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[LACLOS, Pierre Choderlos de].

Les Liaisons dangereuses,

ou Lettres recueillies dans une Société, & publiées pour

l’instruction de quelques autres.

Amsterdam et Paris, Durand Neveu, 1782.

4 volumes in-12 : veau fauve marbré, dos lisses ornés, pièces de titre et de tomaison de maroquin

rouge et vert, coupes filetées or, tranches rouges

(reliure de l’époque).

Véritable édition originale.

Le roman suscita un succès de scandale mais aussi éditorial sans précédent : pas moins de

16 éditions différentes parurent avec le millésime 1782, dont Max Brun a depuis longtemps établi

l’ordre chronologique de parution. Cet exemplaire, de l’édition dite “A” par le bibliographe, est

conforme à la minutieuse liste de critères établissant son antériorité.

Peut-être le plus beau livre des Lumières et l’un des chefs-d’œuvre littéraires de la langue française.

Roman épistolaire “scandaleux” rédigé en garnison par un capitaine d’artillerie,

Les Liaisons dangereuses

connurent dès leur publication un succès égal à celui de

La Nouvelle Héloïse

vingt ans plus tôt.

“Bible du libertinage pour certains, le livre s’impose comme un des romans les plus abstraits et

les plus intelligents. L’idéologue en Laclos est fasciné par les mécanismes de l’intelligence et de la

volonté qu’il n’aperçoit jamais mieux à l’œuvre que chez ces méchants parfaitement polis, fleurs

vénéneuses de la société raffinée et décadente de l’Ancien Régime finissant. Aussi l’audace des

Liaisons dangereuses

ne consiste-t-elle ni dans la débauche facile au langage cru, ni dans la perversité

au premier degré ou la jouissance de faire le mal propre à Sade, mais dans l’art de le dire ou plutôt

de l’écrire pour un connaisseur admiratif et un peu vexé, placé en position de voyeur comme le

lecteur. L’artilleur a combiné la balistique de ces lettres qui visent au cœur, l’artiste, agencé les

entrecroisements d’une savante polyphonie (…). Ce libertinage d’esprit trouve son antidote et sa

défaite dans la tendresse déjà stendhalienne de la présidente, sœur de Julie d’Etange et de Marie-

Soulange. Ce roman libertin est aussi un roman d’amour où l’on meurt d’amour” (Laurent Versini).

Exemplaire exceptionnel, très joliment relié à l’époque en quatre volumes.

L’édition originale des

Liaisons dangereuses

a été publiée en quatre volumes, mais la plupart des

relieurs à qui l’ouvrage fut confié l’établirent en deux volumes assez forts. A propos de l’exemplaire

du cabinet de Pierre Berès, également relié à l’époque en quatre volumes, mais en demi-veau,

Jean-Marc Chatelain note qu’il “conserve le roman de Laclos tel qu’il parut au moment où il faisait

événement et tel que l’habitude d’en relier les quatre parties en deux volumes en a presque fait

oublier l’aspect originel, celui que décrivaient les

Mémoires secrets

de Bachaumont en 1782 :

Le livre à la

mode aujourd’hui, c’est-à-dire celui qui fait la matière des conversations, est un roman intitulé Les Liaisons dangereuses,

en quatre petits volumes.”

De fait, les exemplaires reliés en quatre volumes sont plus élégants, mais aussi infiniment plus rares :

ils dénotent le goût bibliophilique du premier possesseur.

Les reliures ont été habilement reprises par endroits, notamment aux coiffes.

Max Brun,

Contribution bibliographique à l’étude des éditions des Liaisons dangereuses portant le millésime 1782

, in

Bulletin du

bibliophile

, 1958, p. 57 à 62.-

En français dans le texte

, Paris, 1990, nº 174 : notice de Laurent Versini.- Bibliothèque nationale de

France,

Lumières !

, nº 142.- Chatelain,

Livres du Cabinet de Pierre Berès

, 2003, nº 25.

40 000 / 60 000 €

“Ce livre,

s’il brûle,

ne peut

brûler

qu’à la

manière

de la glace”

Baudelaire