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les collections aristophil
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MOZART WOLFGANG AMADEUS (1756-1791).
MANUSCRIT MUSICAL autographe,
Scena con Rondò
pour
Le Nozze di Figaro
, [1786] ; 4 pages oblong in-4 d’un
bifeuillet (22,3 x 31 cm).
400 000 / 500 000 €
Exceptionnel manuscrit de la première version d’une scène pour
le dernier acte des
Nozze di Figaro
.
Sur les quatre pages d’un bifeuillet de papier à 12 lignes (Tyson
Was-
serzeichen
n° 82), à l’encre brune, sous le titre
Scena con Rondò
,
Mozart a composé la version primitive du récitatif et de l’air de
Susanna à la scène 10 (K.492, n° 27) de l’acte IV et dernier, dans le
jardin. Mozart avait conçu cette scène de Susanna comme un réci-
tatif accompagné, suivi d’un
Rondo
en deux parties, mais finalement
rejeta le rondo en faveur de l’air magnifique « Deh vieni, non tardar »…
Le récitatif accompagné, complet (34 mesures), qui sera fortement
modifié et raccourci dans la version définitive, occupe les trois pre-
mières pages, noté sur deux sytèmes de 5 portées par page, où la
partie vocale de Susanna et la basse sont entièrement écrites, ainsi
que la partie de premier violon : « Giunse il momento alfine che godrò
senz’affanno in braccio a l’idol mio : Timide cure, partite dal mio petto,
a turbar non venite il mio diletto. Oh come in questo istante tutto ad
amor risponde ! l’aura che tra le fronde dolce sospira, il cielo che del
placido velo della notte copre l’amato amante, e i furti miei, e nel suo
grato orrore a trasporti di gioia invita il core ». Au bas de la troisième
page, Mozart écrit : « Segue Rondò ». Ce
Rondo
commence sur la
4
e
page, préparée avec un système de 10 portées ; nous avons les 7
premières mesures de la partie vocale de l’air de Susanna, avec la
basse (les autres parties sont restées vierges), et les paroles : « Non
tardar amato bene vieni vola al seno moi, à finir le lunghe »…
Cette ébauche intéressante présente le récitatif d’une manière diffé-
rente, alors que l’intrigue principale sera complètement modifiée. Après
avoir comparé les deux versions, le musicologue Hermann Abert (II,
356) conclut que Susanna, qui portait les vêtements de la comtesse,
devait également apparaître dans l’habit musical de cette dernière,
avant que Mozart ne rejette finalement cette idée et ne remplace
cette première version par l’air splendide « Deh vieni non tardar »...
Le Nozze di Figaro
, composées sur le livret de Lorenzo da Ponte
d’octobre 1785 à la fin d’avril 1786, furent créées à Vienne le 1
er
mai 1786.
Provenance
: Johann Anton André ; Carl August André ; vente Liep-
mannssohn 55 (12 octobre 1929, n° 24) ; coll. Robert Haas, à Rhein-
felden, puis Amalie Haas ; vente J.A. Stargardt 652 (19 septembre
1992, n° 490) ; vente Stargardt 678 et Moirandat Auktion 5 (Basel 11
octobre 2003, n° 208). – La suite de ce manuscrit (29 mesures) a
fait partie des collections d’Aloys Fuchs puis W. Westley Manning,
avant d’être vendue aux enchères en 1913 chez C.G. Boerner (cat. 118),
puis à Londres chez Sotheby’s en 1955, 1961 et 1990 ; aujourd’hui à
la Karpeles Manuscript Libray à Santa Barbara.
Références
: Köchel 492, Anhang II, et Besitz C.A. Andrés n° 8 (Arie
27). – Ulrich Konrad,
Mozarts Schaffensweise : Studien zu den Werkau-
tographen, Skizzen ud Entwürfen
(1992) : Skb 1785µ/1 (p. 174). –
Neue
Mozart Ausgabe
II/5/16/2 (1973), p. 638-641 ; et
Kritische Berichte
(2007), p. 69 et 256-257.