Previous Page  54-55 / 164 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 54-55 / 164 Next Page
Page Background

53

HISTOIRE POSTALE

52

420

SAINT-EXUPÉRY (Antoine de)

Lettre autographe signée.

[S. l. n. d. ; cachet postal : Paris, 5

avril 1927 ?].

2 p. sur un double f. in-8 (19 x 15

cm) de papier vélin, enveloppe avec

suscription autographe, encre noire.

2 000 / 3 000 €

Belle lettre, apparemment inédite, à

Lucie-Marie Decour.

Il lui présente ses plates excuses pour

n’être pas venu dîner avec son amie et

n’avoir pu téléphoner pour l’en prévenir et

lui fait part de son humeur maussade :

« Quand je suis rentré à Paris ce printemps

qu’il faisait m’a fichu un insupportable

cafard. J’ai pensé que je serais un

compagnon silencieux et je n’ai pas osé

venir. Mais si j’avais su que nous devions

dîner près de la Seine… J’avais l’âme

toute préparée pour les guinguettes, le

clair de lune dans l’eau et les romances

pas compliquées. […] Je suis quelques fois

idiot ».

Saint Exupéry partagea la proche amitié

de Lucie-Marie Decour avec Henry de

Ségogne, notamment. Il échangea avec

elle des lettres en partie publiées qui

« jusque dans leur incertitude sentimentale,

valent par leur précision pittoresque et la

délicatesse de leur badinage » (

Œuvres

complètes

, II, Bibliothèque de la Pléiade,

2009, p. 1445).

Provenance :

Lucie-Marie Decour, puis ses descendants.

Vente Christie’s, Paris, 29 avril 2013, n° 139.

Pliures, quelques taches, encre pâlie, en-

veloppe conservée avec petits défauts.

Maintenant il me reste à vous remercier

d’avoir été si gentils pendant ma maladie,

de m’avoir frictionné, de m’avoir nourri, de

m’avoir distrait. Je me souhaite d’être bien

vite de retour parmi vous et vous serre tous

sur mon vaste cœur ».

Provenance :

Vente Christie’s, Paris, le 20 novembre

2007, n° 95.

Bibliographie :

N. des Vallières, R. de Ayala,

Les plus beaux

manuscrits de Saint-Exupéry

, 2003, p. 82-

83 (repr.). D. Lacroix,

Antoine de Saint-

Exupéry: dessins: aquarelles, pastels,

plumes et crayons

, 2006, p. 226 (repr.).

Quelques taches ; quelques déchirures

marginales ; déchirures aux plis centraux

atteignant le texte.

423

SAINT-EXUPÉRY (Antoine de)

Lettre autographe signée.

Buenos Aires [octobre ? 1929].

2 p. in-8 (22,2 x 14,2 cm) de papier fin

à en-tête gravé du restaurant Conte

de Buenos Aires, encre noire.

3 000 / 4 000 €

Très belle lettre autographe signée

d’Antoine de Saint Exupéry à Jean

Mermoz

.

« Pourquoi me laissez-vous tomber

comme ça sans même me téléphoner.

Ça me navre. Vous me donnez rendez-

vous chez moi […] je vous attends deux

heures et ensuite j’apprends que vous étiez

tranquillement au bureau. […] Je suis en

colère - c’est pour ça que j’écris, ça me

421

SAINT-EXUPÉRY (Antoine de)

Lettre autographe signée.

[Cap Juby, avril 1928 ; cachet

postal : Toulouse, 30 avril 1928].

2 p. sur 1 f. in-4 (26,8 x 21 cm) de

papier vélin à l’en-tête des « Lignes

aériennes Latécoère » et enveloppe

à en-tête identique avec suscription

autographe, encre noire.

2 500 / 3 500 €

Très belle lettre, apparemment inédite, à

Lucie-Marie Decour.

Saint-Exupéry la remercie de ses envois

de disques :

« vous êtes décidément un

ange. […] Dans mon désert monotone je

me trompe le cœur avec des mélancolies

artificielles. La musique me le permet. […]

Je suis un peu las de cette vie loin de tout

et j’aimerais revenir à Paris ».

Il lui fait part d’une méprise dont il a fait

l’objet :

« J’étais à Casablanca lorsque le

C[ommandan]t Paris est passé à Juby. Il a

pris mon remplaçant pour moi. Ça m’est

désagréable parce que mon remplaçant

aime beaucoup les petites phrases,

s’agite pour être aimable et possède une

âme ornée de guirlandes. Je n’aime pas

être emporté dans le souvenir d’un type

sous cette forme… Maintenant je pense

que les éloges s’adressaient aussi à mon

remplaçant ? J’ai regretté de ne pas voir

le Ct car il a laissé sur toute la ligne un

souvenir magnifique. Le reverrez-vous ? ».

L’enveloppe porte la mention autographe

« Poster à Casablanca » mais fut affranchie

à Toulouse ; les lettres que Saint Exupéry

écrivait à Cap Juby étaient postées par des

tiers, soit à Casablanca soit à Toulouse.

Provenance :

Lucie-Marie Decour, puis ses descendants.

Vente Christie’s, Paris, 29 avril 2013, n° 137.

