105
P
récieux
et
rare manuscrit
inédit
,
ordonnant
et
classant des
végétaux
. Il comporte la liste de près de 4 000 plantes, arbres et
arbustes, tant indigènes qu’exotiques, cultivés en 1754 au
J
ardin
du
R
oi
.
Regroupées par classes et par genres, selon une classification différente de celle de Tournefort, les plantes sont désignées par
leurs noms latins, suivis des auteurs de référence qui sont le plus souvent Caspard Bauhin (« C.B »), auteur du
Pinax theatri botanici
(1620), encore utilisé à l’époque, Charles de l’Escluse (« Clusii ») et Dodoens (« Dodonii »). Les noms français sont parfois indiqués
en marge, au moins pour les espèces les plus connues : joubarbe, renoncule, lavande, sarriette, thym, verveine, menthe, ortie,
mélisse, sauge, gentiane, millepertuis, plantain, marjolaine, véronique... La plupart des plantes cultivées au Jardin du Roi avaient
un intérêt médicinal, quelquefois alimentaire ; ainsi 12 espèces de choux sont mentionnées, de même que 14 espèces de solanacées
parmi lesquelles la pomme de terre, ou « Solanum tuberosum esculentum C.B. ».
Le catalogue des arbres et arbustes se trouve à la suite ; on y relève les noms des essences les plus variées : sapin, cèdre du Liban,
cyprès, chêne, noyer, noisetier, if, genévrier, poivrier des Espagnols, pistachier ordinaire, peuplier, laurier rose, arbousier, houx,
etc. Quant aux plantes exotiques, elles comprennent des végétaux tels que le palmier, le cocotier, le safran des Indes, le bananier,
l’arbre du benjoin, le citron de terre d’Amérique, l’aloès de Barbade, ainsi que de nombreuses espèces de figues.
D’une écriture cursive à l’encre noire, fort lisible, ce manuscrit a probablement été élaboré par un étudiant en médecine ou en
pharmacie qui suivait les cours de botanique du Jardin du Roi. Institué en 1626 par Louis XIII, mais créé véritablement en 1635,
le Jardin royal des plantes médicinales, appelé ensuite Jardin du Roi, était situé au faubourg Saint-Victor, à Paris, et s’étendait sur
une partie du Jardin des Plantes actuel. Les matières enseignées étaient la botanique, la chimie et l’anatomie ; les cours, publics
et gratuits, ne nécessitaient aucune inscription préalable. L’enseignement de la botanique comprenait un cours inaugural, suivi
de « démonstrations », ou leçons, qui permettaient aux élèves d’apprendre à discerner les classes et à reconnaître les genres et les
espèces, avec l’indication des usages des plantes en médecine, et se terminait par des herborisations dans les environs de Paris. À
l’époque où fut rédigé ce manuscrit, l’enseignement de la botanique était assuré par deux éminents savants : Antoine de
J
ussieu
(1686-1758) et son frère, Bernard de Jussieu (1699-1777). Le manuscrit témoigne de leur méthode de classification des végétaux,
différente de la classification naturelle et de celle de Tournefort.
La bibliothèque du Muséum d’Histoire naturelle de Paris possède plusieurs catalogues manuscrits des plantes cultivées au Jardin
du Roi, mais aucun pour l’année 1754.
262
265