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les collections aristophil
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MUSIQUE.
ALBUM MUSICAL,
Musikalisches Album
d’Aloys FUCHS,
recueil de 112 MANUSCRITS autographes de compositeurs
et musiciens, 1817-1850 ; un volume petit in-4, [5 ff]-
218 pages plus des ff intercalaires, le tout chiffré 1-242
(quelques feuillets vierges chiffrés seulement),
reliure de
l’époque
veau glacé aubergine, encadrement de filet doré
et palmettes à froid sur les plats, tranches dorées, dos orné
de deux lyres, gardes de papier glacé vert (étui).
500 000/700 000 €
Extraordinaire album musical rassemblant 112 manuscrits musicaux
autographes signés de musiciens de la première moitié du XIX
e
siècle, dont les plus grands tels BEETHOVEN, CHOPIN, ROSSINI,
SCHUBERT, SCHUMANN, etc., véritable panorama de la vie
musicale européenne et viennoise.
Aloys FUCHS (Rázová 1799-Vienne 1853), originaire de Moravie, vint
à Vienne en 1816 étudier la philosophie et le droit à l’Université, Il
se lia rapidement avec de nombreux compositeurs et artistes, dont
Beethoven, Mendelssohn ou Schumann. Son emploi au ministère
de la Guerre à partir de 1823 ne l’empêcha pas de consacrer tout
son temps libre à la musique : il pratiquait avec talent le violoncelle,
donnait des soirées musicales, et entra en 1836 dans le chœur de la
Chapelle de la Cour impériale. Surtout, il s’appliqua avec passion à
la musicologie, rassemblant une vaste documentation sur les musi-
ciens viennois, notamment sur Mozart, celle-ci constituant une partie
importante des sources utilisées par Köchel pour son catalogue de
référence des œuvres du compositeur. Premier collectionneur sys-
tématique en Europe dans le domaine des autographes musicaux,
amateur savant et infatigable, il avait pour dessein de constituer une
bibliothèque musicale universelle : de 1817 à sa mort il réunit la plus
importante collection musicale privée de son temps, qui compta
environ 1 400 manuscrits autographes, livres et estampes, certains
extrêmement précieux, ainsi qu’une correspondance d’environ 4 000
lettres. Fuchs établit plusieurs listes de ses trésors. C’était un ensemble
unique en ce qu’il comprenait non seulement les noms allemands
et autrichiens les plus prestigieux mais également la quasi-totalité
des noms plus modestes qui comptèrent dans l’histoire musicale
du domaine germanique, sans pour autant négliger les personnalités
essentielles de l’Europe de la période classique et romantique. Par
ailleurs, quand Fuchs ne parvenait pas à acquérir l’autographe qu’il
convoitait, il se mettait en devoir de le copier, ou il le faisait copier.
Fuchs fit des dons importants à la Gesellschaft der Musikfreunde de
Vienne, dont il était membre, qui forment une partie importante des
trésors de cette institution. À sa mort, une partie importante de sa
collection fut acquise par la Deutsche Staatsbibliothek de Berlin, et
par d’autres institutions.
Le titre calligraphié et orné de l’album porte : «
Musikalisches Album
zur Erinnerung an günstige Freunde
, angelegt von Aloy Fuchs. Wien
im Jahre 1830 ». L’album comptait à l’origine 85 feuillets, soit 170 pages
sur papier à musique 8 lignes (21,6 x 18 cm) ; beaucoup de feuilles
simples (la plupart in-8) ont été intercalées par la suite. Les pages
1-2 et 11-17 ont été retirées par Fuchs du
Stammbuch
de Franz Sales
Kandler (1792-1831), à savoir les manuscrits de l’Archiduc Rudolph,
de Beethoven et de H. Worzischek ; en outre, le lied de Schubert
Der Blumen Schmerz
(p. 3-10) provient d’un album inconnu ; ces
quatre manuscrits ont fait l’objet d’un montage « à fenêtre » avec
une inscription calligraphiée. Toutes les autres contributions ont été
écrites spécialement pour ce collectionneur infatigable qu’était Fuchs !
Les premières pages (titre et index) ont été écrites par le calligraphe
du
Stammbuch
de Kandler. En regard du titre, une « Note du col-
lectionneur » (Vienne 1832) prévient que « les reliques très prisées »
de l’Archiduc et de Beethoven sont intégrées à l’album, et que la
rédaction du titre ne s’applique pas à ces deux noms. Un
Index
de 6
pages recense les 108 noms de l’album (à partir du n° 98, Fuchs les
a écrits de sa main) ; la table a été complétée tardivement au crayon,
pour compléter l’index, qui liste en tout 115 musiciens.
Le 4 septembre 1830, Ignaz Lachner a été le premier à écrire sur les
pages 65-67. En tout 80 dédicaces sont datées : 6 en 1830, 14 en
1831, 8 en 1832, etc. La série se termine le 28 décembre 1851 avec le
musicien français Duprato.
BEETHOVEN
Ludwig van (Bonn 1770-Vienne 1827). Ms autographe
signé, [
Gesang der Mönche
WoO 104], 1817 ; 3 pages oblong in-8
(11,6 x 17,5 cm) à 10 lignes [p. 11-13].
Ce « Chant des moines » pour 3 voix d’hommes (2 ténors et une basse)
a capella est daté en fin du 3 mai 1817. Il est tiré du drame
Wilhelm Tell
de SCHILLER (fin de l’acte IV) : « Rasch tritt der Tod den Menschen
an »… ; «
aus Schillers Wilhelm Tell
» a écrit Beethoven en titre. Il compte
12 mesures, en ut mineur, et est marqué «
Ziemlich langsam
», avec
l’indication métronomique « Maelzels Zeitmeßer 126
♪
».
Sur la 3
e
page, sous la musique, Beethoven a inscrit la dédicace : « aus
Schillers Wilhelm Tell zum Angedenken mit Tönen begleitet für Hr
n
Fr:
v. Kandler von Ludwig van Beethoven 1817 am 3ten May ». Et il ajoute :
« auch zur Erinnerung an den schnellen unverhoften Tod unseres Kru-
mpholz » (aussi en souvenir de la mort rapide et inattendue de notre
Krumpholz » [le violoniste Wenzel Krumpholz était mort subitement
la veille (2 mai) ; cela avait profondément bouleversé Beethoven.]
En novembre 1838, Robert Schumann avait découvert ce chant chez
Fuchs et le publia en juin 1839 dans la
Sammlung von Musikstücken
…
de la
Neue Zeitschrift für Musik
.
CHOPIN
Frédéric (Żelazowa Wola 1810-Paris 1849). Ms autographe
signé,
Mazur
[op7 n° 3], 1831 ; 4 pages et demie petit in-4 à 8 lignes
[p. 111-115].
Mazurka
en fa mineur op. 7 n°3 pour piano. Signé et daté en fin :
« F. Chopin Vienne ce 20/6 1831 ». [Fin novembre 1830, Chopin se
rendit pour la deuxième fois à Vienne et y resta jusqu’au 20 juillet
1831. Il visita à deux reprises Fuchs, à qui il donna le manuscrit de
son
Rondo
, Fuchs lui offrant un manuscrit de Beethoven.] À la suite,
sur la même page, l’autographe de Clara Wieck (voir ci-dessous).
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