Previous Page  144 / 290 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 144 / 290 Next Page
Page Background

152. MALLARMÉ (Stéphane). [L

E

T

OMBEAu D

’E

DGAR

P

OE

]. Poème autographe signé du monogramme

SM

[vers

1889], avec envoi à Edmund Gosse, 1 page in-4 (318 x 243 mm), montée dans un volume demi-maroquin

noir à encadrement, plats en papier bois, pièce de titre en maroquin noir, titre doré, sous étui.

60 000 / 80 000 €

L’

uN DES PLuS CÉLèBRES POèMES DE

M

ALLARMÉ

, qui marque à jamais l’image d’Edgar Poe et associe les deux noms

pour la postérité :

Tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change

Le Poëte suscite avec un glaive nu

Son siècle épouvanté de n’avoir pas connu

Que la mort triomphait dans cette voix étrange !

Ce poème — dont on connaît cinq autres manuscrits, de dates diverses — fut écrit pour un volume commémoratif

publié aux Etats-unis suite à l’inauguration d’un monument sur la tombe de Poe (

Edgar Allan Poe

, A Memorial

Volume by Sara Sigourney Rice, Baltimore, Turnbull Brothers, 1877). « Pieusement, j’accomplirai votre désir pour

mon humble part, en vous envoyant […] quelques vers écrits, Madame, en votre honneur : je veux dire commémo-

ratifs de la grande cérémonie de l’automne dernier », écrit-il à la présidente du comité. Mallarmé tenait beaucoup à

ce sonnet, et le reprendra dans ses

Poésies

, mais aussi en tête de sa traduction des

Poèmes d’Edgar Poe

(Deman,

1888). Point n’est besoin, en effet, de rappeler son immense admiration pour Poe.

P

OE ET

B

AuDELAIRE SONT PROBABLEMENT LES AuTEuRS quI ONT LE PLuS INFLuENCÉ

M

ALLARMÉ

. Il les découvre en

même temps, le premier dans la traduction du second, vers 1860. Sa passion pour Poe est telle qu’il décide d’ap-

prendre l’anglais : « Ayant appris l’anglais simplement pour mieux lire Poe, je suis parti à vingt ans en Angleterre »,

écrira-t-il à Verlaine en 1885. Dans les années qui suivent, il tente vainement de placer dans des revues quelques

poèmes traduits. Ce n’est qu’en 1872 que

La Revue littéraire et artistique

publie les premières traductions. En 1875,

sa traduction du

Corbeau

paraît chez Lesclide, avec des lithographies de Manet.

Les Poèmes

d’Edgar Poe ne seront

édités qu’en 1888, chez Edmond Deman, à Bruxelles.

u

N ENVOI À SON AMI CRITIquE

E

DMuND

G

OSSE

(1849-1928). Calligraphiant le sonnet de sa fine et superbe écriture,

Mallarmé l’a fait précéder de cet envoi :

pour l’exemplaire d’Edmund Gosse

. Critique littéraire anglais de renom,

Gosse avait une grande admiration pour l’œuvre de Mallarmé, qu’il avait rencontré en 1872. Leurs relations

n’avaient repris que vingt ans plus tard, quand, à la fin de l’année 1892, Gosse s’adressa à Mallarmé pour lui

demander des renseignements sur son œuvre (la lettre de réponse de Mallarmé du 16 décembre 1892 est célèbre) en

vue d’une étude sur Mallarmé qu’il publiera l’année suivante. Cette copie date probablement de cette période :

Gosse devait avoir demandé à Mallarmé une copie du poème, pour la joindre à son exemplaire de la traduction des

Poèmes d'Edgar Poe

(Vanier, 1889). La forme du monogramme est caractéristique des années 1892-1893. Gosse

acheva les douze dernières années de sa vie en tant que bibliothécaire de la Chambre des Lords.

De la collection Gérard Bauer.

Exposition

Cinquantenaire du Symbolisme

, B.N., 1936, n° 1196 (voir aussi n° 1195, pour l’exemplaire des Poèmes

d'Edgar Poe que possédait Gosse).

Œuvres complètes : I, Poésies

, éd. C.P. Barbier et Ch. G. Millan 1983, p. 272 (manuscrit répertorié p. 276, sous le

n° 101.5). —

Œuvres complètes

, éd. B. Marchal, Pléiade, t. I, p. 38.

142