ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 277

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501.
Laure P
ERMON
, duchesse d’ABRANTÈS
(1784-1838) mémorialiste ; veuve du général Junot duc d’Abrantès (1771-
1813), elle fut la maîtresse de plusieurs écrivains romantiques.
M
ANUSCRIT
autographe signé « La Duchesse d’Abrantès », 21 juillet 1836 ; 2 pages oblong in-fol.
300/400
B
ELLE
PAGE D
ALBUM
, avec l’indication «
Réflexions tirées d’un ouvrage inédit
». « Pourquoi n’aimons-nous pas la science en France ?
Je ne sais mais nous avons pour elle une sorte de répulsion. C’est, je crois, parce qu’elle n’est pas flatteuse, et que nous avons par-
dessus tout le besoin de louer et d’être loué, et que la science toute positive de sa nature, sérieuse et même austère, n’accorde que
des paroles de vérité à ceux dont elle dit les noms. Plus douce et plus facile, la poésie est plus accommodante pour notre humeur
qui nous rend si avides de louanges. […] Le génie des arts, celui de la poésie et de la littérature nous plairont toujours mieux avec
leurs fictions brillantes et leurs rêves d’or, leurs mensonges doux à l’oreille qu’ils flattent et leurs mots gracieusement louangeurs,
que la parole acerbe et toute nue dont la science se sert pour se faire entendre »… Etc.
Les Neuf Muses, 2004
.
502.
Juliette RÉCAMIER
(1777-1849) femme de lettres, célèbre pour son salon de l’Abbaye-aux-Bois, et amie de
Chateaubriand.
Lettre autographe signée « Juliette Recamier », Paris 23 janvier [1837] ; 4 pages in-8 (portrait gravé joint).
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T
RÈS
BELLE
LETTRE
SUR
LA
PHILOSOPHIE
DE
B
ALLANCHE
ET
SUR
LA
R
ESTAURATION
.
Elle se réjouit d’avoir prévu que les ouvrages de B
ALLANCHE
seraient appréciés par son
correspondant, et pourraient « conquérir un suffrage tel que le vôtre. J’espère, Monsieur,
que,
par vous
, cette philosophie religieuse pourra se répandre en Allemagne », notamment
grâce à l’exposition qu’il doit faire de la
Palingénésie sociale
... Elle regrette de ne pas lire
l’allemand, mais se fera traduire l’étude par des amis ; elle exprime la reconnaissance de
Ballanche : « c’est l’horizon de l’Allemagne qu’il a toujours désiré voir s’ouvrir devant
lui, et il sait bien que nul ne peut aussi bien que vous lui rendre cet éminent service.
[...] le dissentiment que vous croyez exister entre vous et lui n’existe réellement
pas. La manière dont il conçoit le dogme de la déchéance et de la réhabilitation me
paraît d’accord avec vos propres idées, j’espère que vous pourrez bientôt vous en
convaincre par les deux volumes qui sont en ce moment sous presse et que j’aurai
l’honneur de vous envoyer. M
r
Ballanche regarde, ainsi que vous, l’époque de la
restauration comme une époque transitoire, mais dans tous les cas d’une très grande
importance historique, il ne faut pas oublier que les
Institutions sociales
ont été
publiées en 1818, d’ailleurs cette époque transitoire a été fort abrégée par les fautes
immenses de ceux sur qui reposait le principe de la restauration. Quant à
L’Homme
sans nom
, il faut aussi se reporter au tems où il a été publié pour la première fois, cet
ouvrage fut composé dans la pensée d’initier le pouvoir lui-même, plutôt que dans celle
d’initier les populations ».
Elle termine en se faisant « l’interprète de tous les souvenirs que vous avez laissés à Paris.
Aimez un pays où vous êtes si bien apprécié, et recevez tous les remerciements de M. de
Chateaubriand de votre obligeant souvenir »…
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