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d’Esclarmonde, comtesse de Montségur : « De-longo Naturo reparo sì perdo »…
Escri souto un tablèu representant la vendémi
,
deux quatrains sur un tableau représentant les vendanges : « Acò fai gau, de vendemia / Li bèu rasin que pènjo i souco »…
À Dono Marìo-Terèso (Madamo Francis de Croisset), rèire-rèino dóu Felibrige, pèr la benastruga dóu bèu pichot que vèn
d’avé
, 21 juillet 1911 ; charmant sizain, publié dans l’
Armana prouvençau
de 1912, pour Mme Francis de Croisset, née Marie-
Thérèse de Chevigné, reine du Félibrige, à l’occasion de la naissance de son fils Philippe de Croisset (1911-1965) :
« Salut, o Rèino d’Arle ! Après la flour lou fru »…
On joint des copies manuscrites de trois poèmes de Frédéric Mistral, dont 2 avec additions autographes ; en provençal.
Cansouneto batismalo de ma filoloMirèio Roumieux
(titre et date autographe « Bòu-caire, 15 de Setèmbre 1861 »), chansonnette
provençale de Mistral pour le baptême de sa filleule Mireille, fille de Louis Roumieux (2 p.).
La Fèsto vierginenco
, poème de
Mistral en hommage à la fête des Vierges qu’il institua en 1903 à Arles (5 p., avec 2 vers autographes).
Li Meissoun, tros dóu
cant proumié
, copie et étude par Pierre Devoluy sur ce poème inédit. Plus 6 imprimés : tiré à part et plaquette de Mistral,
annonce, bulletin de souscription pour
Lis Oubreto en vers
de Roumanille ; plus un manuscrit autogr. de Thérèse Boissière-
Roumanille.
166.
Henry de MONTHERLANT
(1896-1972). 3 L.A.S. et 3 tapuscrits (un annoté et un signé avec additions
autographes, 1944-1947, [à Louis Parrot] ; 6 pages in-4 et 31 pages in-4.
500/600
10 mai 1945
. C’est le premier jour de la paix qu’il a lu ses deux beaux livres,
Où habite l’oubli ?
dont il a surtout aimé les
pages sur le théâtre, et
Paille noire des étables
, « où je trouve à la fois un “climat” que je n’ai pas connu – et que je regrette
qu’on ne m’ait pas fait connaître, au lieu de m’en tenir à l’écart, – celui de la clandestinité ; et [...] celui de l’enfance avilie, que,
lui, je connais, par la Croix Rouge suisse-secours aux enfants, dont je m’occupe depuis trois ans »... Il joint un tapuscrit,
Le
Cinquième Hiver
(7 p.), de février 1944 [recueilli dans
Textes sous une occupation
, 1953] : évocation de la misère, la détresse,
la lassitude de la population, et du courage d’amour-propre des enfants...
25 octobre 1945
. Éloge du
Mozart
de Parrot : « une
biographie orchestrée, où l’on perd quelquefois le thème principal, mais sans jamais le regretter, tant tout ce que vous avez
à dire est riche pour l’intelligence ou la sensibilité. Votre personnalité, qui n’a rien de tumultueux, “classique” même, si ce
mot a un sens, déborde le sujet, dans une profusion qui fait une disparate curieuse avec la langue si pure et reposée dans
laquelle vous l’exprimez »... Et d’évoquer l’émotion qu’il ressentit devant le Mozart enfant du Musée Grévin...
27 avril 1947
. Il
apprécie l’
honnêteté
du livre de Parrot : « Certains de vos épisodes se gravent ineffaçablement dans l’esprit (je veux dire : dans
quelque chose de meilleur que l’esprit) »... Par hasard, il a lu le même jour
Pour une église
: « autres paysans et autres moines
réconciliés » : L.M. [Loys Masson] s’étonnerait sans doute de savoir que Montherlant avait écrit « il y a 20 ans, dans un petit
livre à tirage restreint,
Pour une Vierge noire
, bien de ces mêmes choses qu’il sent et dit en polémiste de bonne pointe et en
poëte, mais avec quelque surcharge qui n’est pas chez vous »...