Traces de pliure, petite déchirure margi-

nale, quelques piqûres, enveloppe conser-

vée avec petits défauts.

fait du bien, ça me purge. Et maintenant

je vais être forcé de ne pas me coucher

puisque j’attendais de vous revoir pour

arranger tout […] Pourtant je commence

à avoir sommeil. Ça m’est égal que l’on

soit en retard parce que l’arrivée, même

tardive, apaise ma juste rancune. Mais

quand on ne vient pas du tout je reste sur

ma rancune et ça m’abîme le foie… ».

Provenance :

Vente Artcurial, Paris, le 11 octobre 2008,

lot M32.

Quelques légères taches et rousseurs,

traces de pliure.

424

SAINT-EXUPÉRY

(Antoine de)

Carnet de route de l’avion

Breguet-Latécoère 14 Torpédo

F-AFNH.

[Latécoère, 1926-1928].

In-8 oblong (16,4 x 25 cm) de 104 ff.

préimprimés partiellement complétés

à l’encre, cartonnage de toile beige

d’origine, avec titre « Carnet de

route » estampé sur le premier plat

et mentions « 162 » à l’encre sur le

même plat et au dos.

3 500 / 4 000 €

Important carnet de route de

l’aéropostale, témoignant en particulier

des débuts de la ligne Toulouse-Saint

Louis (Sénégal).

Il inventorie 91 vols

effectués sur un avion Breguet-Latécoère

XIV Torpédo entre octobre 1926 et janvier

1928 avant qu’il s’écrase à Morgonera, en

422

SAINT-EXUPÉRY (Antoine de)

Lettre autographe signée.

[Casablanca, vers 1925-1927 ?].

2 p. sur 1 f. in-4 (27,5 x 21,3 cm) de

papier à en-tête de la « Taverne

Brasserie Petit Poucet » à Casablanca,

encre noire.

6 000 / 7 500 €

Belle lettre autographe signée à ses

amis pilotes, illustrée de cinq croquis

humoristiques à la plume

.

Il est de retour au Maroc après plusieurs

semaines d’hospitalisation à Dakar et de

convalescence à Agay.

« Mes chers enfants, Je suis tellement

gentil que je vous écris déjà. Je suis en

panne à Casa car Jeannet malgré ses

affirmations n’a demandé aucune place

pour moi. On ignorait même ma venue.

Vous pouvez lui dire amicalement que

je lui revaudrai cela car je n’aime pas

beaucoup que l’on se fiche de ma gueule.

Il ne l’emportera pas en paradis (surtout

s’il n’y a pas de paradis). Ça me fait

beaucoup de peine de vous avoir quittés.

Vous êtes des types sympathiques que

j’aime bien. D’autant plus que je me suis

réconcilié avec Riguelle qui est un chic

type. Et lui avec moi, qui suis un chic

type. Il a bien essayé sournoisement de

me faire chiper par les Maures mais ça

a raté et je le lui pardonne. Et puis avec

un héros comme Jeannet je ne craignais

rien. (Il voulait même m’emmener tout

de suite et laisser la piste.) Je pense que

Guillaumet continue à faire quatre petits

par jours. Il devrait bien m’en garder un.

Mais empêchez-le de trop se fatiguer pour

qu’il en reste un peu lorsque je reviendrai.

Espagne, le 27 janvier 1928. L’avion fit des

vols en France avant d’être affecté aux

liaisons africaines à partir de mars 1927.

Ces carnets de route, mis en circulation

par le service de la navigation aérienne au

ministère des Travaux publics, et affectés à

un avion précis, ne devaient pas quitter le

bord de l’appareil. Chaque page est signée

par le pilote qui a effectué le vol, avec ses

commentaires. Les signatures des pionniers

de l’aviation postale y apparaissent au fil

des pages : Henri Guillaumet (6 vols), René

Riguelle (4 vols), André Dubourdieu (5 vols),

Marcel Reine (un vol), Éloi Ville (2 vols),

Émile Lécrivain (3 vols), etc., et Antoine de

Saint Exupéry, pour un vol de Toulouse à

Perpignan, le 24 novembre 1926, et un autre

de Cap Juby (actuel Maroc) à Port-Étienne

(Mauritanie), le 4 décembre 1927. Antoine

de Saint-Exupéry qui obtint son brevet de

pilote de transport public en juillet 1926 fut

engagé chez Latécoère à la mi-octobre. À

partir de février 1927, il fut pilote au service

du courrier sur la ligne Casablanca-Dakar

avant d’être nommé en octobre de la

même année chef d’aéroplace à Cap Juby.

C’est durant cette période qu’il composa

son premier roman,

Courrier sud

.

Rare et précieux document témoignant

des débuts de l’aéropostale

.

Une grande partie des archives de

Latécoère auraient été détruites par le feu

à la fin des années 1960, et seuls quelques

carnets de route auraient été épargnés.

Deux carnets similaires sont conservés

au musée Air France à Paris et dans les

archives Latécoère.

Provenance :

Vente Paris, Christie’s, 11 mai 2012, n° 87.

Volume légèrement déboîté, accrocs avec

quelques manques de toile et fentes aux

mors, petites taches et mouillures, sur le

cartonnage.

424