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les collections aristophil
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MARTINU BOHUSLAV (1890-1959).
MANUSCRIT MUSICAL autographe
signé,
La Bagarre
(1926). ; 1 feuillet de
titre et 87 pages in-fol., en un volume
relié toile noire (reliure usagée ;
cachets encre de l’éditeur).
25 000 / 30 000 €
Partition d’orchestre de
La Bagarre
, pre-
mier chef-d’œuvre orchestral de Martinu.
Composée en mai 1926 à Paris, où Martinu
était venu étudier auprès d’Albert Roussel,
La Bagarre
[H. 155] est sa première œuvre
importante pour grand orchestre ; elle
dure une dizaine de minutes. Elle fut créée
à Boston par Serge KOUSSEVITZKY le 18
novembre 1927, qui la joua également à New
York, puis donnée à Prague par Vaclav Talich
et à Paris par Pierre Monteux. Elle a fait
connaître Martinu dans le monde, et fut
publiée chez Alphonse Leduc. Martinu l’a
dédiée à l’arrivée de Charles LINDBERGH au
Bourget, après sa traversée de l’Atlantique,
le soir du 21 mai 1927, et son accueil par une
foule immense.
Dans le programme de la création, Martinu
écrivait : «
La Bagarre
est pleine de mouve-
ment, de verve, de tumulte, et de pression.
C’est un mouvement de grandes masses
dans une course forcée et impossible. J’ai
dédié cette composition à l’atterrissage de
Lindbergh au Bourget : il représente bien mon
imagination, et il définit aussi clairement son
but et son développement. Dans
Mi-temps
,
rondo symphonique, j’ai essayé de capter la
tension de l’audience d’un match de foot-
ball. Le sujet de
La Bagarre
est globalement
très similaire encore, mais démultiplié et
transporté dans la rue. C’est un boulevard
délirant, un stade, une masse, une multi-
tude, vêtus de la même manière. C’est le
chaos, dominé par un sentiment partagé,
un lien invisible qui pousse tout de l’avant et
crée une masse identique, pleine d’éléments
inattendus et incontrôlables. C’est fortement
contrapuntique dans le caractère. Tous les
intérêts, grands et petits, sont laissés de
côté. En même temps, ils fusionnent en une
nouvelle composition, une force nouvelle,
et un nouveau visage de la puissante masse
humaine invincible.
La Bagarre
, cependant,
n’est pas une musique descriptive. Elle est
soumise aux règles de la composition ; elle
possède son propre motif, de même que
la masse humaine a son motif de l’extase,
qui dirige le mouvement.
La Bagarre
est, en
fait, un triptyque : son mouvement central,
habituellement détendu, est remplacé par un
tempo plus rapide que celui des première
et troisième parties, et se termine par une
Coda puissante (
Presto
) ».
L’orchestre se compose de : flûte piccolo, 2
flûtes, 2 hautbois, cor anglais, 3 clarinettes,
2 bassons, 3 cors, 3 trompettes, trombone
et tuba, 2 timbales, grosse caisse, cymbales,
tam-tam, tambour piccolo, piano, et les
cordes.
Le manuscrit est à l’encre bleue sur papier
à 30 lignes ; il a servi de conducteur et est
annoté au crayon bleu/rouge et au crayon
noir. La page de titre porte en tête cette
note : « En souvenir de l’atterrissage de
Lindbergh au Bourget » ; le titre est suivi de
sa traduction anglaise : «
La Bagarre
(
The
Tumulte
) pour grand orchestre », et de la
date : « Paris Mai 1926 » ; il a également noté
son adresse parisienne (10, rue Mandar), et
les exécutions de l’œuvre par Koussevitzky
à Boston (« Première »), New York et Pro-
videnza, par Talich à Prague et Stockholm,
et par P. Monteux à Paris. En haut de la
première page de la musique, il a noté la
durée de l’œuvre : « 10, 05 ».
Discographie
: Petr Vronsky, Orchestre
philharmonique de Brno (Supraphon 1984).