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[VOLTAIRE, François Marie Arouet, dit].
Candide, ou l’Optimisme,
traduit de l’allemand de Mr. le Docteur Ralph.
Sans lieu ni nom
[Genève, Cramer],
1759.
In-12 de 299 pp. : veau blond, dos lisse orné, armes dorées en pied, pièce de titre de maroquin
rouge, armes dorées au centre des plats, coupes filetées or, tranches rouges
(reliure de l’époque).
Véritable édition originale.
Elle a été imprimée clandestinement sur les presses genevoises des frères Cramer, les éditeurs
habituels de Voltaire, en janvier 1759.
On a relié à la suite la prétendue “Seconde partie” de
Candide
, publiée anonymement en 1761,
mais attribuée à Thory de Champigneulles.
Le plus célèbre conte philosophique de Voltaire et l’un des livres clés des Lumières.
“Cette histoire, qui n’est pas un roman, a valeur de parabole. Les catastrophes défilent, narguant
la logomachie du “tout est pour le mieux” ressassée par Pangloss. Mais Martin, pessimiste intégral,
a tort aussi. Le problème du bonheur comporte une solution. Non celle du beau et misérable
château westphalien, d’où Candide est chassé au chapitre premier : paradis tôt perdu des amours
enfantines. Non plus l’Eldorado, ironique utopie. Mais le jardin de la conclusion. Les principaux
personnages, au dénouement, se trouvent rassemblés dans la “petite métairie” achetée par Candide.
Ils y travaillent ferme (sauf Pangloss, bavard incorrigible). Ce qui écarte “ennui, vice, besoin”.
A la faveur d’une vie communautaire bon enfant, ils savent jouir sagement du modeste bonheur
compatible avec la condition humaine” (René Pomeau).
L’ouvrage connut un succès considérable et européen : “
Candide
surgit d’un peu partout, déroutant
censures et répressions”, écrit joliment René Pomeau. On dénombre 16 éditions à la date de 1759.
L’ouvrage fut évidemment interdit et censuré.
Exemplaire exceptionnel relié à l’époque pour Louis-Antoine Crozat,
avec ses armes dorées sur les plats et en pied du dos.
Cet amateur était le fils d’Antoine Crozat, marquis du Châtel (1655-1738), l’un des quarante
fermiers généraux et le premier propriétaire privé de la Louisiane. Frère cadet du célèbre
bibliophile Joseph-Antoine Crozat, marquis de Tugny (1699-1750), Louis-Antoine, marquis
de Moy, baron de Thiers et de Chagny (1700-1770), fut comme lui – et comme leur oncle
Pierre Crozat – un des grands collectionneurs d’art de leur temps. (Voir Olivier, Hermal et Roton,
Manuel de l'amateur de reliures armoriées françaises
, planche 189.)
Condition exceptionnelle, sinon unique.
C’est le seul exemplaire connu de la véritable édition originale de
Candide
en reliure armoriée
strictement contemporaine. La provenance d’un membre de l’une des plus célèbres familles
d’amateurs du XVIII
e
siècle le rend plus désirable encore.
L’exemplaire a ensuite appartenu à quelques bibliothèques fameuses dont il porte les ex-libris :
Jean de Tinan, Eugène Richtenberger
puis
Anatole France
(cat. 1939, nº 123). L’exemplaire aurait également
appartenu à
Jean Lanssade
. Acquis privément, il ne figure pas dans le catalogue de la vente de la
bibliothèque de ce dernier.