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MUSIQUE

1154

GOUNOD CHARLES (1818-1893).

MANUSCRIT MUSICAL autographe signé,

Gitanella

[CG 276], 1872 ; cahier petit in-4 oblong avec titre et 18

pages.

4 000 / 5 000 €

Beau manuscrit d’un chœur en anglais

.

La page de titre est ainsi rédigée : « Six Part-Songs. / (Dedicated

to the R. Albert Hall Choral Society.) / of 1872. / (3.) / “Gitanella” / (a

Part-Song.) / The words by Miss Florence Emily Ashley. The music

by Ch. Gounod ».

Les paroles de

Gitanella

sont dues à Miss Florence Emily Ashley,

membre de la Royal Albert Hall Society, à qui Gounod a dédié cette

œuvre, évocation de la vie libre des bohémiennes : « The morn is

up, the sun appears »…

L’effectif du chœur comprend : Soprani, Alti, 1

mi

et 2

di

Tenori, Bassi (et

Piano). L’œuvre est en sol majeur, à 3/4, marquée

Allegretto

.

Le manuscrit, à l’encre brune sur papier Lard-Esnault oblong à 12

lignes, a servi pour la gravure, comme l’indiquent les marques du

graveur. La partie de piano, préparée par Gounod au bas des feuil-

lets, est réalisée par une autre main, au crayon ; elle se contente de

doubler les voix, et n’est pas indispensable.

Gitanella

a été publiée en juin 1872 dans la première série des

Six

New Part-Songs

, gravée à compte d’auteur par A. Weekes and C°, et

diffusée par Goddard. Elle a été chantée le 8 février 1873 au premier

concert du Gounod’s Choir, au Saint James Hall, où elle fut bissée.

« Les deux vers du refrain, “Merrily danse, merrily sings / Our cas-

tanets with gladness ring” sont traités sur un rythme de boléro avec

quelque chose de décidé, dans la ligne mélodique, qui évoque la

Chevauchée des Walkyries

(à trois temps, elle aussi) ; la brusque

reprise, à la tierce supérieure, est pleine de hardiesse tandis que l’har-

monie napolitaine donne la couleur andalouse. À noter que le refrain

est amené chaque fois par une progression différente. Le premier

couplet, qui sert d’introduction, est à l’image d’un éclatant lever de

soleil (« The morn is up ») en Sol majeur. Le second couplet, en Ré

majeur, évoque le cheminement à travers bois et bruyères : d’abord

serein, il progresse vers la danse du refrain. Le troisième couplet, en

Ut majeur, est plus sensuel ; il préfigure les courbes de

L’île heureuse

;

la cadence rompue (qui établit Mi bémol majeur) est très Chabrier,

elle aussi. Le quatrième couplet, en valeurs plus longues, s’attache aux

qualités intérieures, de cœur, de bravoure et de droiture des Gitanes

avec cette fierté grave du mode (de Mi) mineur. Le dernier retour du

refrain n’en est que plus cinglant. » (Gérard Condé).