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les collections aristophil

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COCTEAU JEAN

MANUSCRIT autographe signé « Jean Cocteau

»,

Préface à

Le Rappel à l’ordre

, 1923

; 10 pages sur 7 feuillets petit in-4

(22 x 17 cm), à l’encre noire sur papier ligné, dans un cahier

d’écolier avec sa couverture d’origine en partie autographe

(feuillets désolidarisés de la couverture, agrafes métalliques

au centre rouillées).

1 500 / 2 000 €

Préface au premier recueil de ses textes de poésie critique

.

Cette préface sera publiée en tête du recueil

Le Rappel à l’ordre

(Stock,

1926), regroupant sept essais dont certains avaient été précédemment

publiés en plaquettes, de 1918 à 1923

:

Le Coq et l’Arlequin

,

Carte

blanche

,

Visite à Maurice Barrès

,

Le Secret professionnel

,

D’un ordre

considéré comme une anarchie

,

Autour de Thomas l’imposteur

et

Picasso

.

Cocteau s’est amusé à compléter à la main la couverture du cahier

d’écolier, ornée d’un encadrement en forme de monument à colonnes

:

Sous ECOLE, il a ajouté « d’équilibre

», sous CAHIER « de Devoir

», après

«

appartenant à

», il a inscrit son nom «

Jean Cocteau

», puis inscrit

en lettres capitales le titre

: « PRÉFACE A LE RAPPEL A L’ORDRE

». Le

manuscrit présente de nombreuses ratures et corrections

; il a servi

pour l’impression, comme le montrent les indications typographiques.

Dans cette brève Préface, Cocteau retrace tout son parcours poétique

:

« À dix-sept ans, chargé d’électricité, je veux dire de poésie informe,

incapable de fabriquer un appareil de transmission, dérouté par

des éloges suspects et de mauvais livres, je me retournais sur place

comme un malade qui essaye de s’endormir

». Il fait allusion au

succès mondain qui accueillit ses premiers recueils («

des éloges

suspects

»), et évoque deux figures qui, chacune à sa manière, l’ont aidé

à devenir véritablement poète

: Anna de Noailles et André Gide. C’est

ainsi que « peu à peu je tombai dans un sommeil de somnambule. Il

devint mon état normal et je le dormirai, sans doute, jusqu’au bout

».

Cette métaphore du poète comme somnambule, vivant dans un

monde parallèle, Cocteau la filera jusqu’à son dernier souffle. Mais

cet abandon aux forces nocturnes n’est en aucun cas un appel au

relâchement. Le poète est certes comparable au funambule, mais

c’est précisément l’exercice qui exige le plus de discipline

: « Au moins

mon exemple prouve-t-il qu’un équilibre rigoureux est indispensable

si l’on repousse l’équilibre conventionnel. Ce que j’allais chercher au

cirque, au music-hall, ce n’était pas, comme on l’a tant prétendu, le

mystère des clowns ou des nègres mais une leçon d’équilibre. École

de travail, de force discrète, de grâce utile, Haute-École qui m’aliéna

beaucoup d’esprits inattentifs. Même je suppose que les gestes d’un

homme qui marche sur la mort doivent paraître bien drôles

»…

Provenance

: Carole WEISWEILLER.