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du peuple
, y trouver le moindre moyen d’existence. Je regrette seulement de n’avoir pas quelques milliers de francs pour la
lancer dans le public. Un ami m’a avancé 3000
ff
qui me servent à faire les frais. 1000
ff
de plus me serviraient à faire les annonces
ou à user de quelque autre moyen plus populaire de publicité, et Mazzini m’a dit que vous me les offriez. Mais, avant de les
accepter, je veux vous dire la situation de l’affaire. Ce journal ne peut plaire à la bourgeoisie ennemie de la république, et n’aura
aucun succès, aucun
produit
de ce côté-là. Avant qu’il aille au peuple, qui est plongé dans la misère, il faut se résigner à servir le
journal à peu près
gratis
pendant trois mois. Au bout de ce tems, si les clubs s’abonnent l’affaire pourra marcher d’elle-même,
faire encore ses frais, ou arriver à des profits. Mais il m’est impossible de prévoir si la situation matérielle de la France me
permettra de continuer cette publication, et si les petits sacrifices de mes amis ne seront pas perdus. Je n’ai pas besoin de vous
dire que ma volonté est de les rembourser, mais je ne peux pas garantir que cela me sera possible avant un certain tems, car nul
de nous en France, parmi ceux qui ont cru de leur devoir de ne rien mettre en réserve pour les mauvais jours, ne peut dire s’il
aura de quoi diner le mois prochain.
Donc, pour conclure, si vous êtes riche, ou si vous êtes, pour l’offrir votre aide, plusieurs personnes pouvant risquer un
sacrifice sans porter atteinte à leur existence, envoyez-moi 1000
ff
. Ils serviront du moins à répandre quelques idées que je
crois utiles pour le peuple. Si vous êtes pauvre et si le sacrifice est trop onéreux pour plusieurs personnes, ne le faites pas, car il
pourrait être matériellement perdu.
Vous devez être étonnée d’apprendre combien la France est pauvre en ce moment-ci. Ne vous en affectez pas, elle est riche
d’idées et de sentimens, et cette misère où je me trouve jetée avec le peuple est le tems le plus doux de ma vie. Je n’ai pas à me
reprocher de m’être mise d’avance en mesure de m’en préserver. J’ai vécu au jour le jour, gagnant et donnant. Le peuple est gai
comme moi. Dans ses fêtes patriotiques, il est à jeun et il chante. Quel peuple ! Mon amie, je voudrais que vous les vissiez ; c’est
le plus beau spectacle que l’histoire ait jamais offert. […] Si je ne puis continuer d’écrire, j’irai causer dans les ateliers et dans
les cabarets, car ici il y a autant à apprendre du peuple qu’à lui enseigner »….
198.
Anaïs SÉGALAS
(1814-1895) poétesse. 22 L.A.S, 1833-1873 et s.d., à divers ; environ 35 pages in-8, la plupart à
son chiffre.
200/300
Bel ensemble.
1
er
mai 1833
, à l’éditeur Urbain Canel, envoi d’une nouvelle pour publication…
11 février 1837,
au directeur
du
Moniteur
, remerciant pour le « délicieux article de M. Champagnac »...
13 août
, au sujet d’un rendez-vous avec Marie
Dorval…
[1842 ?]
, proposant au
Constitutionnel
une article sur les
Fables
du baron de Ladoucette…
6 mars 1847
, à Eugénie
Niboyet. Occupée par les répétitions de
La Loge de l’Opéra
à l’Odéon, elle ne peut se charger de « recueillir une chronique
des salons » pour Paulin Niboyet, mais enverra ses prochaines pages inédites pour
L’œil du Diable
ou
Les Soirées de Paris... 22
janvier 1865
, au directeur de
La Revue de Paris
, remerciant de l’article sur
Nos bons parisiens
, « qui est une véritable étude
de mon livre, mais une étude bienveillante, où les défauts sont laissés dans l’ombre »...
13 mars 1866,
à un directeur de musée,
flattée qu’il souhaite exposer son portrait...
Janvier-février 1873
, proposant « un roman en 32 feuilletons, qui a pour titre
Les
Magiciennes d’aujourd’hui
»...
Mardi 21 novembre
, à l’acteur Ballande, demande de places pour une de ses matinées au
Vaudeville, et louant les acteurs de ce théâtre… D’autres remerciements, recommandations, etc. On joint une carte de visite,
un portrait gravé, et dess coupures de presse.
199.
Cécile SOREL
(1873-1966) actrice. 6 L.A.S., Paris ouVichy 1917-vers 1930, au colonel, puis général LouisMougin ;
11 pages formats divers, la plupart à en-tête
Comédie Française
ou
Hôtel Radio
, une enveloppe.
200/300
26 décembre 1917
. Elle serait ravie de le recevoir à déjeuner ou à dîner,mais en tout cas « nous organiserons une représentation,
trop heureuses de vous être agréables ainsi qu’à vos chers soldats »...
20 mai 1918
. « J’ai su que vous, et votre régiment aviez
été admirables dans ces derniers combats ; je vous fais tous mes compliments et continue à être fière de votre amitié »...
20
septembre 1918
. « J’ai été infiniment touchée de recevoir une carte de vous en pleine bataille et d’apprendre les magnifiques
succès de votre beau régiment sans cesse renouvelé. J’ai fait encadrer vos trois belles citations auxquelles s’ajoutent tous les
jours l’enthousiasme de ceux qui connaissent votre héroïque conduite »... Elle souhaiterait venir avec quelques camarades,
« vous apporter une distraction d’art bien méritée »...
5 janvier 1919
. « Je vous espère bientôt pour vous donner l’accolade que
l’on doit aux victorieux et me ferai une fête de vous suivre en pays conquis. Votre régiment me reste cher entre tous »...
[9 juillet
1930]
. Dans sa joie de le retrouver, elle avait oublié qu’elle avait déjà un engagement à déjeuner. « Consolez-moi en venant dîner
avec nous à Paris, dès votre retour »...
On joint 2 L.A.S. et une carte de visite a.s. de Marguerite Deval.
200.
Jean-Louis Giraud SOULAVIE
(1751-1813) littérateur. L.A.S., Paris 31 janvier 1807, à un éditeur ; 4 pages in-4.
200/250
Sur ses
M
émoires
de
R
ichelieu
. « Il est bien juste et bien naturel, que si vous ne voulés pas vous occuper de l’édition des
Mémoires de Richelieu
, je profite du produit de cet ouvrage. Et il est également juste et naturel que vous soyés préféré à
tout autre. Vos registres prouvent qu’il s’est vendu uniformément deux éditions de cet ouvrage, livrées à 3 mille, pendant la
Révolution, pendant la Contre Révolution et sous l’Empire de Napoléon. Buisson a permis qu’on annonçât dans les catalogues
de divers libraires des contrefaçons. Ces faits prouvent que l’ouvrage est nécessaire au commerce et vous avouez que je ne puis
me priver du bénéfice que je dois en attendre ni me fonder sur une époque de réimpression que vous ne déterminez pas. Je suis
disposé à vous donner pour le prix et pour le nombre de volumes toutes les facilités [...] Vous devez reconnaître combien le litige
contre Mr Buisson, qui fit composer une
Vie de Richelieu
compilée sur les mémoires, était naturel. Je ne dois pas permettre que
cette
Vie
existe exclusivement, à mes dépens, sans pouvoir vendre mes
Mémoires
»...