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URFÉ, Honoré d’.

L’Astrée,

où par plusieurs histoires, et souz personnes de Bergers, & d’autres, sont deduits

les divers effets de l’honneste Amitié. Reveuë & corrigée en cette derniere Edition. Et enrichie

de Figures en taille douce.

Rouen & Paris, Anthoine de Sommaville, 1647.

5 volumes fort in-8, maroquin rouge, dos à nerfs ornés à la grotesque, triple filet doré encadrant

les plats, grand chiffre “RAV” couronné doré dans les angles et au centre, coupes et bordures

intérieures décorées, tranches dorées

(reliure de l’époque)

.

Édition définitive de

L’Astrée

, un des plus grands romans français.

Il s’agit de la dernière édition complète publiée au XVII

e

siècle. Les frais d’impression furent partagés

entre Toussaint Quinet, Augustin Courbé et Antoine de Sommaville : les titres des cinq volumes de

cet exemplaire portent la seule adresse de ce dernier. Les volumes portent les dédicaces successives

en tête des différents volumes, la dédicace à Henri IV, l’épître à Louis XIII et les deux dédicaces

de Balthazar Baro : la première à Marie de Médicis (tome IV), la seconde à Ambroise Spinola,

commandant des armées espagnoles en Hollande (tome V).

Les trois premières parties virent le jour entre 1607 et 1619. La quatrième partie fut éditée en 1625,

l’année même de la mort de l’auteur. La cinquième partie, en 1628, fut mise en œuvre par les soins

de son secrétaire. La première édition collective sortit des presses en 1631.

Le succès de l’ouvrage fut immense : on se l’arrachait dans les cours d’Europe et à la ville ; Boileau,

La Fontaine et Molière le lurent dans leur jeune âge, et Jean-Jacques Rousseau n’a jamais caché

l’influence que le grand roman pastoral et précieux d’Honoré d’Urfé avait exercée sur lui.

L’Astrée

, terre natale des poètes.

“Dans

L’Astrée

, dédiée à Henri IV et dont le Vert Galant s’était délecté, l’éveil de la connaissance

amoureuse, dans des paysages de hautes herbes, de futaies et de cours d’eau, s’accompagnait pour

les jeunes lecteurs et lectrices du XVII

e

siècle les plus précoces et doués, d’une découverte de leur

propre langue, de ses ressources de trahison et de loyauté. L’Arcadie forézienne de d’Urfé pouvait se

transposer en Champagne, comme en Bretagne et même en Ile-de-France, elle favorisait la traduction

en expérience intime française des

Bucoliques

de Virgile, des

Métamorphoses

d’Ovide, des élégies latines,

bref, de l’imaginaire antique étudié en même temps au collège” (Marc Fumaroli).

Remarquable illustration de Daniel Rabel (1578-1637), gravée sur cuivre par Michel Lasne.

Les 74 planches, comprises dans la pagination, comportent : 1 frontispice répété en tête de chaque

tome, 1 portrait de l’Astrée répété cinq fois, 1 portrait de l’auteur répété trois fois, 1 portrait de

Balthazar Baro et 60 belles figures.

“Il y a de la grâce et du charme dans les petits tableaux de genre... Il paraît tout naturel que les

meilleures gravures du livre soient celles où, autour d’alcôves de style Louis XIII, parade le monde des

ruelles. (…) Rabel était le dessinateur officiel des Ballets du Roi. (…) Il a dû reproduire de préférence

ce qu’il avait sous les yeux. Aussi est-on autorisé à se demander si tout est fiction dans ce décor

architectural” (Jeanne Duportal).