Catalogue de vente du 20 avril 2016
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Kapandji Morhange
Or, nulle part il n’est question d’un tirage sur papier de Hollande
pour notre Suite des conquêtes, ni d’exemplaires coloriés
. Nos
recherches ne nous ont pas permis d’en localiser ne serait-ce qu’un seul
dans les collections publiques (notamment BnF et Musée Guimet), et
nous n’en avons trouvé aucune trace dans les ventes aux enchères des
15 dernières années.
Le papier de cet exemplaire provient de deux ateliers hollandais les
plus estimés de l’époque, les maisons Van der Ley (contremarque
visible pl. III et pl. XX), et Blauw (pl. XVII).
Exemplaire d’exception, revêtu d’une élégante reliure de l’époque
en maroquin rouge finement orné, attribuable
à Bradel l’aîné.
Alexis-Pierre Bradel, dit Bradel l’aîné, successeur de son oncle Derôme
le jeune et également appelé Bradel-Derôme, fut actif à Paris dès
1772 (Thoinan,
Les relieurs français
, Paris, 1893, p. 220). La reliure
n’est pas signée, mais l’on observe une similarité de facture et des fers
semblables sur des reliures portant son étiquette, dans la collection
Mortimer L. Schiff : sur un
Télémaque
de 1790 ; et sur 2 ouvrages de
médecine de 1787 (S. de Ricci,
French signed binding in the Mortimer
L. Schiff collection
, II, New York, 1935, n° 140 et 142). De même,
R. Devauchelle lui attribue une reliure dont le décor inclut une frise
d’étoiles comparable à celle figurant sur les plats de notre exemplaire
(R. Devauchelle,
La reliure, recherches historiques…
Paris, 1995). Il
la date « vers 1792-1795. ». Notre exemplaire présente, sur le papier
de la garde inférieure, un filigrane daté de 1792 ; cette reliure peut
être logiquement datée dans la même fourchette de 1792 à 1795. Ses
dimensions sont d’environ 38,5 x 27 cm.
Une signature moderne soignée figure dans les marges de pied de 6
planches (pl. I, V, XI, XVI, XXI, XXIV) : «
Jean Drut
».
(
Inventaire du Fonds Français, Graveurs du XVIII
e
siècle,
T. XI, n° 54-
77 ; H. Cordier,
Bibliotheca sinica
, p. 641-642 ; H. Cordier, « La Chine
en France au XVIII
e
siècle », in
Comptes rendus des séances de l’Académie
des Inscriptions et Belles-Lettres
, 1908, vol. 52, n° 9, p. 765-766).
Voir les reproductions ci-contre et pages 60-61.
40000 / 60000 €
J. Aliamet, J.-P. Le Bas, Augustin de Saint-Aubin, François-Denis Née,
B.-L. Prévost, P.-P. Choffard, et N. de Launay. Les planches avec cent
exemplaires qu’on en tira furent envoyées à la Chine ; un très petit nombre
fut réservé pour la famille royale et la Bibliothèque du Roi.
» (Cordier).
Isidore-Stanislas Helman (1743-1806 ou 1809), graveur du duc de
Chartres et qui se distingua comme l’un des meilleurs élèves de Le
Bas, imagina de publier une réduction de cette suite augmentée de
planches nouvelles ; il en débuta la réalisation en 1783, et cet ouvrage
comprenant 24 planches fut terminé en 1788.
Rarissime exemplaire sur papier de Hollande et aquarellé à
l’époque.
C’est à notre connaissance l’unique exemplaire d’une si
haute qualité localisé à ce jour.
Publiée en livraisons, cette suite se trouve quelquefois accompagnée d’un
prospectus gravé qui tient lieu de titre, et où sont décrites les gravures.
