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Avant de rencontrer l'écrivain, Alexandrine a vécu un drame secret, récemment révélé par Evelyne

Bloch-Dano : le 11 mars 1859, en effet, elle a abandonné une petite fille de quatre jours aux

Enfants-Trouvés. L'héroïne de

Madeleine Férat

(1868), qui oublie “la honte de son passé” grâce à

son mariage, doit sans doute beaucoup à cet épisode douloureux. La stérilité ultérieure de Mme

Zola conféra une dimension plus tragique encore à cet abandon. Lorsque les époux cherchèrent à

retrouver l'enfant, en 1877, ils découvrirent qu'elle était morte à l'âge de trois semaines, victime

sans doute de la négligence d'une nourrice. Cette blessure cachée ne se referma jamais : Angélique,

l'enfant abandonnée du

Rêve

, la stérilité de sa mère adoptive et les pages terribles qui décrivent

l'avortement et l'infanticide dans

Fécondité

en témoignèrent bien des années plus tard.

Durant toute l'épreuve de l'affaire Dreyfus, Alexandrine se révéla d'un courage extraordinaire.

Pendant l'exil de son mari en Angleterre, elle assuma seule le combat en France. En butte aux

insultes et aux menaces de mort, elle affronta la vente aux enchères de son mobilier et dut gérer

les problèmes éditoriaux. Elle accepta même de s'effacer devant la maîtresse de son mari, Jeanne

Rozerot, et leurs enfants qui rejoignirent plusieurs fois le romancier en Angleterre.

L'écrivain revint en France après l'annulation de sa condamnation par la Cour de cassation,

le 3 juin 1899 : il n'avait alors qu'un peu plus de deux ans à vivre. Il est mort par asphyxie, en raison

d'un conduit de cheminée bouché, dans la nuit du 28 septembre 1902 : Alexandrine, elle, survécut.

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