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JEAN COCTEAU
crever les yeux, en brandissant une épingle à chapeau. Le mari de
cette Bacchante et Guillaume Apollinaire eurent toutes les peines du
monde à me sauver
». Ayant cité la réflexion d’un spectateur
: «
Si
j’avais su que c’était si bête, j’aurais amené les enfants
», Cocteau
poursuit
: «
Ce monsieur ne se doutait pas que c’est justement le
coup d’œil enfantin qui manque au public moderne et qu’à force de
vouloir qu’on le traite en grande personne, ce public ne supporte plus
que l’ennui. Trois ans après, la reprise de
Parade
eut un triomphe.
Nous dûmes Satie, Picasso et moi, revenir saluer après 12 rappels au
bord d’une loge. Ces mêmes personnes qui voulaient notre mort en
1917, en 1920 nous applaudissaient debout. [...] L’orchestre de
Parade
est un retour à la simplicité, à la clarté. C’est là son vrai scandale.
En 1917
on hua avant
d’entendre et nos juges prirent le tapage qu’ils
faisaient pour celui de la musique. En 1920 on écouta
». Puis il
évoque le premier scandale auquel il ait assisté, celui du
Sacre du
Printemps
en 1913, qui est devenu un classique. Quant aux
Mariés
de la Tour Eiffel
, il ne pensait pas au scandale
: « Mon seul souci est
de remplacer la poésie au théâtre par une poésie de théâtre. C’est
juste l’inverse. Poésie au théâtre revient à présenter une fine dentelle
à distance. Poésie de théâtre serait une guipure en câble, une grosse
guipure qui se puisse voir de loin
»… Il raconte sa découverte et son
amour du jazz, avant d’évoquer pour finir l’histoire « d’un saint, d’un
homme qui est avec Picasso mon maître de sagesse
», Érik SATIE,
dont il retrace la vie et l’œuvre...
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COCTEAU JEAN
L.A.S. « JC
», 7 mars 1925, à Émile CARBON à Montpellier
;
1 page petit in-4, enveloppe.
150 / 200 €
« Mon cher ami La richesse de notre langue est d’être sans nuance
et d’obliger à la franchise. Donc c’est “Cher ami” qu’il faut mettre en
tête de vos bontés. Je refuse tout à tous. Mais votre dernière ligne
me touche dans le mille. Je vous envoie un poème. Soignez le. Je
ne possède que 4 ou 5 pages inédites
»...