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Il cite malicieusement une pancarte vue à Nîmes :
La maison Platon n'a pas de succursale
, et assure qu'il
l'aime
autant hors de la chair que dans la chair…
Il réitère donc ses conseils :
Il faut donc que ta vie ne soit
pas confinée dans ta chair, il faut que parfois tout ton cerveau, toute ton âme, tout ton cœur se mettent entre
ton doigt délicat et ton bouton délicieux et en empêchent le voluptueux contact.
Suit, sans transition, un poème de 24 vers, évocation lyrique de la guerre en Europe :
… Le fantassin blond fait la chasse aux morpions sous la pluie
Un belge interné dans les Pays-Bas lit un journal où il est question de moi
Sur la digue une reine regarde le champ de bataille avec effroi
L'ambulancier ferme les yeux devant l'horrible blessure
Le sonneur voit le beffroi tomber comme une poire trop mûre
Le capitaine anglais dont le vaisseau coule tire une dernière pipe d'opium…
Toute la fin est consacrée à Lou :
… Mais mon cri va vers toi mon Lou tu es ma paix et mon printemps
Tu es, ma Lou chérie, le bonheur que j'attends
C'est pour notre bonheur que je me prépare à la mort
C'est pour notre bonheur que dans la vie j'espère encore
C'est pour notre bonheur que luttent les armées…
Il termine sur un jeu de mots :
Mon amour, ô mon Lou, mon art et mon artillerie.
Lettres à Lou
(éd. M. Décaudin), lettre n° 50.
Infimes restaurations de scotch aux pliures.