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devenu aujourd’hui le Crillon, là où eut lieu la vente le 12 décembre 1782 et où l’ensemble du Cabinet avait

été exposé pendant trois semaines. Cette vente fut et est encore l’un des grands événements du marché de l’art.

Le Roi Louis XVI se rendit acquéreur d’un grand nombre d’objets pour son futur

Museum

– mot qui se retrouve

ici plusieurs fois sous la plume de Charles-Germain de Saint-Aubin –, ce futur Musée du Louvre qui avait été

conçu selon le projet du comte d’Angiviller, directeur général des Bâtiments du Roi. Les objets Aumont,

aujourd’hui encore, contribuent à l’éclat des galeries du Louvre. La note devant le lot n° 1 du présent catalogue,

les deux vases de porphyre à tête de bélier adjugés 14580 livres, dit :

Pour le Roy, nous les verrons au Museum

du Louvre

(p. 6).

Les deux exemplaires du baron Pichon

Ce catalogue est illustré par 116 dessins d’œuvres d’art, tous à l’aquarelle, répartis sur 49 feuillets dus à

Charles-Germain de Saint-Aubin (1721-1786). Charles-Germain, frère du très fameux artiste Gabriel de Saint-

Aubin (1724-1780), était “dessinateur du roy” en broderies et dentelles, métier dans lequel il acquit une jolie

fortune puisqu’à trente-cinq ans, il possédait 70.000 livres (

Gabriel de Saint-Aubin

, Musée du Louvre, 2008,

p. 71). Mais il a moins de talent que son frère Gabriel, artiste de l’instant, “chroniqueur hors pair de l’âge des

Lumières” (H. Loyrette,

op. cit.)

et auteur de ces fameux catalogues illustrés de dessins au crayon dans les

marges, pris sur le vif, dont la précision permet aujourd’hui encore d’identifier des objets qui seraient inconnus

sans cela. Les aquarelles de ce catalogue présentent en effet quelques maladresses que Gabriel n’aurait pas

commises.

Gabriel meurt en 1780. L’un de ses proches, le baron Baillet de Saint-Julien acquiert la “majeure partie des

catalogues illustrés par Gabriel” à la vente après décès de l’artiste (mars 1780,

op. cit.

, p. 83). Depuis le temps

des Goncourt, ce remarquable

corpus

de livres dessinés et annotés est devenu un champ privilégié de recherches

érudites, surtout depuis la publication de la liste de Colin B. Bailey en 2008 qui en dénombre près de soixante-

deux (

op. cit.

, pp. 292-299).

La vente de la collection du duc d’Aumont en décembre 1782 eut un tel retentissement que, sans doute, Charles-

Germain décida de relancer la pratique de son frère. Un exemplaire réunissant trois catalogues annotés et

dessinés par Charles-Germain mais bien moins intéressant que celui-ci, tous postérieurs au décès de Gabriel et

reliés ensemble à la fin du XIX

e

siècle seulement, est d’ailleurs récemment passé en vente (Christie’s Paris, 22

avril 2016, lot 45, € 44.700, ventes Le Blanc de 1781, Le Bœuf de 1783, et Le Brun de décembre 1780). Il

possédait aussi quelques aquarelles (11) dessinées sur huit feuillets ajoutés. Car Charles-Germain reprend bien

une pratique héritée de son frère Gabriel. Il crée d’abord un premier catalogue (Pichon n°526-INHA V Rés

1782/14) où les lots sont dessinés au crayon dans la marge. Puis il recompose un autre exemplaire du catalogue

auquel il ajoute ses aquarelles et des annotations plus développées (Pichon n°527-présent exemplaire). Une

temporalité semble d’ailleurs s’esquisser puisque cet exemplaire offre des dates manuscrites autographes

postérieures à la vente Aumont (aux n° 218 et 297 apparaît par exemple une date de

1784

) ou présente, en de

rares occasions, des objets vendus postérieurement à Aumont (

vendu chez le Boeuf

,

1783

, au lot 38 ou encore

en face du lot 40) comme pour mieux expliquer “l’émigration des objets”.

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