ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 283

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J
ULIETTE
D
ROUET
ET
V
ICTOR
H
UGO
512.
Julienne G
AUVAIN
, dite Juliette DROUET
(1806-1883) actrice et épistolière, maîtresse de Victor Hugo.
Lettre autographe, [1833 ?], à V
ICTOR
H
UGO
; 4 pages petit in-4.
1 500/2 000
T
RÈS
BELLE
LETTRE
D
AMOUR
AU
TOUT
DÉBUT
DE
LEUR
LIAISON
.
« Je t’ai quitté – mon ange – tu paraissais triste et mécontent – Mon Victor, me serais-je attachée à ta vie comme un scorpion
venimeux pour la flétrir et l’épuiser – Déjà ton sourire frais et libre – devient chaque jour plus rare – tu es malheureux Victor,
et mon amour est un obstacle à ta tranquillité ; je voudrais fuir – je voudrais te déchirer de moi – de mon amour qui devrait
courronner ta vie de roses – et la parfumer de bonheur – et qui semble la couvrir d’un crèpe – mais l’air que tu ne respires pas me
ferait mourir – mon Victor – ton regard m’est plus nécessaire que le soleil – et j’ai besoin de tes baisers pour raffraichir mon âme
– et lui donner des forces – le lien qui existe entre nous est celui qui me tient à la vie – si je n’avais été ton
amante
j’aurais voulu
être ton amie – si tu m’avais refusé ton amitié je t’aurais demandé à genoux d’être ton chien – ton esclave.
Mon âme est rongée par la pensée de ma situation, mais je veux être seule à souffrir – tu es trop faible toi – pour supporter
comme moi des nuits sans sommeil – Si tu mourais voudrais-tu m’empêcher de mourir avec toi – fou – le pourrais-tu n’es-tu pas
mon âme et ma vie – et le chagrin – qui chaque jour grossit comme une avalanche – le chagrin – qui creuse l’âme goutte à goutte
– n’est-ce pas une longue mort – Je me suis donnée à toi – toute entière à toi – ma vie – belle ou hideuse – riante ou sombre –
poëtique ou rampante dans la boue – je n’ai rien voulu en retrancher de toi – je veux la partie la plus précieuse de ton existence
– ton amour – car je crois – et laisse-le moi croire – que l’amour peut mettre du miel dans la coupe la plus amère.
Tu m’appelles ange – et je suis un pauvre ange déchu –mais l’amour élève si haut – mon Victor – tu verras repeupler mes ciels
– et je t’enlèverai au ciel – Mais……………..
Mais et ici je m’arrête je vais marcher sur un aspic – qui va se retourner contre moi – je vais mettre le pied sur un terrain mouvant
– écoute – mais je ne veux pas que tu voies l’état de mon cœur – en ce moment – je ne veux pas que tu le regardes pour voir s’il
saigne – que tu y portes le doigt pour voir si la blessure est large – mes souffrances à moi – je saurai les supporter – je ne puis
m’expliquer... tâche de me comprendre.
Ils disent : – il n’est pour elle qu’un moyen – un seul de changer sa position – eh bien Victor. »
513.
Julie D
UVIDAL
DE
M
ONTFERRIER
, comtesse Abel HUGO
(1797-1865) peintre d’histoire et portraitiste, elle se maria
avec le frère aîné de Victor Hugo.
Lettre autographe signée « Julie de Montferrier C
tesse
Hugo », Paris 1
er
juin 1835, à une baronne ; 4 pages in-8.
200/250
« V
ICTOR
H
UGO
n’a pu vous oublier, et il a bien su de qui lui venoit le gracieux envoi : pourquoi vous-même douée d’une
imagination si active ne cultiveriez vous pas les lettres ? »... Elle évoque les peintres allemands qu’elle a connus à la Villa Massimo,
puis revient à Victor H
UGO
qui « vient encore d’avoir un beau succès au théâtre français : vous pourrez je pense vous procurer sa
pièce :
Angelo, Tyran de Padoue
. C’est fort dramatique et l’ouvrage a passé sans contestation : mais ce qui me semble devoir flatter
plus délicieusement son amour propre c’est de penser aux vives simpathies que la lecture de ses ouvrages fait naître au loin »...
Librairie Les Autographes, 2006
.
514.
Juliette DROUET
(1806-1883).
Lettre autographe signée « Juliette », 3 mars [1836] jeudi soir 8 h. 1/4, à V
ICTOR
H
UGO
; 4 pages in-8.
800/1 000
« C’est avoir fameusement de conscience, que de vous écrire régulièrement comme je le fais, puisque vous ne lisez pas mes pâtés,
ni mes gribouillages. Si je le fais vous pouvez compter que ce n’est pas pour vous, mais bien pour moi qui ait tant de bonheur à
vous répéter que je vous aime. Si je pouvais je le crierais sur les toits et je l’écrirais sur tous les murs de Paris. Mais je n’ai pas
la voix aussi forte que mon amour et vous ne voulez pas être compromis. Je me borne donc à la discrète et innocente feuille de
papier pour vous dire ce que j’ai dans l’âme. Bonjour, mon petit Toto, vous savez ce dont nous sommes convenus pour ce soir ?
Ne l’oubliez pas. Je vous fais une très agaçante grimace. Si vous étiez là vous ne pourriez pas faire autrement que de vous en tirer
à votre honneur. Dépêchez-vous de venir. Je vous aime, je me porte bien. Enfin je vous assure que je suis très bonne à ... prendre.
En vous attendant, vous voyez que je vous aime, que je pense à vous et que je vous désire de toutes les forces de mon âme ».
Vente 24 janvier 1972
(n° 77).
515.
Juliette DROUET
(1806-1883).
Lettre autographe signée « J
UJULINA
», 27 juin [1837] mardi matin 9 h. 3/4, à V
ICTOR
H
UGO
; 4 pages in-8.
1 500/2 000
B
ELLE
LETTRE
AU
GRAPHISME
SPECTACULAIRE
.
« Bonjour mon cher petit bien aimé bonjour je
t’aime
. Une fois ce grand mot lâché je devrais bien me taire n’ayant plus rien dans
mon bissac qui vaille la peine d’être exhibé. Je suis triste, ce n’est pas bien intéressant. J’ai le plus grand besoin de te voir un peu
plus de
cinq minutes
à la fois mais tu ne le peux pas et puis tout cela est contenu dans : je t’aime. Ainsi tout ce que je dis en plus
n’est que du rabâchage bête. Tu devrais donc bien permettre que j’écrive ce
SEUL MOT
je
t’aime
dans toute l’étendue de mon papier.
Ça te fatiguerait moins les yeux et tu en saurais tout autant de mon pauvre cœur.
… /…
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