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les collections aristophil
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[
NAPOLÉON I
er
(1769-1821) Empereur].
DRAPEAU en lin et soie peinte, [1814] ; environ 119 x 170
cm (quelques petits trous et défauts, attaches fragilisées, 3
lacets restant sur 4) ; hampe en bois peint, 246 cm.
15 000 / 20 000 €
Exceptionnel drapeau conçu par Napoléon pour l’
île d
’Elbe
.
Rectangulaire, il se compose de lin blanc devenu gris, cousu en
largeur en trois bandeaux, traversés en diagonale d’un bandeau de
lin cramoisi, du coin supérieur droit jusqu’au coin inférieur gauche,
correspondant à la hampe. Trois morceaux de soie peinte en forme
d’abeilles sont insérés dans ce bandeau. Côté hampe, le fanion est
bordé de lin ; quatre paires (une manque) de lacets de ruban de
soie blanche sont attachées en haut, en bas, et aux extrémités des
deux coutures horizontales. La hampe est en bois peint en spirales
blanche et rouge.
On lit dans les
Souvenirs de l’
île d
’Elbe
de Pons de l’Hérault : « Le 3
mai 1814, l’Empereur reçoit à bord de l’
Undaunted
, le Général Dalesme,
commandant supérieur de l’île, le sous-préfet et le commandant de
la Garde Nationale, Pons, administrateur général des mines. Il nous
dit qu’il n’entrerait à Portoferrajo que lorsque le nouveau drapeau
qu’il voulait adopter y serait arboré. Il désira que la municipalité vînt
lui donner des idées à cet égard… Je proposai à l’Empereur de faire
le pavillon elbois fond blanc traversé d’une bande tricolore. Je ne
parlai point d’abeilles… L’Empereur décréta que la cocarde elboise
serait comme le pavillon elbois fond blanc bordée d’une frange rouge,
semée de trois abeilles d’or… Napoléon hésita pour adopter les trois
abeilles jaunes, il les voulait bleues. Mais après avoir réfléchi, il dit :
“Avec les abeilles bleues, nous aurions le drapeau tricolore, ce qui
pourrait bien nous occasionner des désagréments” et les abeilles
jaunes l’emportèrent ».
Le commisaire anglais Neil Campbell rapporte dans son
Journal
que « le 4 mai, l’Empereur fixa quel serait le drapeau de l’île d’Elbe et
ordonna d’en confectionner immédiatement deux, de telle sorte que
l’un pût être arboré sur le port à une heure de l’après-midi, et l’autre
emporté par lui pour son débarquement à deux heures. Le drapeau
est blanc, traversé diagonalement par une bande rouge portant trois
abeilles. C’est, aussi exactement que possible, un des drapeaux de
l’ancienne Toscane et les abeilles faisaient partie des armoiries de
l’Empereur des Français ».
Le colonel Vincent, dans
Mes Souvenirs de l’
île d
’Elbe
, indique : « La
première remarque que je fis en débarquant (le 28 mai 1814) fut de
voir la cocarde que portait l’Empereur. Elle était rouge et blanche avec
trois abeilles brodées en or dessus, placées d’équerre. L’on nous dit
que le général Drouot, qui venait d’être nommé gouverneur de l’île,
en cherchant dans les archives, avait trouvé cette cocarde, avec le
pavillon pareil d’un ancien souverain de l’île d’Elbe. Alors, la Garde,
dès le lendemain, l’adopta ».
Henry Houssaye écrit dans
1815
: « Les soldats conservèrent l’uniforme
français, mais ils prirent la cocarde elboise, blanche et rouge, semée
d’abeilles d’or. Napoléon avait adopté pour ses nouvelles armes un
ancien écusson de Cosme I
er
: d’argent à la bande de gueules chargée
de trois abeilles d’or ».
Le premier salut fait aux couleurs elboises est relaté dans un pro-
cès-verbal cité par Pons de l’Hérault : « Le jour du 4 mai 1814, S.M.
l’Empereur Napoléon ayant pris possession de l’île d’Elbe, le général
Drouot, gouverneur de l’île au nom de l’Empereur a fait arborer sur
les forts le pavillon de l’île, fond blanc, traversé diagonalement d’une
bande rouge semée de trois abeilles sur fond d’or. Ce pavillon a été
salué par les batteries des forts de la côte, de la frégate anglaise
l’
Undaunted
, et des bâtiments de guerre français qui se trouvaient
dans le port ».
Une collection de reliques de l’Empereur réunies par le prince Ana-
tole Demidoff, mari de la princesse Mathilde, nièce de Napoléon, fut
conservée jadis dans la villa San Martino, résidence d’été de l’exilé
sur l’île d’Elbe. Lors de sa dispersion, le 15 mars 1880, dans une
vente publique à Florence, elle comportait un drapeau d’Elbe dont
on ignore le destin. Serait-ce celui-ci ?
Il existe au Musée de l’Armée, provenant de la succession de Sir
Archibald Campbell, un drapeau de l’île d’Elbe, avec sa hampe. Jean
Brunon a publié en 1913 le pavillon de l’Empereur arboré sur
l’Incons-
tant
, marqué d’un N. En outre, on connaît, plus petit que le nôtre,
les drapeaux des
Chevau-Légers Polonais
de l’
Escadron Napoléon
(Musée de l’Armée, ancienne collection du prince de la Moskowa) et
des
Grenadiers
du
Bataillon Napoléon
(ancienne collection du Palais
princier de Monaco, vente du 15 novembre 2014, n° 206).
Les reliques napoléoniennes de l’île d’Elbe sont d’une grande rareté
.
Provenance
Anciennes collections Wanamaker (vente d’avril 1941, n° 718), Calvin
Bullock, et Hugh Bullock ; vente Sotheby’s, New York, 11 décembre
2008, n° 192.