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les collections aristophil

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COCTEAU JEAN

MANUSCRIT autographe, [

La Jeunesse et le Scandale

,

1925]

; 76 pages d’un cahier petit in-4 (22 x 17 cm), à l’encre

noire sur papier ligné, dos toile brune et couvertures

cartonnées (dos un peu usagé).

5 000 / 6 000 €

Conférence sur l’art d’avant-garde et les scandales artistiques

.

Cocteau a prononcé cette conférence à l’Université des Annales, le

27 février 1925. L’accompagnement musical était assuré par Marcelle

Meyer et Jean Wiéner. Le texte a été recueilli au tome IX des

Œuvres

complètes

(Marguerat).

Le manuscrit présente des ratures et corrections

; il est généralement

écrit au recto des feuillets, avec parfois des développements ajoutés

sur la page en regard. Sur la page de titre,

dessin

à la plume (esquisse

d’un visage de profil).

Cocteau y commente notamment sa collaboration avec les musiciens,

comme

Parade

avec Érik SATIE, ou

Les Mariés de la Tour Eiffel

avec

le Groupe des Six, évoquant STRAVINSKY et

Le Sacre du Printemps

,

ou encore la musique des jazz-bands américains…

Cocteau, qui s’adresse ici à un public jeune auquel il refuse de donner

un cours, explique qu’il ne peut que proposer sa propre expérience

d’homme de spectacles pour réfléchir sur ce qui fait scandale ou

non, volontairement ou non. Affirmant que la véritable beauté est en

elle-même scandale puisque changeant sans cesse les règles du

jeu, il dit rechercher le rire à la beauté neuve qui se reconnaît à son

regard bleu et qui « donne aux âmes dignes de l’affronter une nausée

délicieuse, une sorte de choc [...] entre le vertige de l’amour et de la

mort. [...] Méfiez-vous du baroque, du pittoresque, de l’originalité trop

visible qui peinturlure la vieille étoffe au lieu de changer la trame [...]

Il s’agit, après les excès d’une manière de romantisme, de barbarie,

succédant comme toujours, par opposition aux grâces papillotantes

et molles de l’impressionnisme, de recréer un ordre neuf riche des

enseignements de la décadence, de la Capoue impressionniste et des

violences qui l’écrasèrent, et de refaire à notre esprit enrichi, secoué,

brutalisé, un moule sage sans lequel la France n’a jamais pu vivre ,

riche des enseignements

».

Se proposant de citer des passages du

Cap de Bonne-Espérance

et de

Plain-Chant

, il met en garde ses auditeurs contre le snobisme

qui se forme autour de l’audace, et qui manque de souplesse, car on

doit pouvoir applaudir à la fois Stravinsky, Satie et Gounod

Il raconte ensuite comment le public a accueilli son

Antigone

montée

chez Dullin en 1922, où le sublime de Sophocle a parfois fait rire un

public trop élégant et désireux de rire à du Jean Cocteau. Puis il

revient sur le scandale immense de

Parade

en 1917

: « Des spectateurs

en vinrent aux mains. Je traversais les couloirs avec Apollinaire pour

rejoindre Picasso et Satie qui m’attendaient dans une loge lorsqu’une

grosse chanteuse me reconnut. [... ] Elle se jeta sur moi pour me