Appendice
(2 p. dactyl.), daté 1
er
mai 1941, au bas duquel Montherlant a ajouté de sa main : « paru dans
Le Solstice de juin
–
octobre 1941 », correspondant à une partie de l’essai intitulé
La Sympathie
, dans le
Solstice
: récit de la manifestation devant le
mur des Fédérés, au Père-Lachaise, le 24 mai 1936. – Le troisième texte, signé (22 p., avec additions autogr.), est une défense de
sa conduite sous l’Occupation, exposant sa position à l’égard de la guerre, ses rapports avec Vichy et avec l’occupant, ses écrits et
sa collaboration aux journaux allemands et français, sa position vis-à-vis les israélites et les alliés, etc. Il ajoute de sa main : « En
plus de trois ans de ma présence à Paris sous l’occupation,
deux
Allemands ont passé le seuil de mon appartement quai Voltaire.
M. Heller, venu deux fois m’inviter à Weimar ; un D
r
S..., antinazi, venu une fois.
C’est
tout
. »
On joint une longue L.A.S. de René Lacôte à Louis Parrot (5 p. in-4), évoquant le « cas Montherlant », « pénible car lui a
un sacré talent », puis Jouhandeau (sans talent), Giono (« sérieusement dégringolé bien avant 39 »), Chardonne (« le vide de
cette œuvre »), Reverdy (grand poète sans grand tirages)...
167.
Paul MORAND
(1888-1976). 4 L.A.S., 1920-1924, à Valentine Hugo ; 13 pages in-8 ou petit in-4, 2 enveloppes.
1 200/1 500
Belle correspondance, pleine de fantaisie et d’amicale gaîté, écrite « au temps du Bœuf sur le Toit » et des Ballets Russes,
où défilent Proust, Cocteau, Satie, Radiguet, Coco Chanel, Misia, etc. Deux lettres sont ornées d’un dessin à la plume.
23décembre 1920
, « au lendemain matin de la 1
ère
de
Parade
. Nous avons pré-réveillonné avenue d’Eylau. J’ai perdu ma
cravate et mon chapeau. Jean [Cocteau] a cassé le piano avec Auric. Stravinsky a bu la vodka comme la Volga etc. C’était très
beau et nous vous avons bien regretté. On recommence demain chez Chanel »... Il a trouvé un petit pavillon rue Daubigny.
2 janvier 1921
. Il envoie ses doubles vœux « mais non en des vers d’un-professeur-d’anglais-ayant-des-loisirs [Mallarmé]
et qui nous gâtent à jamais le faune avec ses marrons glacés à la main ». Puis Morand parle de la brouille entre Cocteau et
Gallimard, à cause du livre
L’Éventail de Marie Laurencin
, puis de la reprise de
Parade
: « tout uniment un succès ; c’était
plus au point qu’en 1917 ; la petite fille était une merveille de triste enfance foraine et le cheval avait au dos une petite selle
de toile bleue délavée qui ajoutait au plaisir. Tout ceci, beaucoup grâce à Jean qui se divisa et muliplia ». Suit une soirée folle
avec les Russes : « Auric se fendit les doigts sur le piano et le sang coulait sur le clavier. Jean, désarticulé, initiait la duchesse de
Gramont à un cancan brisé [...] Drieu et Larionoff s’étayaient penchés comme des murs de mansarde. Chanel, les jambes en
l’air, ronflait sur un canapé. Stravinsky buvait son ammoniaque. J.M.S[ert] prenait dans les pardessus renversés une leçon de
natation. Miassine faisait au centre du parquet, très vite, des choses tout seul, et puis tombait d’une masse […] Ansermet à qui
Misia voulait couper la barbe s’était entouré la tête d’une serviette »... Au réveillon chez Chanel, Cocteau a fait du jazz « sur la
grosse caisse bleue et blanche de Stravinsky. […] On s’amusa moins, malgré un incomparable souper ». Cocteau passa au jour
de l’an « une nuit de débauche au Pélican », qui vient d’ouvrir. « Vous lirez la préface de Proust dans mon livre [
Tendres Stocks
]
qui va paraître [...] Je fais un autre volume de nouvelles [
Ouvert la nuit
] pour l’été », mais n’a que son dimanche après-midi
pour travailler... Il va s’installer rue Daubigny, dans « cequartier idiot – 1875 – peluche et fer forgé – de la Plaine Monceau »...