Previous Page  55 / 116 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 55 / 116 Next Page
Page Background

53

Litterature

841

HUYSMANS KARL JORIS 1848 1907

CHEZ LE COIFFEUR

.

Manuscrit autographe signé, [1881].

3 pages in-folio liées par une ficelle.

5 000 / 6 000 €

Manuscrit autographe signé à l’encre noire sur

papier pelure ligné d’une nouvelle à l’humour

féroce : récit des sensations ressenties par l’auteur

chez le coieur.

Le manuscrit comprend 16 corrections, des

modifications et 5 ajouts.

Cette simple séance chez « le merlan » va se

transformer en supplice et quand il parvient à

s’extraire de l’antre du coieur il ressent :

… « Les démangeaisons que procurent les cheveux

coupés tombés sous la chemise. Alors l’odieux

supplice commence. Le corps enveloppé d’un

peignoir, une serviette tassée en bourrelets

entre la chair du cou et le col de la chemise,

sentant poindre aux tempes la petite sueur de

l’étouement, l’on reçoit la poussée d’une main

qui vous couche le crâne à droite et le froid des

ciseaux commence à vous faire frissonner le

derme… L’opération touche à sa fin, pourtant. L’on

se lève chancelant pâle, comme sortant d’une

longue maladie, guidé par le bourreau qui vous

jette la tête dans une cuvette, puis la comprime

fortement à l’aide d’une serviette et la reporte dans

le fauteuil où pareille à une viande échaudée, elle

gît, sans mouvement, très blanche. Il ne reste plus

qu’à subir le dégoût des manipulations finales,

l’enduit de poix rance, écrasée dans les paumes

et plaquée sur le crâne écorché de nouveau par

les dents des peignes. C’est fait, on est dégarrotté,

debout libre et lentement, couvant un rhume,

l’on retourne chez soi, admirant l’héroïsme

des religieux dont les chairs sont, nuit et jour,

volontairement grattées par les âpres crins des

durs cilices » …

Le texte de ce manuscrit parut pour la première

fois dans la revue « La Vie Moderne » le 19 février

1881 et fut publié dans le recueil « De tout » aux

éditions Stock en 1902.