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20 avril 1921
. De Kristiania, Morand envoie d’amusantes impressions de Norvège : ébats érotiques d’un couple dans la
chambre voisine, gens affreux (« profils lapons ; c’est qq.chose comme le type mongoloïde avec le teint anglais. Seul le cheveu
pâle genre soleil de minuit »), restaurants avec « des harengs en or »… Évocation du Palais de Danse à Berlin... Réflexions
nostalgiques sur « les Samedistes » qui devraient « se rallier à la bienveillance, non pas forcée, mais librement concentie […]
tout le monde est mal. Alors il faut en conclure que tout le monde est bien et que ceux qu’on a choisis sont mieux »… À la fin
de la lettre, amusant dessin à la plume d’une « vue de Copenhague ».
30 octobre 1921
. Visite au Salon d’Automne, où il croise Mme André Breton coiffée d’un « bonnet conique », Jean-Gustave
Tronche qui a quitté la NRF, Auric... « On a repris le chemin du bar samedi : les Bertin, Caryathis amoureuse, Irène [Lagut],
Auric, Radiguet qui vient de finir, dit Jean, un roman sublime, genre Adolphe [
Le Bal du comte d’Orgel
], Dominique etc. [...]
Poulenc a travaillé ses
Promenades
, pour Rubinstein. Milhaud soigne sa mère. […] Dinette chez Marie Laurencin. […] Après
de laborieuses négociations, j’ai remis mon manuscrit [
Ouvert la nuit
] à Gallimard et je paraîtrai vers février. Vu Proust cette
nuit qui finit
Sodome
II. […] Je commence une série de portraits d’hommes », et il dessine à la plume son voisin Émile Henriot
en manteau et chapeau...