8. DOLET, Étienne
Orationes duae in Tholosam. Eiusdem Epistolarum libri II. Eiusdem Carminum libri II. Ad eundem Epistolarum
amicorum liber
[Lyon], [Sébastien Gryphe], [1534, entre le 13 août et le 15 octobre]
LE PREMIER LIVRE DE DOLET IMPRIMÉ PAR DOLET LUI MêME. RARE
BEL EXEMPLAIRE RELIÉ EN MAROQUIN VERT AU XVIII
e
SIÈCLE AVEC UN TITRE EN LONG
ÉDITION ORIGINALE
In-8 (156 x 99mm). Imprimé en italiques. Très nombreuses et très belles initiales gravées
COLLATION : *
4
a-p
8
q
4
CONTENU : *1r titre, *1v
Symon finetius
[Simon Finet]..., a2r
Stephani Doleti in Tholosam oratio prima
..., b4r I...
oratio secunda
, e6r
Stephani doleti epistolarum liber primus
, h4v
liber secundus
, k2v
Amicorum epistolarum liber
, m1r
Stephani doleti carminum liber
primus
, o6v
liber secundus
.., q3r errata de deux pages, q4v devise de Dolet :
Doletus. Durior est spectatæ virtutis, quam incognitæ
conditio
RELIURE DU XVIII
e
SIÈCLE. Maroquin vert, décor doré, filets en encadrement, dos long orné avec titraison verticale, tranches dorées
PROVENANCE : ex-libris humanistique sur le dernier feuillet :
Johannes Hospes me habet
— relié pour un amateur du XVIII
e
siècle
RARETÉ : relativement fréquent en bibliothèque ; rare sur le marché des ventes aux enchères : rien sur ABPC, un exemplaire en vélin
moderne sur RBH en 1981 ; fichier Berès : un exemplaire en veau blond en 1980 (librairie Jammes)
Quelques très pâles rousseurs, infimes trous de vers dans la marge inférieure de quelques cahiers principalement p et q
En 1526, Étienne Dolet âgé de dix-sept ans se rend à Padoue. La mort de son maître et ami Simon de Villanova
le conduit à accepter en 1530 le poste de secrétaire de Jean de Langeac, évêque de Limoges et ambassadeur de
France à Venise, personnalité dont il sera question dans ce premier livre. À son retour en France, vers 1531,
Dolet étudie le droit et la jurisprudence à l’université de Toulouse en 1532. Mais il est impliqué, par son humeur
turbulente, dans de violentes disputes à connotations religieuses entre groupes d’étudiants. Il est emprisonné
et, malgré la protection de Jean de Pins, ambassadeur de François I
er
à Rome puis à Venise, évêque de Pamiers
puis de Rieux, Dolet est finalement banni par un décret du parlement en 1534.
Dans ce premier livre rare sur le marché, Dolet publie d’abord deux discours contre la Toulouse superstitieuse,
puis sa correspondance, divisée en trois parties, à différents grands personnages proches de lui (à Jean de Langeac,
à Jean de Pins, à Guillaume Budé, au professeur de droit Jean de Boyssoné, au jeune helléniste et professeur de
droit Arnoul Le Ferron, etc.). Il ajoute enfin deux livres de ses premières poésies latines intitulées
Carmina
.
Ce premier livre, Dolet le publie pour contrer les événements survenus à Toulouse. Car sur fond d’intenses
développements de la Réforme en France, il s’était risqué dans les concours d’éloquence de l’Université à
apparaître comme un défenseur de théories dites “hérétiques”. Le 31 mars 1532, l’ambiance avait été mauvaise
à Toulouse. Jean de Boyssoné et plusieurs de ses élèves comme Jean de Caturce sont traduits devant les
tribunaux. Caturce, qui refuse de se rétracter, est brûlé place du Salin. En juin 1534, Dolet quitte Toulouse et
retourne à Lyon. Il s’y installe chez Gryphe, premier imprimeur de la ville, “réceptacle des gens sçavans”
comme l’écrit Du Verdier, ami de Jean de Boyssoné. Dolet, protégé par Gryphe, décide d’y imprimer un livre,
un brûlot contre Toulouse. À Gryphe, Dolet dédie son premier livre des
Carmina
. L’imprimeur célèbre semble
avoir conservé sa sympathie pour le poète pendant toute sa vie, mais “nul doute qu’il n’ait été vite fâché de son
humeur capricieuse, de son intransigeance, de la puissance de son mépris, de ses prétentions à tout connaître”
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