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Livres dédicacés et lettres autographes
à Louise de Coligny-Châtillon, la célèbre Lou
Le poète s’est engagé volontaire dès la déclaration de guerre. En attendant son affectation, il part donc à Nice où il fait la
connaissance le 27 septembre d’une jeune femme de trente-trois ans dont il tombera éperdument amoureux : Louise de Coligny-
Châtillon, future Lou. Divorcée depuis deux ans d’Emmanuel de Coudenhove, elle habite alors chez la cousine de son ex-mari Edmée
de Marotte de Montigny à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Elles sont toutes deux infirmières bénévoles à l’hôpital militaire et mènent une vie
assez libre. André Rouveyre décrivait ainsi Lou : “Gracieuse et novice aventureuse, frivole et déchaînée, prodigue à la fois et avare de
soi, imprudente et osée, et plutôt d’ailleurs pour la frime que pour l’enjeu”.
Le 6 décembre, lassé des dérobades de Lou, Apollinaire précipite son départ et part donc faire ses classes à Nîmes au 38
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régiment
d’artillerie de campagne. Piquée par son départ, bien plus qu’amoureuse, Lou le rejoint à Nîmes et s’enferme une dizaine de jours
avec lui à l’Hôtel du Midi. C’est alors la découverte de la volupté. Après quelques semaines, l’euphorie des premiers jours s’atténue.
Lou est de plus en plus lointaine, ses lettres s’espacent. Gui accepte de la partager et que l’amitié remplace l’amour. Les deux amants
se sont vus à Marseille le 28 mars 1915, rencontre décevante, plus aucun espoir de renouement n’est possible. Touché bien plus qu’il
ne veut le montrer, Apollinaire se porte volontaire au prochain départ pour le front. Quittant Nîmes le 4 avril, il arrive le 6 avril à la
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batterie, dans la région de Mourmelon-le-Grand, département de la Marne, région Champagne-Ardennes. Leur relation se
transforme peu à peu et progressivement Madeleine va remplacer Lou. Ils se rencontreront une dernière fois et fortuitement en 1917
ou 1918 à Paris, place de l'Opéra. "A ce moment Apollinaire avait été trépané. Ils allèrent se réfugier quelques instants, pour parler,
sous cette grande porte jaune.
[…]
Entrevue navrante pour tous deux. Une sorte de fuite intime de part et d'autre. Lui était d'ailleurs
déjà atteint, très émotif. Puis, se trouver ainsi soudain auprès d'une femme qu'il avait si profondément aimée et qui l'avait déçu…
Reproches, entretien assez pénible. Entretien écourté où ils se sont regardés avec tristesse, et avec l'impression qu'ils ne se reverraient
plus. Ce qui devait être, en effet" (André Rouveyre,
Apollinaire
, NRF, 1945, p. 202).
Apollinaire meurt de la grippe espagnole le 9 novembre 1918 à l'âge de trente-huit ans.
12. Louise de COLIGNY-CHÂTILLON (Lou). Photographie originale. Tirage argentique de l’époque.
Signée Feneyrol, Cannes (9 cm x 15 cm). Sous chemise demi-maroquin noir moderne.
200 / 300
€
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