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152

les collections aristophil

903

NAPOLÉON I

er

(1769-1821) Empereur.

Copie autographe par le comte de MONTHOLON du

testament de Napoléon, « Longwood isle de S

te

Hélène »

13 avril 1821 ; 3 pages in-4 (filigrane

F Iohannot

 ; quelques

légères fentes).

5 000 / 7 000 €

Précieuse copie du testament de Napoléon, faite par le comte de

Montholon, à qui Napoléon l’avait dicté, et qui sera un de ses

exécuteurs testamentaires

.

« Ceci est mon testament ou acte de ma dernière volonté ». Il est

divisé en trois parties.

La première partie, en 8 articles, résume les dispositions morales

de Napoléon :

« 1°. Je meurs dans la religion apostolique et romaine dans le sein

de laquelle je suis né il y a plus de 50 ans.

2°. Je désire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine au

milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé !

3°. J’ai toujours eu à me louer de ma très chère épouse Marie Louise.

Je lui conserve jusqu’au dernier moment les plus tendres sentiments.

Je la prie de veiller pour garantir mon fils des embuches qui envi-

ronnent encore son enfance.

4°. Je recommande à mon fils de ne jamais oublier qu’il est né prince

français et de ne jamais se prêter à être un instrument entre les mains

des triumvirs qui oppriment les peuples de l’Europe […]

5°. Je meurs prématurément assassiné par l’oligarchie anglaise et son

sicaire. Le peuple anglais ne tardera pas à me venger.

6°. Les 2 issues si malheureuses des invasions de la France lorsqu’elle

avoit encore tant de ressources sont dues aux trahisons de Marmont,

Augereau, Talleyrand, et de Lafayette. Je leur pardonne. Puisse la

postérité française leur pardonner comme moi ! »…

Le 7

e

article se compose de remerciements à sa « bonne et très

excellente mère », au cardinal, à ses frères et sœurs et au Prince

Eugène ; il pardonne aussi à l’ingrat Louis son « libelle » [

Documents

historiques et Réflexions sur le gouvernement de la Hollande

] de 1820…

Le 8

e

et dernier article désavoue « le Manuscrit de S

te

Hélène » et

pareils ouvrages, et justifie l’arrestation et l’exécution du duc d’Enghien.

Avec la deuxième partie, l’Empereur commence l’énumération des

legs matériels. Le premier article concerne les legs au Roi de Rome :

« Je lègue à mon fils les boëtes et autres objets tels qu’argenterie, lits

de camp, armes, selles, éperons, vases de ma chapelle, livres, linge,

qui ont servi à mon usage »… Suivent des legs à Lady Holland (le

camée que lui avait donné Pie VI à Tolentino), au comte de Montholon

(deux millions de francs, « comme une preuve de ma satisfaction

des soins filliales qu’il m’a rendus depuis 6 ans et pour l’indemniser

des pertes que son séjour à S

te

Hélène lui a occasionné »), ainsi que

des sommes importantes au comte Bertrand, au premier valet de

chambre Marchand (« Je désire qu’il épouse une veuve, fille ou sœur

d’un des officiers ou soldats de ma vieille garde »), et une trentaine

d’autres, dont l’abbé Vignali, Las Cases, Lavalette, le chirurgien en

chef Larrey (« l’homme le plus vertueux que j’ai connu »), les géné-

raux Brayer, Lefebvre, Drouot, Cambronne, Lallemand, les enfants

des généraux Mouton-Duvernet, La Bédoyère, Girard, Travot, etc., le

baron Méneval, le colonel Marbot (« Je l’engage à continuer à écrire

pour la défense de la gloire des armées françaises et en confondre

les calomniateurs et les apostats »), le baron Bignon (« Je l’engage à

écrire l’histoire de la diplomatie française de 1792 à 1813 »), etc. Ces

legs doivent être payés sur les six millions que Napoléon a placés

« en partant de Paris en 1815 »… Quant au reliquat éventuel, il « sera

distribué en gratifications aux blessés de Waterloo et aux officiers et

soldats du Bataillon de l’isle d’Elbe »…

La troisième partie concerne les biens du « domaine privé » de Napo-

léon, qu’il estime à plus de 200 millions de francs : des économies

faites sur sa liste civile, les meubles de ses palais, y compris ceux de

Rome, Florence et Turin, la liquidation de ses maisons du royaume

d’Italie. Ce domaine privé est légué, « moitié aux officiers et soldats de

l’armée française qui ont combattu depuis 1792 à 1815, pour la gloire

et l’indépendance de la Nation »… Il ordonne de prélever sur cette

moitié un million de francs pour chacune de deux villes qui avaient été

totalement détruites lors de la campagne de France, Brienne et Méry.

Enfin, Napoléon institue les comtes Montholon, Bertrand et Marchand

ses exécuteurs testamentaires…

En bas de chaque page, Montholon a noté : « Signé Napoleon ».

On joint

la copie par Montholon de la lettre de Napoléon à Jacques

Laffitte, « Copie de la lettre présentée par le Comte de Montholon à M

r

de Laffitte » (demi-page in-4 d’un bifeuillet filigrané aux fleurs de lys),

datée « Longwood isle de Ste Hélène le 25 avril 1821 », copie figurée

avec indication du cachet et des timbres et mentions d’enregistrement,

le 2 novembre 1821. Napoléon rappelle au banquier qu’il lui a « remis

en 1815, au moment de mon départ de Paris, une somme de près de

six millions, dont vous m’avez donné un double reçu. J’ai annulé un

des reçus, et je charge le Comte de Montholon de vous présenter

l’autre reçu, pour que vous ayez à lui remettre après ma mort ladite

somme avec les intérêts à raison de 5 % à dater du 1

er

juillet 1815, en

défalquant les payements dont vous avez été chargé en vertu d’ordres

de moi. Je désire que la liquidation de votre compte soit arrêtée

d’accord entre vous, le Comte Montholon, le Comte Bertrand et le

Sieur Marchand, et, cette liquidation réglée, je vous donne par la

présente, décharge entière et absolue de ladite somme. Je vous ai

également remis une boîte contenant mon médaillier. Je vous prie

de la remettre au comte Montholon »...

Provenance

Archives MONTHOLON [reproduits en annexe du

Journal secret

d’Albine de Montholon maîtresse de Napoléon à Sainte-Hélène

,

présenté et commenté par François de Candé-Montholon (Albin

Michel, 2002, p. 188-193)].