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HÖLDERLIN, Friedrich.

Hyperion.

Oder der Eremit in Griechenland.

Tübingen, J. G. Cotta, 1797-1799.

2 volumes petit in-8 de 160 et 124 pp. : brochés, couvertures modernes de papier gris, entièrement

non rognés : étui de demi-chagrin noir.

Édition originale, tirée à petit nombre.

Très rare exemplaire complet des deux volumes parus à deux ans d'intervalle et dans deux

formats légèrement différents.

Hyperion

représente le premier projet littéraire d'envergure de Friedrich Hölderlin. Schiller en donna

un fragment dans sa revue

Thalia

en 1794, avant de convaincre l'éditeur Cotta de le publier dans son

intégralité.

Roman épistolaire, lyrique et expérimental,

Hyperion

retrace le parcours d'un jeune Grec qui,

abandonnant une existence en harmonie avec la nature, s'engage en 1770 dans la guerre de libération

contre les Ottomans. Confronté à l'horreur du conflit, défait, Hyperion trouve refuge en Allemagne :

le répit espéré se dérobe, le pays d'accueil se révélant aussi barbare.

Retiré finalement dans une île grecque, où il mène une vie d'ermite, il parvient à retrouver la paix

et, de sa retraite, adresse à un ami allemand, Bellarmin, une série de lettres qui forme le roman

initiatique.

Le récit fait écho à la vie tragique de Friedrich Hölderlin (1770-1843), au cours de laquelle se

succédèrent échecs et déceptions. Le poète, qui rêvait d'une Allemagne libérée du despotisme, suivit

avec enthousiasme les débuts de la Révolution en France, avant que le règne de la Terreur brise ses

espoirs. Sur le plan personnel, Suzette Gontard en qui il avait trouvé l'incarnation de l'idéal féminin

lui demeura inaccessible (elle devait disparaître prématurément en 1802) – comme la Diotima

d'Hyperion est emportée lors du conflit.

La vie littéraire ne se montra guère plus favorable : son écriture, trop en avance sur son temps, se

heurta à l'incompréhension des lecteurs et, en dehors de quelques poèmes publiés çà et là dans des

almanachs ou des traductions de Sophocle,

Hyperion

fut la seule œuvre publiée de son aveu durant son

existence. (Un recueil de

Gedichte

parut en 1826, mais sans son autorisation).

Tiré à petit nombre,

Hyperion

parut dans l'indifférence générale, uniquement salué par la poignée

d'amis du poète.

Célébré aujourd'hui comme le “poète des poètes” et même le “poète des philosophes”, Friedrich

Hölderlin passa les 36 dernières années de sa vie reclus dans la folie – que certains jugèrent feinte.

Bel exemplaire conservé à toutes marges.

Les exemplaires d’

Hyperion

complets des deux parties sont d’une rareté proverbiale.

Quelques rousseurs, un peu plus nombreuses et prononcées au tome II.

Seebass,

Hölderlin-Bibliographie

, 11.- Villepin,

Éloge des voleurs de feu

, 2003, p. 89 : “La recherche d'un syncrétisme entre la religion

chrétienne et la présence des dieux antiques se confond dans ce roman poétique avec la quête du nationalisme. Mais, derrière la figure

aimée de Diotima, la déception se dissimule : aucune nation n'est plus digne de la présence des dieux. Aucun homme ne perçoit la

parole étrangère dans sa bouche. L'enthousiasme est flétri. La folie des derniers poèmes de Hölderlin se nourrit de cette conscience

d'une impasse.”

30 000 / 50 000 €

Le roman de

l'idéalisme

allemand