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48

les collections aristophil

551

CHÂTELET

É

milie Le Tonnelier de

Breteuil, marquise du

(1706-1749)

femme de lettres et de sciences,

amie de Voltaire.

L.A.S.

« la m. du Chastelet »

,

«

Cirey

par Joinville Champagne » 23 octobre

[1734], au comte de

FORCALQUIER

à Paris ; 5 pages in-4, adresse avec

marque postale ms « De Joinville »,

cachet de cire rouge à ses armes

(traces de montage à fenêtre, petite

déchirure par bris de cachet réparée

affectant la fin de 2 lignes).

4 000 / 5 000 €

Très jolie et rare lettre écrite de son château

de Cirey, et évoquant Voltaire

.

[Louis-Bufile de BRANCAS, comte de

FOR-

CALQUIER

(1710-1753), fils du maréchal de

Brancas ; officier, il était réputé pour son

esprit, et a laissé quelques comédies de

société.]

« Tous les lieux sont esgaux monsieur pour

le plaisir que me font vos lettres et je vous

assure que la solitude et les platras ne

peuvent augmenter le plaisir que m’a fait

la votre, vous n’avés pas besoin d’esprit et

d’imagination pour me faire sentir le prix de

vos attentions et de votre amitié […]

Jétois bien sure que M

e

de RICHELIEU vous

plairoit, elle joint les graces a la sureté du

commerce, sa societé est charmante et il faut

bien aimer son devoir et ses maçons pour

leur sacrifier une vie aussi aimable que celle

que je mesnois a Paris, je prendray bien mal

mon tems pour y revenir, la Cour sera de

retour a Versailles, toutes les beautés rassem-

blés, la societé brillante une champenoise

qui descend du coche doit bien s’attendre

a des degouts, et a se trouver roüillée »…

Elle est curieuse de savoir si la rumeur qui

donne M. le comte [de CLERMONT] quittant

la danseuse CAMARGO est vraie, et si oui,

pour qui il l’a fait.

« Le retour de la campagne pouroit deranger

les parties carrées, le chevalier de S

t

GER-

MAIN ne se lasse donc pas de rotir le ballet,

l’expression nest pas noble mais passés la

moi en faveur de la resemblance. »

Elle demande une parodie composée par

PONT-DE-VEYLE [Antoine de FERRIOL, frère

du comte d’Argental], avec la musique, et

évoque « cet homme qui escrit de si jolies

lettres avant moi »… Elle raille Mme d’AUTREY

[née Marie-Thérèse Fleuriau d’Armenonville

(1698-1754)] qui a eu « une nouvelle agonie.

Je nay point vû s’y familiariser a ce point la,

il me semble qu’elle ni familiarisera point le

public, on est toujours étonné de ce passage

subit des pomspons a l’extreme onction. Je

doutte que ce soit ainsi quil soit agreable a

rassembler les extremes […] Je vous prie de

me mander si cette derniere agonie a fait

le meme effet que lautre sur le cœur de

votre oncle ».

Elle réclame enfin des nouvelles de Paris,

faisant allusion à VOLTAIRE (sous la menace

d’une lettre de cachet, après la condamna-

tion des

Lettres philosophiques

au pilori et

au feu) : « jespere que laffaire de notre ami

finira, il est tems que tout ce bruit pour une

aumelette au lard finisse come il le mandoit

fort bien a d’Argental »… Elle s’arrête parce

que le papier lui manque, et conclut : « les

campagnardes sont bavardes »…

Provenance

Ancienne collection du marquis de L’AIGLE

(chemise et transcription autographes).