Background Image
Previous Page  120 / 476 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 120 / 476 Next Page
Page Background

42

GOLDONI, Carlo.

Pamela,

comédie en prose : représentée à Mantoue en 1750. Traduite en françois par D.B.D.V.

[de Bonnel du Valguier].

Paris, Antoine-Urbain Coutelier, 1759.

In-8, maroquin rouge, dos lisse orné, pièce de titre de maroquin olive, large dentelle dorée

encadrant les plats avec quatre petites réserves ovales dans les angles ornées de pièces d’armes

dorées, filet sur les coupes, bordures intérieures décorées, tranches dorées sur marbrures

(reliure de l’époque).

Édition originale de la traduction française.

Adaptée du célèbre roman épistolaire de Samuel Richardson paru dix ans plus tôt, la

Pamela

italienne fut représentée pour la première fois en 1750. Elle devait marquer une date dans l’histoire

du théâtre vénitien : ce fut en effet la première pièce écrite sans l’aide du dialecte et, surtout,

la première représentation où les acteurs, délaissant les masques, jouèrent à visage découvert,

annonçant ainsi l’ère de la comédie réaliste et sociale.

Cette pièce habile, avec laquelle Goldoni se mesurait au répertoire international, fut traduite en

anglais en 1756. Une suite,

Pamela maritata

, vit le jour en 1759. En 1760, un livret de Goldoni tiré

de la première

Pamela

fut mis en musique par Niccolò Piccinni sous le titre de

La Buona Figliuola

.

Fille de paysans, Pamela Andrews tombe des bras d’un jeune libertin sans scrupules dans les griffes

d’une entremetteuse. Fille de tête, elle se défend et ses larmes finissent par avoir raison de son

amant persécuteur qui reconnaît ses mérites et l’épouse enfin. Dans sa pièce, Goldoni renverse le

thème social : Pamela y devient une servante qui, au dernier acte, se révèle être la fille d’un noble

proscrit. En préface, le traducteur loue Goldoni d’avoir débarrassé le roman de Richardson de

ses aspects parfois peu vraisemblables, conférant ainsi à l’action vérité et sentiment : “L’air de

nouveauté, que Goldoni a su donner à Pamela, est donc ce qui m’a engagé à en faire la traduction.”

Premier roman de mœurs bourgeoises et prototype du récit épistolaire,

Pamela or Virtue Rewarded

fut un extraordinaire succès de librairie : il exerça une influence marquée sur la littérature

européenne, notamment sur Diderot qui, après avoir composé un

Eloge de Richardson

, déclarait dans

Jacques le fataliste

: “Je n’aime pas les romans, à moins que ce ne soient ceux de Richardson.”

Précieux exemplaire de dédicace sur grand papier de Hollande, relié en maroquin

aux armes de Marie-Fortunée d’Este, comtesse de la Marche et princesse de Conti.

Fille de François-Marie, duc de Modène – que Goldoni avait rencontré au cours de ses

pérégrinations italiennes et qu’il évoque dans ses

Mémoires

–, et de Charlotte-Aglaé d’Orléans,

Marie-Fortunée d’Este (Modène, 1731 - Venise, 1803) épousa en 1759, année de la publication

de cette

Pamela

, le dernier prince de Conti, Louis-François-Joseph de Bourbon, d’abord comte

de La Marche, gouverneur du Berry. Princesse du sang, elle mena une vie discrète et mourut

en exil, après avoir fui la Révolution.

Très bel exemplaire en maroquin à dentelle de l’époque.

Petite restauration à la coiffe supérieure et au départ du premier mors. Tache sur le premier plat,

sans gravité, et petit défaut de papier au feuillet D ayant effacé la pagination.

Cioranescu, 12693.- Olivier, Hermal et Roton,

Manuel de l'amateur de reliures armoriées françaises,

pl. 2644, fer n° 1.

10 000 / 12 000 €