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VIAU, Théophile de.

Les Œuvres.

Divisées en trois parties.

Rouen, Jean de la Mare, 1629.

3 parties en un volume in-8 de (8) ff., 319, 160 et 203 pp. : vélin souple, traces de lacets

(reliure de l’époque).

Jolie et rare édition rouennaise des

Œuvres

du “Roi des libertins”, en partie originale.

Elle s’ouvre sur la défense et le tombeau de Théophile par Georges de Scudéry, suivi

du

Traicté de l’immortalité de l’ame ou La Mort de Socrates

, des poésies, de la tragédie

Pyrame et Thisbé

,

de la

Première Journée,

des

Pieces faites par Theophile pendant sa prison jusques à sa mort

, pour se clore sur

l’

Apologie au Roy

et la

Lettre contre Balzac

.

Tchemerzine la cite d’après Lachèvre (p. 372, n° 7a). L’éditeur du recueil serait François Le Métel

de Boisrobert (1592-1662).

Édition originale de la virulente “Lettre à Balzac”.

Dans l’édition de ses

Lettres

parue en 1623, Louis Guez de Balzac reproduisit les deux lettres

adressées à Boisrobert et à Sébastien Bouthillier, évêque d’Aire, rédigées en septembre 1623,

dans lesquelles il dénonçait Viau. A quel mobile a-t-il obéi ? “Tout simplement peut-être à un

sentiment vil et bas, celui de frapper un vaincu et de se poser en adversaire du libertinage, alors

que sa vie et ses mœurs l’auraient plutôt classé jusque-là parmi les disciples de Théophile. (…) Quoi

qu’il en soit, la publication de ces lettres au moment où Théophile était prisonnier depuis plus de

neuf mois dans la tour de Montgomery apparaît comme une insigne lâcheté” (Frédéric Lachèvre).

On ne sait si Théophile eut connaissance de cette trahison dans son cachot ou après l’arrêt du 1

er

septembre 1625 le condamnant au bannissement. Sa cruelle réponse a sans doute été composée en

janvier 1626.

Imprimée pour la première fois dans cette édition collective rouennaise, elle est précédée d’un

Avertissement au lecteur

signé : “Ton serviteur Théophile de l’autre monde.”

Amy lecteur, je te donne aujourd’hui une lettre de Theophile contre Balsac ; elle avoit esté mise dans l’oubly

de ses ennemis, tu la jugeras digne d’estre r’imprimée dans ses œuvres pour le contentement des curieux qui

font profession de l’éloquence françoise.

Cette publication fit grand bruit. “Réimprimée au moins vingt fois pendant la vie du grand

épistolier, elle l’a marqué d’une flétrissure dont il n’a pu se laver et qui pèsera toujours sur sa

mémoire. Le silence de Balzac a été l’aveu de sa mauvaise action” (Lachèvre, II, p. 181).

“De Villon à Jean Genet, de Sade à Rimbaud, une lignée de réprouvés ont fait de l’écriture

l’instrument de leur refus. Théophile de Viau est de ceux-là. (…) Cette voix trop singulière en son

temps vibre de mille résonnances avec la nôtre” (Maurice Lever).

Un poète

maudit