(Longeon, p. xxiv). Gryphe s’est donc bien gardé de Dolet dès ce premier livre. Il ne met ni son nom ni sa
marque typographique. En revanche, la première devise de Dolet fait son apparition à la fin du volume et elle
apparaîtra sur “44 ouvrages des 70 portant devise finale” (Longeon, p. liij).
Simon Finet, “l’ami le plus intime de Dolet” selon Copley Christie, prend d’entrée le masque d’éditeur du
mince ouvrage comme il écrit dès les premières pages : “je me suis emparé du manuscrit des deux discours
qu’il prononça à Toulouse... J’ai encore dérobé deux livres d’épîtres... j’ai recueilli deux livres de poésies
latines” (Copley Christie, p. 176). Masque utile, car Dolet n’y va pas de main morte : “J’entends que les
misérables qui ont mis ma vie en péril demeurent marqués du fer rouge de mes justes outrages”. Il dénonce la
“religion corrompue” et les “superstitions extravagantes” pratiquées dans une ville qui
“se voue aux ridicules superstitions des Turcs. De quoi s’agit-il d’autre lorsque, pendant la sécheresse en été, quand on appelle la pluie
qui ne vient pas, les troncs pourris de certaines statues sont transportés à travers la ville (...) tandis que des prêtres sacrificateurs marchent
au devant en chantant des prières propritiatoires, comme s’ils s’adressaient à Orion et aux dieux”.
Ces deux
Orationes
sont ainsi fort précieux. Ils représentent la seule source éclairant les premiers pas de la vie
tumultueuse et dramatique d’Étienne Dolet. La rareté de cette édition et l’importance de son texte ont depuis
longtemps su attirer le regard des amateurs de livres, comme celui du XVIII
e
siècle, demeuré anonyme, qui a
donné à cet exemplaire une élégante reliure de maroquin vert à titraison verticale.
RÉFÉRENCES : USTC 146784 — Brunet, II, 796 (qui cite deux exemplaires) — Longeon 1 — Copley Christie p. 491 — Adams
D-768 — Baudrier t. VIII, p. 38-39
8 000 - 12 000 €
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