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122. LAFORGuE (Jules). L’A

NGOISSE SINCèRE

. Poème autographe, daté

Nuit du 4 juin

[1880], 2 pages in-8

(190 x 138 mm) sur un bifeuillet de papier pelure, sous chemise demi-maroquin noir moderne.

2 000 / 2 500 €

M

ANuSCRIT DE TRAVAIL

d’un poème destiné au recueil

Le Sanglot de la Terre

, projet abandonné par Laforgue en 1882. Il

ne sera publié qu’en 1980, dans l’édition des

Poésies complètes

établie par Pascal Pia.

Laforgue avait d’abord intitulé ce long poème de soixante vers

La Grande Angoisse

, puis

Angoisse sincère

. Il exprime un

profond pessimisme, Pascal Pia a pu remarquer que « c’est dans des jours assez sombres que furent écrits et récrits tous

les poèmes “philosophiques” de Laforgue ». L’inspiration cosmique qui s’y manifeste renforce ce pessimisme foncier,

proche du nihilisme :

Que tout s’effondre enfin dans la grande débâcle !

Qu’on entende passer le dernier râlement !

Plus d’heures, plus d’écho, ni témoin, ni spectacle,

Et que ce soit la Nuit, irrévocablement !

Car si nul ne voit tout, à quoi bon l’Existence,

Et la pensée ? l’Amour ? et la Réalité ?

Pourquoi la Vie ? et non l’universel Silence

Emplissant à jamais le Vide illimité

Diverses ratures montrent que ce manuscrit, qui n’était pas de premier jet, a encore été très remanié. On y relève de

nombreuses variantes. une autre version du poème est conservée à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet.

Poésies complètes

, Lausanne, L’Age d’Homme, 1986, t. I, p. 288-290, avec mention de ce manuscrit dans les notes, p. 290.

Petit manque de papier à la 2

e

page, avec manque de texte à la fin des derniers vers.

Voir lot n° 115, pour une lettre de Huysmans sur Laforgue.

123. LAFORGuE (Jules). L

ES

C

OMPLAINTES

.

Paris, Léon Vanier, 1885

. In-12, demi-maroquin bleu nuit avec

coins, filet doré, dos richement orné de motifs dorés et mosaïqués dans les entre-nerfs, tête dorée, non rogné,

couverture et dos (

M. Godillot

).

1 200 / 1 500 €

Édition originale du premier recueil de Jules Laforgue, dont il n’a pas été tiré de grand papier.

La critique contemporaine accueillit plutôt ironiquement ce produit bizarre de l’école décadente, qui désignait le poète

comme une créature hypertrophique, mal résignée à son « éternullité » et aux « nuits anonymes » sous les étoiles muettes.

Mais le recueil de Laforgue devait prendre sa revanche à l’étranger d’abord, où il fut le maître incontesté du mouvement

poétique « crépusculaire » italien vers 1900

(

En français dans le texte

, n° 313).

E

XEMPLAIRE DE

P

AuL

É

LuARD

, avec son ex-libris dessiné par Max Ernst.

une correction manuscrite au crayon p. 57 (

délivrant

au lieu de

délévrant

), non signalée à l’erratum final.

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