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les collections aristophil
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NAPOLÉON I
er
(1769-1821) Empereur.
Copie autographe par le comte de MONTHOLON du
testament de Napoléon, « Longwood isle de S
te
Hélène »
13 avril 1821 ; 3 pages in-4 (filigrane
F Iohannot
; quelques
légères fentes).
5 000 / 7 000 €
Précieuse copie du testament de Napoléon, faite par le comte de
Montholon, à qui Napoléon l’avait dicté, et qui sera un de ses
exécuteurs testamentaires
.
« Ceci est mon testament ou acte de ma dernière volonté ». Il est
divisé en trois parties.
La première partie, en 8 articles, résume les dispositions morales
de Napoléon :
« 1°. Je meurs dans la religion apostolique et romaine dans le sein
de laquelle je suis né il y a plus de 50 ans.
2°. Je désire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine au
milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé !
3°. J’ai toujours eu à me louer de ma très chère épouse Marie Louise.
Je lui conserve jusqu’au dernier moment les plus tendres sentiments.
Je la prie de veiller pour garantir mon fils des embuches qui envi-
ronnent encore son enfance.
4°. Je recommande à mon fils de ne jamais oublier qu’il est né prince
français et de ne jamais se prêter à être un instrument entre les mains
des triumvirs qui oppriment les peuples de l’Europe […]
5°. Je meurs prématurément assassiné par l’oligarchie anglaise et son
sicaire. Le peuple anglais ne tardera pas à me venger.
6°. Les 2 issues si malheureuses des invasions de la France lorsqu’elle
avoit encore tant de ressources sont dues aux trahisons de Marmont,
Augereau, Talleyrand, et de Lafayette. Je leur pardonne. Puisse la
postérité française leur pardonner comme moi ! »…
Le 7
e
article se compose de remerciements à sa « bonne et très
excellente mère », au cardinal, à ses frères et sœurs et au Prince
Eugène ; il pardonne aussi à l’ingrat Louis son « libelle » [
Documents
historiques et Réflexions sur le gouvernement de la Hollande
] de 1820…
Le 8
e
et dernier article désavoue « le Manuscrit de S
te
Hélène » et
pareils ouvrages, et justifie l’arrestation et l’exécution du duc d’Enghien.
Avec la deuxième partie, l’Empereur commence l’énumération des
legs matériels. Le premier article concerne les legs au Roi de Rome :
« Je lègue à mon fils les boëtes et autres objets tels qu’argenterie, lits
de camp, armes, selles, éperons, vases de ma chapelle, livres, linge,
qui ont servi à mon usage »… Suivent des legs à Lady Holland (le
camée que lui avait donné Pie VI à Tolentino), au comte de Montholon
(deux millions de francs, « comme une preuve de ma satisfaction
des soins filliales qu’il m’a rendus depuis 6 ans et pour l’indemniser
des pertes que son séjour à S
te
Hélène lui a occasionné »), ainsi que
des sommes importantes au comte Bertrand, au premier valet de
chambre Marchand (« Je désire qu’il épouse une veuve, fille ou sœur
d’un des officiers ou soldats de ma vieille garde »), et une trentaine
d’autres, dont l’abbé Vignali, Las Cases, Lavalette, le chirurgien en
chef Larrey (« l’homme le plus vertueux que j’ai connu »), les géné-
raux Brayer, Lefebvre, Drouot, Cambronne, Lallemand, les enfants
des généraux Mouton-Duvernet, La Bédoyère, Girard, Travot, etc., le
baron Méneval, le colonel Marbot (« Je l’engage à continuer à écrire
pour la défense de la gloire des armées françaises et en confondre
les calomniateurs et les apostats »), le baron Bignon (« Je l’engage à
écrire l’histoire de la diplomatie française de 1792 à 1813 »), etc. Ces
legs doivent être payés sur les six millions que Napoléon a placés
« en partant de Paris en 1815 »… Quant au reliquat éventuel, il « sera
distribué en gratifications aux blessés de Waterloo et aux officiers et
soldats du Bataillon de l’isle d’Elbe »…
La troisième partie concerne les biens du « domaine privé » de Napo-
léon, qu’il estime à plus de 200 millions de francs : des économies
faites sur sa liste civile, les meubles de ses palais, y compris ceux de
Rome, Florence et Turin, la liquidation de ses maisons du royaume
d’Italie. Ce domaine privé est légué, « moitié aux officiers et soldats de
l’armée française qui ont combattu depuis 1792 à 1815, pour la gloire
et l’indépendance de la Nation »… Il ordonne de prélever sur cette
moitié un million de francs pour chacune de deux villes qui avaient été
totalement détruites lors de la campagne de France, Brienne et Méry.
Enfin, Napoléon institue les comtes Montholon, Bertrand et Marchand
ses exécuteurs testamentaires…
En bas de chaque page, Montholon a noté : « Signé Napoleon ».
On joint
la copie par Montholon de la lettre de Napoléon à Jacques
Laffitte, « Copie de la lettre présentée par le Comte de Montholon à M
r
de Laffitte » (demi-page in-4 d’un bifeuillet filigrané aux fleurs de lys),
datée « Longwood isle de Ste Hélène le 25 avril 1821 », copie figurée
avec indication du cachet et des timbres et mentions d’enregistrement,
le 2 novembre 1821. Napoléon rappelle au banquier qu’il lui a « remis
en 1815, au moment de mon départ de Paris, une somme de près de
six millions, dont vous m’avez donné un double reçu. J’ai annulé un
des reçus, et je charge le Comte de Montholon de vous présenter
l’autre reçu, pour que vous ayez à lui remettre après ma mort ladite
somme avec les intérêts à raison de 5 % à dater du 1
er
juillet 1815, en
défalquant les payements dont vous avez été chargé en vertu d’ordres
de moi. Je désire que la liquidation de votre compte soit arrêtée
d’accord entre vous, le Comte Montholon, le Comte Bertrand et le
Sieur Marchand, et, cette liquidation réglée, je vous donne par la
présente, décharge entière et absolue de ladite somme. Je vous ai
également remis une boîte contenant mon médaillier. Je vous prie
de la remettre au comte Montholon »...
Provenance
Archives MONTHOLON [reproduits en annexe du
Journal secret
d’Albine de Montholon maîtresse de Napoléon à Sainte-Hélène
,
présenté et commenté par François de Candé-Montholon (Albin
Michel, 2002, p. 188-193)].