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Edmond de Goncourt prétend dans son

Journal

que le comte d’Armaillé racheta cet exemplaire

acquis par le baron Pichon (30 juin 1881). Ceci est impossible pour deux raisons : l’exemplaire

figure dans la vente Pichon, et nous avons eu accès par un cher ami

bibliophile françois

à la liste

des catalogues possédés par le comte d’Armaillé. De la vente Aumont, il n’eut jamais qu’un

exemplaire en maroquin bleu aux armes Conti-Orléans. Cette erreur d’aiguillage due à Edmond de

Goncourt se retrouve d’ailleurs dans Cohen-de Ricci qui n’identifie pas l’exemplaire Groult à celui

du baron Pichon.

6.

Maurice Chalvet, libraire à Paris

7.

Baronne Alexandrine de Rothschild, spolié pendant la guerre

8.

Stig Wilton (ex-libris ; vente Sotheby’s Londres, 13 février 1951, lot 368). Lors de cette vente

de 1951, Pierre Verlet eut la chance d’examiner ce catalogue :

“Dacier signale également deux catalogues de la vente du duc d’Aumont, illustrés par Germain de

Saint-Aubin, que posséda la baron Pichon au XIX

e

siècle : l’un de ces exemplaires appartient

aujourd’hui à la Bibliothèque Doucet, l’autre fut vendu chez Sotheby’s le 13 février 1951. On me

permettra de souligner la valeur documentaire particulière de ce dernier exemplaire. Un hasard

heureux m’amène à Londres le soir de la vente, faite sur l’ordre d’un bibliophile scandinave. Je

reçois d’un ami anglais [Anthony Hobson ?] la proposition de voir aussitôt le catalogue, que certains,

sincères ou non, ont déclaré faux. Je n’ai pas à prendre parti sur ce point, n’étant pas expert, mais

j’éprouve un grand plaisir à feuilleter le volume. Je reconnais sur l’un des dessins un vase du Louvre

dont on ignorait jusque là l’origine Aumont. Comment un faussaire aurait-il pu avoir cette idée ?

La seule description imprimée du catalogue était insuffisante. On s’aperçut ensuite que le précieux

livre avait été volé en France une dizaine d’années plus tôt par les nazis. Il fut restitué à son ancien

propriétaire, chez qui je pus le revoir dans le plus grand secret pendant une heure, sans avoir le

droit, hélas, d’en faire prendre des photographies. Ce fut cependant assez pour saisir la présence

d’une paire de superbes vases de Chine montés vers 1730 en bronze doré, qui appartient au Louvre.

La provenance de ces vases, demeurée inconnue, devenait évidente, mais seulement après voir vu

le dessin en face du n° 163 du catalogue du duc d’Aumont. Tel est le rôle curieux des dessins, qui

nous font voir l’objet encore resté dans la nuit, malgré une description publiée dans un ancien

catalogue, que nous n’avons pas su lire” (P. Verlet,

Les Bronzes dorés français du XVIII

e

siècle

,

1987, pp. 299-301)

9.

Restitué aux collections Rothschild. Christopher de Hamel raconte avec

brio

la destinée inouïe

de ce livre :

“Le lot 368 de la vente Sotheby’s du 13 février 1951 était l’exemplaire ayant appartenu à Pichon

du catalogue de la vente du duc d’Aumont en 1782, illustré par Charles-Germain de Saint-Aubin.

Ce lot était désigné comme appartenant à M. Stig Wilton, de Stockholm, et fut vendu 520 livres

sterling. Je remercie le Dr Anthony Hobson de m’avoir raconté ce qui se passa ensuite : après la

vente, un libraire français [

nous

: évidemment Maurice Chalvet] se rappela avoir vendu le même

livre aux Rothschild de Paris [

nous

: évidemment Alexandrine de Rothschild]. M. Wilton raconta

alors qu’il faisait partie de la Croix-Rouge pendant la guerre et qu’un jour de 1945, à Varsovie, il

avait découvert un wagon de marchandises abandonné, rempli de livres anciens en maroquin rouge

et vert, se demandant d’où ils venaient et, comme la neige tombait (ainsi qu’il raconte), il prit l’un

d’eux, le plus petit, dans l’espoir de découvrir l’origine de cet extraordinaire chargement. Ce wagon

pourrait avoir contenu une bonne partie des imprimés de la bibliothèque d’Alexandrine de

Rothschild.” (

Les Rothschild collectionneurs de manuscrits

, Paris, BnF, 2004, p. 79)

10.

Vendu par Maurice Rheims (1988)

Louis-Marie d’Aumont (1709-1782), cinquième duc d’Aumont, constitua l’une

des plus grandes collections d’œuvres d’art au XVIII

e

siècle, principalement

orientée vers les

vases, colonnes, tables, bronzes, porcelaines

... tels que cités dans

le titre du catalogue de cette vente après décès. Il fut l’un des principaux seigneurs

des cours de Louis XV et Louis XVI puisque l’un des quatre Premiers

gentilhommes de la Cour, en charge des

Menus Plaisirs

et avec accès direct au

Roi. Depuis 1776, il avait rassemblé sa collection dans son hôtel de la place Louis XV,