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les collections aristophil
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MOZART WOLFGANG AMADEUS (1756-1791).
L.A.S., [été 1787 ?, au baron Gottfried von SWIETEN ?] ;
1 page oblong in-8 (11,3 x 19,2 cm), encadrée avec un
portrait.
70 000 / 80 000 €
Rare lettre de la maturité de Mozart, au sujet de quelques-uns de
ses plus grands chefs-d’œuvre, ses Quintettes et les « Quatuors
Haydn »
.
« Ich bitte um Verzeihung daß ich lezthin so frey war die Haydnischen
Quartetten weg-zunehmen – aber ich glaube immer, ich
Flegel
hätte eine Ausnahme. – Ich bitte Sie recht schön mir auf Morgen zu
lehnen meine 6 quartetti – das Quintett
ex g minor
und das neue ex
C minor
. – werde es übermorgen alles mit Dank zurückstellen. – gute
Nacht. Mozart »
Traduction
: « Je vous prie d’excuser la liberté que j’ai prise tout
récemment de vous enlever les Quatuors de Haydn – mais je crois
toujours,
rustre
que je suis, pouvoir faire exception. – Je vous prie
bien poliment de me prêter jusqu’à demain mes 6 quatuors, – le
Quintette
en sol mineur
et le nouveau en
ut mineur
. – je vous rendrai
le tout après-demain avec mes remerciements. – Bonne nuit. Mozart ».
Le ton très courtois de cette lettre d’excuses laisse penser qu’elle
est vraisemblablement adressée au baron Gottfried von SWIETEN
(1733-1803), préfet de la Librairie impériale, grand mélomane, ami de
Haydn (pour qui il écrivit les livrets de
La Création
et des
Saisons
) et
de Mozart. La lettre est postérieure au 16 mai 1787, date d’achèvement
du
Quintette en sol mineur
K.516.
Mozart lui a emprunté des quatuors de HAYDN, probablement les
Quatuors
op. 50 (Hob. III/44-49) qui furent distribués à Vienne de façon
illicite en quelques copies manuscrites dans l’été 1787. Mozart parle
ensuite de ses propres œuvres : les six
Quatuors
dédiés à Joseph
Haydn (K.387, K.421, K.428, K.458, K.464, K.465, publiés chez Artaria
en 1785), le
Quintette en
sol mineur
K.516 et le « nouveau »
Quintette
en ut mineur
K.406/516b (arrangement de la
Sérénade
pour vents
K.388/384a de 1782).
On ne connaît que très peu de lettres des dernières années de la
vie de Mozart ; cinq seulement sont connues pour l’an 1788, dont
trois autographes. L’authenticité de ce billet a été jadis considérée
comme douteuse, depuis sa publication dans la
Kleine Musikzeitung
en 1849, comme appartenant à une dame de Prague ; jusqu’à ce
que l’autographe paraisse en 1965 en vente publique (Stargardt, 13
mai 1965, lot 581 ; puis Sotheby’s Londres, 3 décembre 2008, lot 63).
Briefe und Aufzeichnungen
, éd. W. Bauer et O. E. Deutsch, n° 1016.
Correspondance complète
, éd. Geneviève Geffray (Flammarion,
2011), n° 676 (p. 1568).