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18

les collections aristophil

809

CAMUS ALBERT 1913 1960

ÉTUDE SUR LA PESTE D’APRÈS THUCYDIDE ET LUCRÈCE.

Manuscrit autographe, (milieu des années 1940).

4 pages ½ in-4.

12 000 / 15 000 €

Important manuscrit d’Albert Camus comportant de nombreuses

corrections autographes et ajouts dans lequel il disserte sur Thucydide

et Lucrèce, observateurs grecs et romains des eets de la peste.

Cette version du texte n’a apparemment jamais été publiée.

A-t-elle été menée avant la rédaction de « La Peste », publiée pour

la première fois en 1947 ?

Dans l’édition des Œuvres complètes de l’auteur aux éditions de

La Pléiade, une autre version de ce texte fut publiée sous le titre :

« Commentaire de Stephan sur Thucydide et Lucrèce. Fragment

du chapitre V de la 3

ème

partie ». Le manuscrit de cette version est

détenu par la BNF.

Le manuscrit présenté ici contient quelques corrections qui ne sont

pas publiées dans l’édition de la Pléiade.

Camus indique : «Thucy précise et Luc enseigne. Thucy écrit que les

hommes mourraient comme des bêtes. Luc ajoute que leur gorge

toute noire distille une sueur de sang, que les crachats rares, menus,

couleur de safran et sales sont arrachés avec peine du gosier par

une toux rauque et qu’enfin un hoquet ininterrompu tue le patient et

met le comble à son épuisement » …

Camus fait part de sa totale empathie face à la sourance et l’horreur

provoquées par la peste. Il se moque des prières de Lucrèce à Dieu :

… « A nous d’ajouter la prière, Dieu des brebis, je t’adore dans les

hoquets et les crachats… Dieu des brebis, voici le sel de ma sueur de

sang. Et le Dieu des brebis approuve et gronde, rumine et se délecte.

Je leur envoie la mort en troupeau, accompagnée d’une odeur infecte

pour que personne ne songe à toucher ces victimes réservées.

Et comme dit Luc, les oiseaux et les bêtes sauvages s’écartent alors

de cette proie. »

Camus se range plutôt du côté de Thucydide, l’historien objectif qui

note que les scientifiques ne peuvent rien pour arrêter l’épidémie.

Camus partage son désespoir et malgré tout sa quête d’un remède.

Ce remarquable texte d’Albert Camus apporte un éclairage d’un grand

intérêt sur l’un de ses chefs d’œuvre, la Peste.