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les collections aristophil

888

NAPOLÉON I

er

(1769-1821) Empereur.

L.S. « Napole », Mayence 6 novembre 1813, à SA MÈRE

LETIZIA BONAPARTE ; la lettre est écrite par le baron FAIN ;

3 pages et demie in-4, enveloppe « a madame, mere de

l’Empereur » avec cachet de cire rouge aux armes.

2 500 / 3 000 €

Importante lettre à Madame Mère, au sujet de son frère Louis qui

voudrait se réconcilier avec Napoléon et négocier son retour sur

le trône de Hollande

.

Napoléon charge sa mère d’intervenir auprès de son frère Louis.« Si

Louis vient comme Prince Français se ranger autour du trône, il

trouverait en moi accueil et oubli du passé ». Louis, qu’il a choyé

dans son enfance et « comblé de bienfaits », s’est mis à répandre

des libelles « dans toutes les cours d’Europe » ; l’Empereur est prêt

à lui pardonner : « vous savez que je n’ai pas de rancune. – Mais

si Louis, comme me le fait craindre sa lettre, vient pour réclamer la

Hollande, il me mettrait dans la situation pénible 1° de sévir contre

lui ; 2° de sévir pour toujours, puisque je serais obligé de lui faire faire

une sommation par l’Archichancelier […], et que s’il ne reconnaissait

pas les loix de l’Empire, il se trouverait déclaré en rébellion. […] La

Hollande est française, elle l’est pour toujours. La loi de l’État l’a

constitué. Il n’est aucun effort humain qui puisse l’ôter à la France. Si

donc Louis vient toujours armé des mêmes chimères, je m’adresse

à vous pour que vous m’évitiez la douleur de le faire arrêter et de le

traiter comme un sujet rebelle. Qu’il quitte Paris et qu’il aille se tenir

tranquille et ignoré dans un coin de l’Italie. […] Quelque preuve qu’il

m’ait donné de sa haine, je ne puis pas croire qu’il soit assez méchant

et assez ennemi de ses enfans pour vouloir, dans les circonstances

actuelles où toute l’Europe se lève contre moi et où mon cœur est

froissé par tant de peines, me donner le désagrément de sévir contre

lui. […] si au contraire il vient simplement comme Prince Français se

ranger autour du trône qui est en péril et défendre les intérêts de la

France, de sa famille et de ses enfans, je lui pardonnerai le passé,

ne lui en parlerai jamais et l’accueillerai, non en me souvenant de sa

conduite depuis dix ans, mais en ne me souvenant que du sentiment

que j’avais pour lui dans son enfance »...

La rageuse signature est soulignée d’un pâté d’encre.

Correspondance générale

, t. XIV, n° 36954, p. 865.