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Litterature
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CÉLINE LOUIS FERDINAND 1894 1961
L.A.S. À DARAGNÈS. Korsör, 1946. 8 pages grand in-4.
4 000 / 5 000 €
Lettre autographes signée adressée à Jean Gabriel Daragnés de
Klarskovgaard près de Korsör, Danemark. 8 pages grand in-4 à
l’encre bleue.
Céline après 18 mois dans les prisons danoises s’est réfugié sur les
bords de la mer baltique chez son avocat Thorvald Mikkelsen. Il se
plaint de ses conditions de vie spartiates à Korsör et envisage de
s’installer en Espagne. Il précise au peintre Daragnés avant le départ
de ce dernier pour le Maroc : « Mon cher vieux, je voudrais foutre
le camp. Crois le… Ne vois pas tout ça en rose, c’est pas rose… »
Fait rare chez Céline, il parle ici de création littéraire.
Préparant la réédition de « Voyage au bout de la nuit » et de « Mort à
crédit » chez Frémanger sans avoir demandé l’accord de sa maison
d’édition Denoël, dirigée par Jean Voilier (pseudonyme de Jeanne
Loviton). Il craint les réactions de « La garce » … Surement procès. » …
Découragé par les tourments financiers, il n’a « plus le cœur à Casse-
pipe ». Il est cuit. Ni à « Guignols » cuit aussi.
Il se désespère de terminer « Fééries » : « Ce sera le bout du monde ».
Lettre importante de Céline.
Lettre 29 (25 octobre 1946), 2 pages autographes signées.
Lettre 30 (29 octobre 1946), 2 pages autographes signées
Lettre 31 (30 octobre 1946), 2 pages autographes signées,
7 coupures de journaux : 78 pages dont 40 pages autographes
montées sur onglets.
… « Mon cher maître ci-joint l’article des Lettres Françaises journal
communiste, où le scribouillard Claude Morgan (que risque-t-il ?)
me couvre évidemment d’ordures et me jette dans le même sac, le
« sac aux traîtres » que Bernanos écrivain catholique de la Résistance…
Tout le monde y passera ! Mais l’intéressant de cet article est que la
clique Claude Morgan montre l’oreille, on reconnait le ton acharné,
épileptique, délirant de ceux qui ont écrit la fameuse lettre à votre
ministère des aaires étrangères, les mêmes certainement qui ont
obtenu le mandat d’arrêt pour « trahison », les mêmes qui ont assassiné
Denoël. Les lâches émanent dans leurs actions d’une certaine odeur
qui les fait reconnaître… »
« Ma femme me raconte qu’il s’agit d’une très haute personnalité
politique française qui veut ma perte… Imaginez ce ministre mettant la
justice à son service à celui de ses rancunes ou de son parti pour aller
pourchasser un malheureux écrivain qui ne fait de tort à personne au
nom d’un crime inventé, imaginaire… Au surplus ce grand personnage
pour perpétrer son mauvais coup désire rester anonyme ! C’est
complet. Canaille et lâche. C’est ainsi que l’on assassine. Masqué
ou aux coins des rues la nuit » …
Importante et exceptionnelle correspondance de Louis-Ferdinand
Céline emprisonné au Danemark.