la fantaisie

de publier ce chœur vous prenait, veuillez

bien ou retrancher la Dédicace ou la modifier

dans un sens de simplicité plus sensée, et

m’envoyer à Weymar (où je passerai une

couple de mois) les épreuves que je vous

réexpédierai par retour de courrier ».

Il prie de saluer ses amis, notamment August

CONRADI : « Si d’ici à un mois il se trouvait

libre de leçons et d’occupations qui l’obli-

geraient à rester à Berlin, je lui proposerais

volontiers de venir faire quelques tours de

Park à Weymar où les oiseaux sont d’un

grand entrain de musique par le beau temps

qu’il fait. Je ne bougerai d’ici qu’aux premiers

jours d’août [...] et maintiendrai très com-

plètement ma détermination de rester très

complètement en dehors de toute publicité

(sauf les quelques méchans manuscrits que

vous, Haslinger et Kistner veulent bien avoir

la bonté de graver sans chance de débit !).

Voici déjà, comme vous savez, près d’un an

que j’ai pris cette détermination – et pour

plusieurs années probablement. Aussi depuis

le 30 septembre de l’année dernière je n’ai

pas joué une seule note en public, et de cette

façon tout le monde y gagne – moi, de ne pas

me fatiguer le corps et l’âme, – et le Public,

de ne pas m’écouter. Quant à d’autres bruits

qui circulent, m’assure-t-on, même dans

plusieurs journaux, n’en croyez que ce que

je vous en dirai en temps et lieu, à moins

que vous ne soyez très pressé d’y croire ! »

[allusion à sa liaison avec la princesse von

Sayn-Wittgenstein, et un éventuel mariage]…

Il ajoute : « Encore une fois il vaut mieux ne

pas graver

Was ist des deutschen Vaterland

jusqu’à ce que la patrie de l’Allemand soit

elle-même plus définitivement tiré au clair.

– Et alors nous ferons autre chose ! »

1170

LISZT FRANZ (1811-1886).

F. Chopin

(Paris, M. Escudier ; Leipzig,

Breitkoff [

sic

] & Härtel ; Bruxelles,

Schott ; 1852) ; in-8, (4)-206-(2 dont la

dernière blanche) p. ; reliure demi-

percaline chagrinée noire, dos lisse

fileté (

reliure de l’époque

).

2 000 / 2 500 €

Édition originale rare, enrichie d’une lettre

autographe signée de Franz Liszt.

C’est dans les semaines qui suivirent la mort

de Frédéric Chopin (17 octobre 1849) que Liszt

prit la décision d’offrir à sa mémoire l’hom-

mage de cette étude ambitieuse, extraordi-

naire portrait amical et musical d’un grand

artiste admiré. Liszt y définit notamment

l’universalité du style de Chopin comme

le résultat d’une expression personnelle de

la réalité intime de la Pologne : « Chopin

pourra être rangé au nombre des premiers

musiciens qui aient ainsi individualisé en

eux le sens poétique d’une nation, mais non

point seulement parce qu’il a pris le rythme

des polonaises, mazoures et krakowiaki [...

mais], parce qu’il n’a employé cette forme

que pour y exprimer une manière de sentir

plus générale dans son pays qu’ailleurs, et

parce que l’expression des mêmes senti-

ments se retrouve dans toutes les formes

qu’il a choisies. Auteur éminemment subjectif,

Chopin a donné à toutes ses productions une

même vie, et il a animé toutes ses créations

de sa vie à lui »…

On y a joint une L.A.S.

à une dame,

Weimar 22 juin 1876 (1 page in-8 en français).

« Madame, Mes remerciements pour vos

aimables lignes arrivent bien tard. Je tenais

à y joindre la photographie promise à votre

mari. Veuillez lui redire mes vieilles amitiés,

et agréer l’expression de mes très affectueux

souvenirs et hommages ».