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Le Monde est nul
est un long poème en sept sections, chacune sur une page. Citons le début :
« Fausses guenons et fausses araignées
Fausses taupes et fausses truies
Et parfois l’ombre d’une biche
Sauvagement bêtes et malheureuses
Timidement femmes illuminées »...
Le Cimetière des fous
, qui le suit, comprend 13 vers :
« Ce cimetière enfanté par la lune
Entre deux vagues de ciel noirci
Ce cimetière archipel de mémoire
Vit de vents fous et d’esprits en ruine »…
66.
Paul ÉLUARD
. Poème autographe signé,
Critique de la poésie
, [1944] ; 1 page in-4 (sur feuillet ligné de classeur).
1 200/1 500
Très beau poème en hommage aux poètes martyrs, qui conclut le recueil
Le lit la table
, publié en Suisse au début de 1944 ;
il a été également publié dans
Poésie 44
(n° 20). Éluard y évoque les morts de Garcia Lorca, de Saint-Pol Roux (et le supplice
de sa fille Divine), et de Jacques Decour. Le poème, de 25 vers, est soigneusement écrit à l’encre noire, et la marque légère des
plis montre que le poème a été plié et envoyé sous enveloppe. Le premier vers présente une variante avec le texte publié.
« Le feu fait danser la forêt
Les troncs les cœurs les mains les feuilles
Le bonheur en un seul bouquet
Confus léger fondant sucré
C’est toute une forêt d’amis
Qui s’assemble aux fontaines vertes
Du bon soleil du bois flambant
Garcia Lorca a été mis à mort »…
67.
Paul ÉLUARD
. Manuscrit autographe, [
Henri Rousseau le Douanier
, 1944] ; 1 page in-4.
700/800
Manuscrit de travail d’un texte sur le Douanier Rousseau, publié dans le catalogue de l’exposition
Henri Rousseau le
Douanier
organisée par le Front national des Arts au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris (22 décembre 1944-21 janvier
1945). Le manuscrit, avec de nombreuses ratures et corrections, présente d’importantes variantes avec le texte publié. Il est
précédé d’un quatrain d’Apollinaire.
« Gentil parce que c’est un bon homme qui manie le pinceau comme pas un, qui fait le portrait le paysage à la barrière,
gentil Douanier ami d’Apollinaire, gentil Douanier ami de Picasso et ami de Jarry, il sait faire les feuilles et les oiseaux, la petite
voiture, le dirigeable et l’aéro comme si on était dedans. […] Dans sa simplicité Henri Rousseau fut persuadé qu’on ne peut voir
sans montrer ce que l’on voit. Et ce qu’il a vu fera pendant l’éternité l’émerveillement de tous les hommes ».
68.
Paul ÉLUARD
. Poème autographe,
Comme beaucoup d’autres
, [1946] ; 1 page grand in-4.
800/1 000
Manuscrit de travail d’un poème, publié comme inédit dans le journal de Bologne,
Il Progresso d’Italia
, le 22 avril 1946, à
l’occasion d’une conférence d’Éluard dans cette ville, qui célébrait le premier anniversaire de la Libération. Le poème, qui compte
32 vers (20-10-2), évoque la guerre et ses victimes. Le manuscrit, à l’encre bleue, présente plusieurs ratures et corrections.
« De guerre en guerre je vieillis
J’aurai un jour de beaux souvenirs
Souvenirs de pieds dans la boue
De visages à faire peur
De contraintes à rendre idiot
De tortures à faire trahir »...
69.
Paul ÉLUARD
. Poème autographe,
Au mal
, [1950 ?] ; 1 page grand in-4 (un bord un peu effrangé).
700/800
Manuscrit de travail d’un poème qui semble inédit, et écarté du recueil
Une leçon de morale
(1950) ; il a été biffé de deux
traits verticaux, et présente deux vers raturés. Il se compose de six sizains.
« Et s’il me plaît à moi ce soir
De tout mêler le bien le mal
Le mauvais temps et le soleil
L’espoir passé ma vanité
Mes beaux printemps mes désirs d’ombre
Et ma faiblesse et la santé »…
On joint deux ébauches autographes de poèmes :
À l’échelle animale
(3 vers en haut d’une page in-4) : « Le poids d’un chien
sortant de l’eau »… ; et un sizain (sur 1 page oblong in-8), probablement pour
Le temps déborde
(1947) : « Puisqu’elle n’a pas
pu vieillir / Au rythme de la vie entière »…