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rôle. – Jusqu’à son dernier jour nous avons vu Chateaubriand poser et chercher à s’accrocher à la mode de l’idée présente en

même temps qu’à celle des idées passées pour

tout résumer

et contenir en lui tout ce qu’il pouvait de notre siècle, r’ouvrir à la

dérobée ses mémoires pour y glisser des prophéties

anti-datées

et écrites après les événemens ».

Quant à Lamartine, il faut le voir « solemnel et ferme à la tribune » pour comprendre que « la Rêverie du

Suicide Raphaël

est un poison bien lent [...] et qu’on le pourrait prendre comme un cordial très-fortifiant »...

Pour les exemples de

suicides de vanité

, Vigny attire l’attention sur celui du « pauvre petit enfant gâté Escousse [...] c’est

un déplorable exemple de ce que peuvent sur les faibles têtes les premiers enivremens du théâtre »... À propos des désespoirs

de Gros et de Nourrit, il faut « corriger en passant la Critique de sa cruauté envers les grands artistes courbés par l’âge et le

Public de ses inconstances insolentes »...

Vigny raconte longuement le suicide du Corse Viterbi qui, condamné à mort mais voulant épargner à sa famille la honte de

l’échafaud, « résolut de se laisser mourir de faim, cachant avec adresse les vivres qu’on lui apportait, il dépérit ainsi pendant (je

crois)

vingt jours

, écrivant heure par heure, (pour la Science, pour vous) ce qu’il éprouvait, avec une constance admirable »...

Entraîné par le sujet – « il est à présent deux heures après minuit » –, Vigny veut encore parler des

ennuyés blasés

: « ils

manquent

de cœur

bien plus que d’esprit et n’aiment rien. – Il suffit d’aimer un être quelconque [...], amour passionné, ou filial,

ou conjugal, ou fraternel, ou paternel ou seulement d’amitié pour tenir à la vie par la pensée du désespoir qu’on donnerait à

la créature chérie qu’on laisserait sans l’appui habituel et nécessaire de toute sa vie. Quand j’étais un insouciant officier je ne

craignais ni la maladie ni la mort, mais pendant les

cinq

années où vous m’avez vu garder ma pauvre mère et lui donner à force

de soins une vie artificielle et prolongée bien loin audelà du terme qui semblait marqué par la nature, dans ces cinq ans que je

reprenais de force à la mort, je craignis souvent de succomber à mes inquiétudes et à mes insomnies et je le craignais pour elle

et pour sa fille étrangère Lydia, si bonne pour elle et surchargée d’un tel fardeau en pays presque inconnu. Je m’attachais plus

que jamais à la vie, par cette souffrance même, car vouloir la quitter c’eut été assassiner à la fois deux personnes chéries et dont

j’étais la vie »...

Puis il évoque sa réception à l’Académie française (9 janvier 1846, où le discours de Molé se transforma en diatribe

malveillante contre Vigny ; Vigny refusa ensuite d’être, comme le voulait la tradition, présenté au Roi par Molé) et remercie

son correspondant de montrer « tout le mépris que méritait cette diatribe qui souilla ma réception. Vous avez relevé l’une des

nombreuses ignorances de ce pamphlet ridicule qui fut comme vous le savez une

Vendetta politique

que je punis par l’affront

public du refus de présentation »..

Il espère revoir son ami à Paris et se livrer avec lui à ses « causeries préférées ». Il se réjouit de l’amélioration de la santé de

sa femme Lydia en Charente, tout en craignant « d’éveiller la maladie qui avec elle semble écouter aux portes ».

Anciennes collections du Marquis de

L’A

igle

(1973, n° 267)

, puis du colonel Daniel

S

ickles

(II, 1989, n° 557).

212.

Charles VILDRAC

(1882-1971). Manuscrit autographe signé,

Chant d’un fantassin

, [1919] ; 2 pages petit in-4

(qqs marques au crayon de l’imprimeur), et gr. in-4 en feuilles.

100/120

Manuscrit mis au net de ce poème de 35 vers, ayant servi à l’impression :

« Je voudrais être un vieillard

Que j’ai vu sur une route ;

Assis par terre au soleil,

Il cassait des cailloux blancs »...

On joint la plaquette imprimée du

Chant d’un fantassin

, avec une gravure sur bois de O. Eichaker (Paris, Picart, coll. « Un

poème une image », achevé d’imprimer 3 novembre 1919), un des 25 exemplaires hors commerce (n° XXII), in-4 broché, signé

par l’auteur à la fin du poème.

213.

Henry Gauthier-Villars

dit WILLY

(1859-1931) journaliste, critique musical et romancier, premier mari de

Colette. Manuscrit autographe signé « Henry Gauthier-Villars »,

Les Premières

, [1900] ; 1 page et demie petit

in-4 avec ratures et corrections (découpé pour l’impression et remonté).

150/200

Chronique musicale sur

Euphrosine et Coradin,

opéra-comique en 3 actes de Méhul, livret d’Hoffmann, représenté au

Théâtre Lyrique de la Renaissance en février 1900. « C’est dans

Euphrosine et Coradin

que, préoccupé d’appliquer à la comédie

musicale les théories que Gluck avait fait triompher dans l’opéra, Méhul, pour la première fois, tenta d’élargir le cadre étroit de

l’opéra-comique tel qu’on l’avait jusqu’alors pratiqué et d’y introduire la peinture de la passion. Le livret d’Hoffmann rappelle

celui des

Trois Sultanes

, mais très poussé au sombre, en dépit d’un rôle, d’ailleurs parfaitement inutile, de médecin bonhomme

et qui veut être plaisant. […] Infiniment supérieure à cette anecdote de Favart dramatisée, la musique de Méhul ne laisse pas que

de paraître un peu fanochée aujourd’hui : on ne date pas impunément de 1790. Mais les qualités de grâce, de finesse, d’éclat, mais

la passion et le mouvement dramatique tant loués chez Méhul par les

Soirées de l’Orchestre

[Berlioz] s’y perçoivent encore. On

trouve aussi dans cette partition des embryons de “leitmotive”, pas méchants, et M. Arthur Pougin – le dernier antiwagnérien

– en a pris prétexte, dans son gros ouvrage sur Méhul, pour dire son fait à l’homme de Bayreuth, qu’il écrase sous les noms des

compositeurs ayant pratiqué le leitmotive avant lui : Weber, Grétry, Mozart »…

214.

Émile ZOLA

(1840-1902). L.A.S. sur sa carte de visite, à M. Bloch ; 1 page obl. in-24 à son adresse

Rue de

Bruxelles, 21 bis

(lég. traces d’encre violette).

300/350

Il l’attendra « après-demain, vendredi, si vous voulez bien vous présenter chez moi, à une heure et demie »… On joint une

enveloppe autographe adressée à Henri Leyret (16 mars 1898).