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MUSIQUE
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GOUNOD CHARLES (1818-1893).
MANUSCRIT MUSICAL autographe
signé,
Suite concertante en quatre
parties pour piano-pédalier et
orchestre
(1886) ; un volume grand
in-folio de [1 feuillet]-133 pages, relié
toile grenat.
15 000 / 20 000 €
Partition d’orchestre de cette rare œuvre de
Gounod pour piano-pédalier et orchestre.
Le 14 janvier 1886, Gounod cédait à Alphonse
Leduc, pour 7.000 francs, la propriété d’une
Suite concertante
avec piano-pédalier, dont il
devait donner le manuscrit le 7 avril, puis une
réduction pour piano de la partie d’orchestre
et une transcription pour deux pianos (qui
sera finalement réalisée par Saint-Saëns).
C’est la rencontre de la jeune et jolie Lucie
PALICOT, virtuose du piano-pédalier, qui
incita Gounod à écrire une œuvre concer-
tante pour ce rare instrument, pour lequel
il composa trois autres œuvres, et dont elle
est la dédicataire.
Paul Landormy se souvenait de Lucie Palicot
jouant : « l’impression fut étrange de cette
toute gracieuse et mignonne personne juchée
sur une immense caisse contenant les cordes
graves du pédalier sous un piano de concert
reposant sur ladite caisse ; et surtout, ce qui
nous surprit, assez agréablement d’ailleurs,
ce fut de voir madame Palicot vêtue d’une
jupe courte, au genou, bien nécessaire, mais
étonnante en ce temps-là et s’escrimant
fort adroitement de ses jolies jambes pour
atteindre successivement les différentes
touches du clavier qu’elle avait sous ses
pieds, tout semblable à un pédalier d’orgue ».
Cette
Suite concertante
[CG 526] fut créée à
Bordeaux le 22 mars 1887, lors d’un concert
dirigé par Gounod, avec Lucie Palicot au pia-
no-pédalier : « Je suis charmé de l’avoir enfin
fait entendre », dira-t-il ; elle fut redonnée
à Anvers le 8 décembre, puis à Angers le 6
février 1888. Elle fut publiée chez Alphonse
Leduc en 1888.
Les quatre parties de cette
Suite concertante
recevront des titres, qui ne figurent pas sur le
manuscrit :
Entrée de fête
,
Chasse
,
Romance
et
Tarentelle
.
L’effectif orchestral comprend : flûtes, petite
flûte, hautbois, clarinette en la, bassons,
cors en mi, cors en ré, trompettes en ré, 3
trombones, timbales, cymbales et grosse
caisse, triangle, et les cordes.
Le manuscrit est à l’encre noire sur papier
Lard-Esnault à 28 lignes ; il présente des
corrections et additions, des grattages, ainsi
que des annotations au crayon bleu (nuances,
tempi, etc.). Il est signé et daté en fin « 7 avril
1886 ». La page de titre comporte la dédicace
« À Madame Lucie Palicot », et la date :
« Paris, 1886 ». Il est ainsi divisé :
Moderato maestoso
(p. 1-44) ;
Allegro con fuoco
(p. 45-62) puis
Andante
con moto
(p. 63-89) ;
Andante cantabile
(p. 90-104) ;
Vivace
(p. 105-133).
ON A JOINT 9 feuillets doubles autographes
(paginés 4-41, le début manque) d’une pre-
mière version d’un mouvement de cette
Suite
,
ou d’une autre œuvre pour piano-pédalier
et orchestre.
Bibliographie
: Gérard Condé,
Charles
Gounod
(Fayard, 2009), p.893-895 (analyse
détaillée de l’œuvre).
Discographie
: Howard Shelley, Orchestra
della Svizzera Italiana dirigé par Robert
Prosseda (Hyperion 2013).
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HAHN REYNALDO (1874-1947).
L.A.S.,
Saint-Germain-en-Laye
Samedi [3 août 1895, à son ami Pierre
LAVALLÉE] ; 4 pages in-8 à en-tête
“Mon Logis”
.
1 000 / 1 500 €
Rare témoignage sur son séjour avec
Marcel Proust à Saint-Germain-en-Laye
,
au cours duquel Proust réfléchit à son recueil
Les Plaisirs et les jours
et à son roman
Jean
Santeuil
. [Ami proche de Proust entre 1893 et
1900, Pierre Lavallée avait rencontré l’écrivain
au lycée Condorcet et s’était lié un peu plus
tard avec lui au moment de leurs études com-
munes de droit. Il reçut notamment Proust
avec Reynaldo Hahn les 5 et 6 avril 1895
dans son château de Segrez (Essonne). Ils
s’éloignèrent l’un de l’autre après le mariage
de Pierre Lavallée en 1900. Reynaldo Hahn
composa quant à lui une pièce symphonique,
Illustration pour le Jardin de Bérénice
, et un
Trio
pour violon, violoncelle et piano, qu’il
achèvera en octobre 1895 à Beg-Meil auprès
de Marcel Proust.]
Il remercie Lavallée de son invitation à
Segrez... « je suis à St Germain – villégia-
ture illusoire, mais charmante – je n’aime
rien tant que ce pays-ci ; et Marcel achève
de me le rendre cher en y venant tous les
jours. Il n’a pas voulu s’installer à l’hôtel
à cause du lit !! Mais l’air pur de la vaste
terrasse et l’intimité de la forêt lui ont fait
je crois beaucoup de bien. Je travaille peu
et mal – je m’endors peu à peu dans une
oisiveté funeste. Cependant je pense à un
trio – ne riez pas – qui m’amusera à écrire
– justement à cause de mon manque d’ha-
bitude en matière de musique de chambre.
Le Jardin de Bérénice
avance lentement
– voilà 10 jours que je cherche les petits
arbres grêles qui entouraient chétivement
la
maison de Bérénice
– je ne trouve que des
baobabs ou des palmiers ! Je me réjouis
en pensant aux bonnes heures que nous
pourrons passer ensemble dans votre beau
domaine : des promenades silencieuses, des
rêveries, des chants discrets et de bonnes
causeries chaleureuses, voilà comment je
m’imagine la vie à Segrez – c’est ainsi qu’il
faut qu’elle soit. Marcel doit vous écrire
demain ou après-demain. Il s’accuse de je ne
sais quels torts mystérieux envers vous, dont,
j’en suis sûr, vous l’absolvez pleinement »…
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GRÉTRY ANDRÉ (1741-1813).
L.A.S., Paris 2 nivose IX [23 décembre
1801], à un « cher ami » ; ¾ page in-8
(légères rousseurs).
300 / 400 €
Il lui a envoyé « le papier tel que POUGENS
me l’a remis : il en a gardé la moitié. Au reste
il m’écrit, dans le moment, que lui Pougens
va se rendre chez vous pour terminer notre
affaire. Je suis fort tranquille ; je serai entre
les mains de l’amitié »…