Il existe au moins trois versions successives de cette annonce que nous
avons consultées; la première décrit les seize premières gravures; la
seconde mentionne en plus un «
Supplément formant 4 estampes
»; la
troisième décrit l’ensemble de l’ouvrage composé de 24 gravures. Nulle
part il n’est question de la qualité du papier employé à ces tirages, et tous
les « grands » exemplaires que nous avons examinés se trouvent imprimé
sur un papier d’Auvergne, certes de grandes dimensions, mais de facture
médiocre. Ce papier issu des moulins de Dupuy est typique des papiers
français de grands formats dont la qualité décline à la fin du XVIII
e
siècle,
supplantés par les productions de Hollande puis d’Italie. En revanche,
l’on trouve en marge de l’un de ces prospectus, une annonce pour une
nouvelle production de Helman, les
Faits mémorables des Empereurs de
la Chine
, dont la première livraison est prévue pour le 15 avril 1788.
D’un format plus réduit que la
Suite des Conquêtes
(soit in-4°), les
Faits
mémorables
sont proposés sur le même grand papier d’Auvergne, mais
également «
l’ouvrage entier peint à l’aquarelle sur papier d’Hollande
».
Nous connaissons l’un de ces exemplaires : c’est celui de la comtesse
de Provence, dédicatrice de l’ouvrage, relié à ses armes et conservé à la
Réserve des Estampes de la BnF (cote Oe 6 4°).
131.
[Chine]. HELMAN (Isidore-Stanislas).
[Conquêtes de
l’Empereur de la Chine. Suite des seize estampes représentant les
conquêtes de l’Empereur de Chine, réduite en dimensions et augmen-
tée de plusieurs planches.
A Paris, chez l’auteur et chez Ponce, 1783-
1788
]
. Suite de 24 planches gravées sur cuivre (env. 37
×
50 cm marges
incluses) et aquarellées, dont 3 assemblées formant un grand dépliant (env.
37
×
129 cm), reliure de l’époque maroquin rouge, dos lisse, titre doré,
roulettes, filets, fleurons, le tout doré, plats décorés d’un double encadre-
ment (à l’extérieur composé d’un double filet et d’une ligne de petits fers
floraux et
étoiles en alternance, à l’intérieur d’un filet dont les angles
sont constitués de deux petits fers formant un demi-cercle, les côtés
ornés en leur centre d’un fer en étoile bordé d’une double ligne avec
spirale), roulette aux coupes, dentelle intérieure, le tout doré, gardes de
soie moirée azur, tranches dorées, planches montées sur onglets (fines
taches éparses aux plats, frottements négligeables aux coupes ; étiquette
en tête du dos, petit travail de vers en tête d’une charnière intérieure).
Suite de 24 planches, rare et recherchée, illustrant les victoires de
l’empereur K’ien-Long (Qianlong)
, réalisée par le graveur Helman
d’après les dessins de quatre missionnaires et la suite qui en fut gravée
sous la direction de Charles Nicolas Cochin.
«
En 1759, l’empereur K’ien Loung annexa à son empire le Nord et le Sud
des T’ien Chan, Monts-Célestes, après une lutte acharnée, dans laquelle
se distingua le général chinois Tchao Houei contre les chefs
éleuthes
qui
occupaient ces régions. Pour commémorer ce glorieux événement, K’ien
Loung
fît exécuter une suite de seize dessins représentant les principales
scènes de la campagne par les artistes missionnaires qui se trouvaient
à sa cour, c›est-à-dire les frères Jean-Denis
Attiret, Joseph Castilhoni
et Ignace Sichelbarth, jésuites, et Jean Damascène, augustin déchaussé.
Par un décret du 13 juillet 1765, l’Empereur ordonna que les dessins
seraient envoyés en France pour être reproduits par les meilleurs graveurs
de l’époque […]. [L’on] confia à Cochin, secrétaire historiographe de
l’Académie, le soin de faire exécuter le travail qui ne fut terminé qu’en
1774. Huit graveurs bien connus y avaient été employés : L.-J. Masquelier,
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