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J’étais de ribotte hier avec Mérimée, Beyle et autres

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DELACROIX (Eugène).

Lettre adressée à Alexandre Dumas.

Sans lieu

[Paris]

, ce 4 avril

[1830].

Lettre autographe signée “Eug Delacroix” ; 1 page in-8, adresse sur la quatrième page, trace de cachet.

Piquante lettre d’Eugène Delacroix à Alexandre Dumas : pleine d’humour sur leur rendez-

vous raté, elle évoque Mérimée, Stendhal

et

C

hristine

, récemment donnée au théâtre,

dont le peintre devait s’inspirer.

Que je suis désolé, mon bon ami. Vous vous êtes donné la peine de passer. Je ne sçais plus si j’y étais ;

mais il fallait violer la portière. Dans tous les cas, je lui ai lavé la tête. Imaginez que j’étais de ribotte

hier avec Mérimée, Beyle et autres et de plus pris pour la soirée. Jugez de mon désappointement de ne

pouvoir vous revoir vous et votre bel ouvrage.

Je m’occupe à choisir un sujet dans votre Christine pour vous servir un plat de ma façon. Vous m’avez

donné des émotions bien vives et qu’on n’est plus accoutumé de trouver au théâtre. Je ne souhaite que

d’en reproduire une partie.

Adieu et tout vôtre

Eug Delacroix

.”

Alexandre Dumas, qui avait consacré des articles et un chapitre de ses

Mémoires

à Eugène Delacroix,

“cette grande et curieuse figure artistique, qui ne ressemble à rien de ce qui a été, et probablement à

rien de ce qui sera”, a toujours admiré le peintre dont il a possédé plusieurs toiles – “Delacroix qui, en

peinture, comme Hugo en littérature, ne devait avoir que des fanatiques aveugles ou des détracteurs

obstinés.” Leur amitié datait des années 1829-1830 et ne devait jamais s’éteindre, en dépit de désaccords

esthétiques ou politiques.

Le “plat à ma façon” que le peintre promet de servir à Alexandre Dumas n’est pas un frontispice pour la

pièce imprimée (elle parut avec une lithographie de Raffet), mais très certainement une ornementation

pour le manuscrit que l’auteur comptait offrir, sans doute au dédicataire de l’œuvre, le duc d’Orléans.

(Cahiers Alexandre Dumas,

Mon cher Delacroix,

2003, pp. 173-174 : c’est la plus ancienne lettre

connue de Delacroix à Dumas.)

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